Le «jour de la liberté», celui où toutes les mesures anti-Covid doivent tomber, que demandent une partie des milieux économiques suisses — par l’exemple l’USAM ou GastroSuisse — va-t-il arriver prochainement?
Pas vraiment. Mais si l’on en croit le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset, dans une boutade, la population devrait cependant vivre plusieurs «journées de joie». La première d’entre elles pourrait avoir lieu dès mercredi, le Conseil fédéral devrait décider d’assouplissements dans la journée puis prendre la parole lors de la conférence de presse hebdomadaire. La prochaine grande étape devant suivre le 16 février.
La pression des milieux économiques porte ses fruits
Ce qui est certain, c’est que la pression des milieux économiques a porté ses fruits, notamment en ce qui concerne l’obligation de travailler à domicile. Il s’agit d’une des premières mesures qui devrait tomber. Dans le sérail politique et au sein du collège fédéral, l’UDC porte ce combat au front. Le ministre de l’économie Guy Parmelin fait pression depuis longtemps pour l’obligation du travail à domicile soit transformée en simple recommandation.
L’obligation du travail à domicile diminue la mobilité individuelle et donc la circulation du virus. Toutefois, la tendance est à la baisse et de moins en moins de personnes s’y conforment. De plus, les cantons voient d’un mauvais œil cette obligation, tout comme au sein du Conseil fédéral, où la pression des conseillers fédéraux bourgeois est en train de percer au sein du collège.
Suppression de la quarantaine?
Outre l’obligation du home office, la quarantaine de cinq jours serait également de l’histoire ancienne. Compte tenu de la forte circulation du virus, son effet est considéré comme minime. Les dommages causés à la société par les absences de personnel sont désormais considérés comme plus importants que l’avantage épidémiologique que permettent les quarantaines.
Lors de la dernière consultation, une petite majorité des cantons s’est déjà prononcée en faveur de la suppression totale des règles de quarantaine. La proportion devrait avoir passablement augmenté entre-temps.
Consultation avec plusieurs variantes
Avant de décider d’autres mesures, le Conseil fédéral doit recueillir l’avis des cantons. Alain Berset devrait lancer mercredi une nouvelle consultation, avec un calendrier à plusieurs variantes. L’éventail devrait être large.
La première consisterait en une ample levée des mesures anti-Covid encore en vigueur à la mi-février, y compris la suppression de l’obligation du port du masque. Les autres variantes impliquent un assouplissement en plusieurs étapes. L’obligation du certificat Covid, les limites d’invités pour les rencontres privées ou l’obligation de porter un masque seraient supprimées l’une après l’autre.
Si cette variante est acceptée, dans un premier temps, l’obligation du certificat Covid et la limite pour les rencontres privées seraient levées, explique-t-on à Berne, l’obligation de porter le masque dans les hautes écoles et universités devant suivre. La variante la plus prudente prévoit que l’obligation de porter le masque dans les transports publics serait maintenue le plus longtemps possible.
Puis viendra le 16 février. Le Conseil fédéral devrait se réunir à cette date pour sa première séance ordinaire après les vacances sportives. Le contenu des déclarations dépendra fortement de la situation sur le front du Covid à ce moment. On saura alors si le point culminant de la vague Omicron aura été atteint et si un renversement de tendance se dessine, souligne-t-on au Palais fédéral.
Une révélation peu collégiale
Alain Berset avait en fait déjà annoncé cet assouplissement à la fin de la semaine dernière, en marge d’une visite dans le canton d’Argovie, provoquant la surprise de ses collègues du Conseil fédéral. Au sein de l’administration fédérale, on explique cette révélation très peu collégiale par le fait que le ministre socialiste voulait marquer des points avec les «bonnes nouvelles».
Les deux conseillers fédéraux UDC en particulier auraient été quelque peu irrités par cette annonce. Alain Berset l’a faite bien avant que ses collègues du gouvernement n’aient déposé la moindre proposition sur la table.
Il n’y a toutefois pas de résistance contre les assouplissements prévus en matière de travail à domicile et de quarantaine. Et si la situation ne s’aggrave pas à nouveau, Alain Berset aura tout le plaisir de venir proposer l'étape suivante dans deux semaines.
(Adaptation par Alexandre Cudré)