Les automobilistes suisses se détournent toujours plus de Tesla. En janvier déjà, les ventes ont chuté drastiquement: tout juste 240 voitures électriques issues des usines d'Elon Musk, le fondateur de Tesla, ont été immatriculées: une baisse de 26,6%.
Et la situation continue de s'aggraver. En février, les ventes ont même chuté de 66,6%. Le constructeur américain de voitures électriques n'a vendu que 335 voitures neuves, selon les chiffres d'Auto Suisse. L'année précédente, elles étaient 1003.
Elon Musk, un élément perturbateur
Plusieurs facteurs expliquent cette baisse. D’une part, Tesla est engagé dans plusieurs projets d’envergure. D’autre part, la concurrence a rattrapé son retard, notamment les constructeurs chinois qui inondent le marché mondial de voitures électriques. De plus, la marque dispose de peu de nouveaux modèles à proposer. Un rafraîchissement du Model Y est prévu au printemps, mais cela suffira-t-il?
Le principal problème semble toutefois être Elon Musk lui-même. Le fondateur de Tesla apparaît de plus en plus comme un poids pour son entreprise. Parviendra-t-il à redresser la situation? Ou est-il en train de précipiter Tesla dans l’impasse en raison de sa proximité avec Donald Trump et de ses prises de position politiques controversées?
Il ne partira pas
«Après le recul dramatique des chiffres de vente, surtout en Europe, la direction de Tesla devrait tirer la sonnette d'alarme», estime Bernhard Bauhofer, expert en réputation. Selon lui, le «comportement autoritaire et imprévisible» d'Elon Musk devient un sérieux handicap pour l’entreprise. «Aujourd’hui, conduire une Tesla est presque perçu comme une tare, précise-t-il. De nombreux conducteurs de Tesla ne veulent pas être associés à l'attitude de Musk. Et les personnes plutôt conservatrices conduisent des voitures à essence.» Une situation qui pèse lourdement sur les ventes.
Bernhard Bauhofer doute cependant qu'Elon Musk envisage un retrait, malgré la chute des performances de Tesla. «Cela ne correspond pas à sa personnalité. Seule une pression massive des actionnaires et des instances de surveillance pourrait le contraindre à se modérer, voire à quitter l’entreprise», estime l'expert. Une hypothèse qu’il juge toutefois peu probable. «Elon Musk ne se considère pas seulement comme un révolutionnaire économique, mais comme un acteur clé de la politique mondiale. Il pourrait même se voir comme le sauveur du monde.»
Elon Musk s'ennuie
Elon Musk ne renoncera pas à son engagement politique, car cela reviendrait à admettre un échec. «Au contraire, il cherchera à accroître son influence à l’échelle mondiale», analyse Bernhard Bauhofer.
Selon certaines rumeurs, Elon Musk aurait même perdu tout intérêt pour Tesla. «Il est possible que la marque, déjà vieillissante, l’ennuie et qu’il aspire à de nouveaux défis révolutionnaires, comme la colonisation de Mars», conclut l'expert.