«Avant, j'admirais Elon Musk»
Les opinions politiques du PDG de Tesla mettent les conducteurs suisses face à un dilemme

L'engagement politique d'Elon Musk a fait chuter sa propre entreprise. Alors que les ventes de Tesla sont en baisse en Suisse, les conducteurs sont mitigés: s'ils critiquent le PDG, ils apprécient leur voiture.
Publié: 16.03.2025 à 14:52 heures
|
Dernière mise à jour: 16.03.2025 à 15:25 heures
1/7
Tanja Bitterli n'est pas une fan d'Elon Musk, mais elle aime sa Tesla.
Photo: Siggi Bucher
1/7
Tanja Bitterli n'est pas une fan d'Elon Musk, mais elle aime sa Tesla.
Photo: Siggi Bucher
RMS_Portrait_AUTOR_252.JPG
SB771913_go-2.JPG
Sara Belgeri et Siggi Bucher

La station Tesla «Supercharger» située à Wallisellen, près de Zurich, est un peu cachée entre un centre commercial et une station-service. Une bonne douzaine de véhicules électriques rechargent leur batterie. Tanja Bitterli sort d'une Tesla Model 3 de couleur blanche, qu'elle conduit depuis deux ans. «Avant, j'admirais Elon Musk» pour «son esprit d'entrepreneur» et «ses visions pionnières dans le domaine de l'aérospatiale et l'électrique», avoue la femme.

Mais cela semble être de l'histoire ancienne. «Je voulais m'acheter l'autocollant 'I bought this before Elon went crazy' (je l'ai achetée avant qu'Elon ne devienne fou)», plaisante cette éducatrice sociale. Ce slogan devenu viral auprès des conducteurs Tesla vise à marquer leur désaccord avec les opinions politiques du PDG et copropriétaire de Tesla. Un malaise que ressent aussi Tanja Bitterli depuis l'implication d'Elon Musk dans le gouvernement Trump. Parfois, on lui demande même si elle compte vendre sa voiture au vu de la situation. 

Trump fait de la promotion pour Tesla

Depuis qu'Elon Musk travaille pour le président américain, sa marque en pâtit. Des Tesla et des stations de recharge ont été incendiées aux quatre coins du monde, tandis que plusieurs manifestations ont eu lieu devant les succursales du concessionnaire automobile aux Etats-Unis. «Brûlez une Tesla: sauvez la démocratie», affichaient notamment les banderoles.

En début de semaine, l'action Tesla a chuté temporairement de 15%. Donald Trump et Elon Musk ont alors réagi en organisant une grosse action publicitaire devant la Maison Blanche: plusieurs véhicules Tesla ont été présentés et le président a annoncé vouloir en acheter une, en guise de soutien à son nouveau conseiller. «Montez, patriotes. Nous avons un pays à sauver. Elon Musk aide le président Trump à choisir sa nouvelle Tesla», écrivait sur X la Maison Blanche. 

La demande en baisse

En Suisse aussi, l'animosité envers le milliardaire se fait de plus en plus ressentir. Rachid est en train de recharger sa Tesla dans la station de Wallisellen. Ce chauffeur Uber explique qu'un client lui a récemment demandé ce qu'il pensait d'Elon Musk. «J'ai répondu que j'aimais ses voitures, mais que je ne me préoccupais pas trop de sa politique.» Depuis quelques mois, il est l'heureux propriétaire d'une Tesla 3. «C'est une bonne voiture»: sûre, efficace sur le plan énergétique, fiable.

Une opinion loin d'être partagée par les automobilistes suisses. Pour preuve, les ventes de Tesla ont massivement chuté dans le pays, en témoignent les chiffres de l'association professionnelle Auto Suisse. En janvier 2025, Tesla a enregistré une baisse de 26,6% par rapport à l'année précédente, tandis qu'en février les ventes se sont effondrées de 66,6%. Par ailleurs, une évaluation d'AutoScout24 montre que les Teslas d'occasion ont plus de peine à être vendues: elles restent nettement plus longtemps sur la plateforme qu'il y a une année. Et bien que les Teslas perdent moins de valeur que les autres voitures électriques, la demande est en baisse. Après des ventes records en août 2024, la société a fait une grosse chute en février.

Une situation qui préoccupe Max et Lieselotte. Ces deux habitants de la commune zurichoise de Neerach ont peur de ne pas réussir à vendre leur Tesla. Leur S 60 noire, l'un des premiers modèles sur le marché, a maintenant onze ans, avec 180'000 kilomètres au compteur: «Et la batterie a aussi perdu de son efficacité», explique Max.

Entre-temps, la bruine a commencé à tomber à Wallisellen. Pendant qu'ils attendent le chargement de leur Tesla, les propriétaires s'installent confortablement à l'intérieur. Certains se plongent dans un livre, d'autres passent le temps sur leur iPad. Le chargement dure un peu plus d'une heure – les Tesla plus récentes ont besoin de moins de temps.

«J'aime ma voiture»

Interrogé sur Elon Musk, Max n'hésite pas un instant: «C'est un crétin». Mais il ne souhaite pas vendre son véhicule pour autant. «Les Tesla restent les meilleures voitures électriques. Les autres voitures ne peuvent tout simplement pas les égaler.»

Vendre sa voiture pour des raisons politiques? «Pour l'amour du ciel, non. Je suis un conducteur passionné de Tesla», déclare Jad, dont la voiture est garée quelques bornes de recharge plus loin. Pour lui, rien n'a vraiment changé depuis que Donald Trump est redevenu président. «Mais je pense que les gens pensent différemnt des conducteurs de Tesla à cause d'Elon Musk.» Son attachement à la marque a aussi des raisons familiales: son frère travaille dans l'usine Tesla près de Berlin, où il fait partie du comité d'entreprise et est entièrement satisfait.

Tanja Bitterli a fini de charger sa voiture. Malgré son aversion pour Elon Musk, elle ne souhaite pas renoncer à sa Tesla, et serait même prête à en acheter une autre. Car elle remplit tous les critères: bonne sensation de conduite, design, confort et prix. «J'adore ma voiture, j'ai l'impression d'être dans un avion.» 

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la