A l'ouverture de son courrier, Thomas*, 34 ans, n'en croit pas ses yeux. 20 francs, c'est le prix qu'il aurait dû débourser pour vérifier s'il avait été infecté par la malaria pendant son voyage en Tanzanie. Mais l'hôpital universitaire de Zurich (USZ) lui a facturé près de 1300 francs en plus des 200 francs pour les analyses de laboratoire, soit 75 fois plus que la somme attendue. «J'ai d'abord cru à une erreur qui pouvait être rapidement rectifiée, raconte le vacancier à Blick. Je me sens arnaqué.»
Posons le décor. Le lundi 25 mars, Thomas rentre de son voyage en Afrique. Deux jours plus tard, les premiers symptômes de la malaria apparaissent. Inquiet, le touriste appelle le prestataire de télémédecine de sa caisse maladie le jeudi matin, soit un jour avant Pâques. Le médecin lui conseille de se faire dépister le jour même. Son cabinet de médecin de famille, spécialisé dans les maladies tropicales, n'a pas le temps et l'oriente vers les urgences de l'hôpital de Zurich. Entre le 28 et le 30 mars, il devra y faire trois tests pour exclure la malaria. Quelques jours plus tard, l'addition salée est sur son bureau.
La caisse maladie ne compte pas investiguer davantage
Thomas n'arrive pas à croire ce qu'il voit. Il décide donc de calculer lui-même son décompte et de vérifier les prestations facturées. Il se demande lesquelles ont réellement été fournies ou étaient nécessaires pour le dépistage de la malaria et se tourne vers sa caisse-maladie. Mais celle-ci n'a pas l'intention de chercher plus loin: les factures du patient sont formellement irréprochables.
«Il est exact que les prestations légales obligatoires doivent être remboursées par l'assurance de base, pour autant que les conditions légales et tarifaires soient remplies», écrit le conseiller en prestations de la caisse-maladie à la demande du vacancier. D'après les mails dont Blick dispose, Thomas est alors redirigé directement vers l'hôpital de Zurich.
Dans un premier temps, l'hôpital ne réagit pas à sa demande. Après plusieurs relances et des menaces de rendre cette histoire publique, Thomas est considéré. Pas pour mettre les choses au clair, mais plutôt pour lui mettre la pression. D'après un protocole de réflexion vérifié et adapté transmis par Thomas à l'USZ, les responsables de l'hôpital le renvoient au service juridique.
Des clarifications «de longue haleine» à l'USZ
L'USZ certifie par ailleurs l'exactitude de la facture «dans ses éléments essentiels». Pour des clarifications plus précises, il est toutefois «nécessaire» de consulter l'équipe soignante, ce qui prend «beaucoup de temps» en raison du système d'équipes.
Interrogé, l'USZ répète ce qu'il a déjà précisé au patient: les tarifs des prestations ambulatoires sont régis par le Tarmed – l'USZ ne fixe pas lui-même les prix. «Selon l'anamnèse du patient, différentes prestations nécessaires sont fournies et facturées en conséquence», explique le porte-parole Moritz Suter. En principe, des erreurs peuvent aussi se produire à l'USZ lors d'une facturation. «Dans un tel cas, les patients ont la possibilité de s'adresser à l'instance de recours correspondante au sein du service financier. Les éventuelles erreurs sont corrigées en temps réel.» Dans le cas de Thomas, la vérification aurait montré que le décompte avait été effectué correctement.
«Chaque facture peut être totalement différente»
Mais tout le monde n'est pas de cet avis. «Le décompte contient de très nombreuses positions tarifaires et est difficilement compréhensible pour le patient», analyse l'association de caisses maladie Santésuisse interrogée par Blick. D'innombrables positions individuelles sont mentionnées sur trois jours différents. C'est tout à fait possible, la fourchette autorisée pour la facturation est très large. «Chaque facture peut être totalement différente pour un traitement plus ou moins identique.»
Santésuisse demande l'introduction de tarifs forfaitaires pour les traitements ambulatoires. La même prestation serait ainsi toujours remboursée de la même manière. Dans le décompte, on remarque en outre à quel point les analyses de laboratoire sont chères. L'exemple de Thomas montre que les prix doivent être rapidement corrigés à la baisse, car ils sont beaucoup plus avantageux à l'étranger.
Trois tests pour 1500 francs? Pas plausible
Interrogé à ce sujet, le Centre de médecine tropicale et de médecine des voyages de Bâle affirme lui aussi que le nombre de tests nécessaires peut varier et qu'il dépend de différents facteurs et des méthodes de test utilisées. Il en va de même pour les prix. Le fait que trois tests coûtent 1500 francs n'est toutefois guère plausible, car aucun test de laboratoire n'atteint à lui seul cette somme.
«Il n'est pas étonnant que la Suisse doive actuellement mener un débat sur la dérive des coûts de la santé», résume Thomas. Il veut utiliser son cas pour attirer l'attention sur ces dysfonctionnements et lutter pour plus de transparence dans le système de santé. Reste à savoir s'il apportera sa pierre à l'édifice. En tout cas, il sait désormais avec certitude qu'il n'a pas la malaria.
*Nom modifié