Peu avant son départ, Joe Biden a fait un sale coup à la Suisse. L'ancien président avait placé le pays sur liste grise, limitant ainsi son accès à l'intelligence artificielle (IA). Contrairement à l'Allemagne, l'Angleterre ou la France, la Suisse n'a plus d'accès illimité aux puces à hautes performances pour l'IA. La Suisse n'aura plus droit qu'à 50'000 puces par année.
Actuellement, un délai de grâce court encore. Les experts du secteur peuvent se prononcer sur les restrictions prévues jusqu'à la mi-mai. Ensuite, le gouvernement Trump décidera de leur mise en œuvre. C'est là que le président de Microsoft, Brad Smith, entre en jeu. Dans un article de blog, que le «Wall Street Journal» a relayé, le boss de Microsoft critique la décision de Joe Biden. Et s'adresse à Trump pour remédier à la situation.
Microsoft se bat pour la Suisse
Dans sa forme actuelle, la règle sape finalement deux priorités de l'administration Trump. A savoir, le fait de «renforcer la position de leader des Etats-Unis dans le domaine de l'IA et de réduire le déficit commercial de près de mille milliards de dollars des Etats-Unis», selon Brad Smith. Si Donald Trump ne revient pas sur la décision de Joe Biden, c'est la Chine qui pourra jubiler. C'est une porte ouverte qui lui permettra de diffuser sa propre technologie d'IA.
Brad Smith plaide ainsi en faveur de la Suisse. Il estime que ces restrictions empêchent les entreprises technologiques américaines d'établir des centres de données IA à l'étranger. «Cela inclut de nombreux amis américains comme la Suisse», affirme le président de Microsoft, avant de citer d'autres Etats concernés comme l'Inde ou Israël. «Ce sont des pays dans lesquels nous, et de nombreuses autres entreprises américaines, exploitons d'importants centres de données.»
Une décision surprenante
Brad Smith estime que si Trump s'en tient au statu quo, les conséquences seraient terribles: «Ces pays seront poussés à chercher ailleurs des infrastructures et des services d'IA. Si la règle reste inchangée, c'est la Chine, dont le secteur de l'IA est en pleine expansion, qui en profitera.»
Il est toutefois évident que Microsoft en tire un bénéfice personnel, et n'est pas un simple justicier au bon cœur. Ces restrictions à l'exportation n'impactent pas uniquement la Suisse, mais également les entreprises tech américaines. L'ancienne secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, a justifié les restrictions à la mi-janvier par le fait que les technologies pourraient être utilisées à mauvais escient par certains pays, pour des simulations nucléaires, le développement d'armes biologiques ou le renforcement de leur armée. Mais la raison pour laquelle la Suisse, qui n'est pas un ennemi militaire des Etats-Unis, fait partie des pays concernés n'est pas claire et surprend.
Guy Parmelin est sceptique
Fin janvier, le ministre de l'Economie Guy Parmelin a critiqué la décision de l'administration Biden dans une interview avec la «NZZ am Sonntag». «Cette répartition est difficile à comprendre», a déclaré le conseiller fédéral. Il estime que cet échange est en réalité gagnant-gagnant, car en recevant des puces, les EPF suisses peuvent produire d'importantes innovations, également utiles aux Américains. «Les Etats-Unis se tirent une balle dans le pied.»
Guy Parmelin a déclaré que la question de la classification faisait l'objet de discussions avec les Etats-Unis. Il souhaite que la Suisse réintègre le groupe de pays à accès illimité aux puces IA. Avec le président de Microsoft, le ministre suisse de l'Economie a désormais un soutien de taille.