Il ne suffit plus aujourd’hui de travailler dur et d’économiser pour pouvoir s’offrir sa propre maison. Dans les années à venir, l’écart se creusera encore: plus de 400’000 baby-boomers quitteront leur maison et la transmettront à leur descendance, dans la majorité des cas.
Mais devoir compter sur papa ou/et maman pour l’achat d’une maison n’est pas nouveau, comme le témoigne le récit de Claudia Gehrig, habitante d’Oberrohrdorf (AG). «Il y a 28 ans, mon mari Alois et moi avons fondé une famille. Nous nous sommes rapidement retrouvés à quatre. Ce n’est que grâce à mes parents que nous avons eu la possibilité de devenir propriétaires», explique-t-elle. Son père a acheté une petite maison de 4,5 pièces il y a 29 ans pour près de 500’000 francs.
«Je serai éternellement reconnaissante»
«Nous sommes d’abord restés dix ans en location, mes parents étaient encore propriétaires. Nous avons ensuite rénové la maison nous-mêmes, pas à pas, au fil des ans». Et ce ne sont pas moins de 100’000 francs, somme mise à disposition par son père, qui y sont passés. Il y a 18 ans, la maison a ensuite été transférée à Claudia Gehrig et sa famille. «Une avance d’hoirie classique, explique Claudia Gehrig. Ainsi, nous n’avons pas eu à amener un centime de fonds propres à la banque.»
L’infirmière de formation, dont le mari est électricien, se souvient: «Même à l’époque, alors que les prix de l’immobilier étaient encore modérés, nous n’aurions pas eu assez de fonds pour assurer le financement de la maison par nos propres moyens. Je serai éternellement reconnaissante à mon père de nous avoir accordé cette possibilité.»
Les héritages anticipés, comme dans le cas du couple Gehrig, sont monnaie courante. De nombreux parents ne sont pourtant pas conscients des difficultés que cela peut amener si la donation n’a pas été longuement réfléchie. Lorsqu’il y a plusieurs enfants et que tous les frères et sœurs ne reçoivent pas la même aide pour l’achat de la maison, les querelles d’héritage sont fréquentes.
Les enfants en profiteront-ils aussi?
Claudia Gehrig se projette déjà dans l’avenir. «Dans quelques années, nos enfants seront dans la même situation que nous à l’époque. Avec la différence que les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de plus du double de fonds propres que nous à l’époque pour acheter un bien immobilier.»
Le hic, c’est qu’ils ne sont actuellement pas encore en mesure d’accorder à leurs enfants une avance sur héritage aussi généreuse que celle qu’ils ont reçue autrefois. «En tant qu’artisans et soignants, nous ne pouvions pas épargner autant», explique Claudia Gehrig. De plus, leur fille vient de terminer ses études. «Elle n’a donc pas encore pu faire des économies. Mais j’ai bon espoir que nous trouvions une solution», conclut-elle.
(Adaptation par Lliana Doudot)