Les marchés chamboulés
Les investisseurs pensaient conclure des affaires juteuses sous Trump, sauf qu'ils perdent des milliards

La guerre commerciale de Trump éclipse les évolutions positives et suscite l'incertitude chez les investisseurs. De nombreux «Trump Trades» ont perdu de la valeur cette année. Tesla et la crypto sont particulièrement touchées.
Publié: 02.03.2025 à 15:10 heures
1/2
A Wall Street, la joie était immense après l'élection de Trump en novembre.
Photo: AFP
RMS_Portrait_AUTOR_1108.JPG
Gabriel Knupfer

La jubilation boursière a été immense lorsque Donald Trump a emporté l'élection présidentielle, en novembre. Les investisseurs ont misé sur le fait que le nouveau président allait baisser les impôts et réduire les réglementations. La «Trump Trade» a rapidement vu le jour, l'idée étant d'acheter des actions et d'autres placements boursiers qui pourraient profiter de la présidence Trump. 

Mais entre-temps, la guerre commerciale déclenchée par le nouveau président des Etats-Unis a éclipsé les évolutions positives. Les nouveaux droits de douane et les menaces continuent de semer l'incertitude sur le marché. L'euphorie n'est plus à l'ordre du jour... 

1

Pertes pour les entreprises de la tech

Les grands groupes de la tech ont été les grands gagnants de l'élection. Avec Donald Trump, la hausse des impôts sur les sociétés que Kamala Harris voulait imposer est passée à la trappe pour Microsoft, Apple et Alphabet. Mais cette année, les trois entreprises sont désormais passées dans le camp des perdants: Microsoft a perdu 6%, Apple 3% et Alphabet plus de 10%. La raison principale? Le coup de massue infligé par l'entreprise chinoise d'intelligence artificielle (IA), Deepseek. Le succès des Chinois a effrayé la scène technologique américaine, qui a investi des milliards dans le développement de l'IA. 

L'indice américain Nasdaq se porte donc très mal, avec 4% perdu depuis le début de l'année. A titre de comparaison, le SMI suisse a progressé de 11% sur la même période, et l'indice directeur allemand Dax a augmenté de 12%.

2

Les rêves de bitcoin envolés

Le bitcoin a connu une hausse particulièrement forte en novembre 2024. Le 20 janvier, jour de l'investiture de Trump, il a atteint un record absolu de plus de 109'000 dollars. Mais depuis, c'est la dégringolade! Désormais, la principale crypto-monnaie vaut autour des 80'000 dollars.

Certes, Donald Trump a placé des partisans de la crypto à des postes de surveillance importants. Mais sa guerre commerciale pourrait faire grimper les prix aux Etats-Unis et entraîner une hausse des taux d'intérêt. Et cela engendrerait des conséquences néfastes pour les placements risqués, comme le bitcoin. De plus, d'autres cryptomonnaies comme l'éther (-36%) ont encore plus perdu que le bitcoin (-13%) cette année.

3

Tesla et Trump Media dans le dur

Le patron de Tesla, Elon Musk, était un important donateur de la campagne électorale de Trump, avec plus de 200 millions de dollars injectés. Beaucoup s'attendaient à ce que sa proximité avec le président profite à son entreprise de voitures électriques, Tesla. Mais il en a été autrement: les Européens – en particulier – se sont détournés de Tesla, notamment à cause des prises de parole extrémistes de Musk. Les ventes en Europe ont chuté de 45% par rapport à l'année précédente. L'action de l'entreprise a perdu 26% cette année.

Le président a lui-même enregistré des pertes: son groupe Trump Media a déjà perdu 30% cette année. Car la plupart des investisseurs estiment qu'il s'agit d'une simple «machine à fric» pour le président, et non d'un investissement sérieux. Trump Media, avec la plateforme Truth Social, ne réalise que 3,6 millions de dollars de chiffre d'affaires pour des pertes estimées à plus de 400 millions de dollars.

4

Les banques et le pétrole se sauvent

Pas tout le monde est sorti perdant. Les grandes banques comme JP Morgan, Bank of America et Wells Fargo comptaient, sous Trump, sur davantage d'investissements sur le marché intérieur, moins de réglementation et des baisses d'impôts. De fait, JP Morgan (+8%) et Wells Fargo (+9%) ont nettement progressé cette année. Bank of America fait en revanche du surplace.

Avec son slogan «Drill, Baby, Drill», le président affirme sa volonté d'extraire autant de pétrole et de gaz que possible. Les perspectives pour les entreprises pétrolières sont donc bonnes. Pour preuve, Chevron a progressé de 7% depuis le début de l'année. Mais à prendre en garde: si les prix du pétrole baissent trop en raison d'une surproduction, les forages deviendront moins intéressants. Une guerre commerciale ferait donc chuter la demande et le prix du pétrole.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la