Arrestation violente à Genève
Un policier condamné pour avoir frappé un dealer menotté et à terre

Deux agents du bout du Léman passaient ce mardi devant le Tribunal de police pour de présumés abus de pouvoir lors d’arrestations de dealers. L'un d'eux a été condamné pour un «penalty» envoyé à un suspect menotté, à terre et immobile.
Publié: 23.02.2022 à 16:57 heures
Deux policiers se sont succédé, mardi, face à la présidente du Tribunal de police, Sabina Mascotto (image d'illustration).
Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Deux jeunes policiers genevois se sont retrouvés sur le banc des accusés, ce mardi, pour des faits similaires. Ils se sont succédés face à la présidente du Tribunal de police Sabina Mascotto. Les deux cas ne sont pas liés, mais les motifs sont similaires: ils ont interpellé des dealers de façon jugée problématique, relate la «Tribune de Genève».

C’est le procureur général Olivier Jornot qui a sanctionné les deux agents pour abus d’autorité, écrivent nos confrères. Les arrestations pointées du doigt auraient été émaillées de violences. Mais, comme les policiers ont contesté leur ordonnance pénale, le dossier s’est retrouvé entre les mains du Tribunal de police.

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Des violences policières?

L’un des deux a visiblement bien fait de contester la version des faits retenue par Olivier Jornot. Que lui était-il reproché? Voici les éléments: un homme, interpellé à Bernex alors qu’il conditionnait des sachets d’héroïne avec deux comparses, a déposé une plainte contre l’agent ayant procédé à son arrestation. Celui-ci lui aurait porté des coups durant l’intervention, au point que son nez ait été cassé, prétend-t-il, rapport médical à l’appui.

Le policier incriminé conteste cette version. Il nie avec vigueur avoir frappé l’individu, qu’il aurait uniquement saisi par le bras avant de le plaquer au sol. En somme, il n’a fait que sa mission. «Il a peut-être mis la main devant son visage quand nous sommes tombés», a imaginé l’agent. Une ligne de défense qui a payé: Sabina Mascotto l’a finalement acquitté.

Trop d’incohérences ont traversé le discours de celui assure être victime de violences policières. «S’il ne peut être exclu que des coups aient été portés, le doute doit profiter à l’accusé», résume la «Tribune de Genève».

«Un penalty injustifié»

Le deuxième agent, quant à lui, a bel et bien été condamné à des jours-amende avec sursis pour abus d’autorité. Dans son cas, c’est à la lisière du parc de Geisendorf, au cœur de la cité de Calvin, que l’arrestation a mal tourné un après-midi de 2020. Une interpellation documentée, cette fois: une passante a filmé «l’usage de la force», alors qu’un suspect était menotté, à terre et immobile, rapporte le quotidien genevois.

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Les débats devaient répondre à cette question: le coup de pied envoyé par le policier était-il «un penalty inutile et injustifié», comme l’a estimé le Ministère public, après avoir visionné la vidéo? «J’ai été humilié, jamais je n’ai reçu de tels coups», a lancé à la juge l’homme visé. Il s’agissait d’un «balayage» au moment où l’interpellé «prend appui pour donner un coup de boule à un collègue», a tenté de justifier l’accusé.

Un scénario qui n’a pas convaincu. L’interprétation de la vidéo n’a pas évolué: le clip montre toujours «un coup de pied violent», «un dérapage», selon la juge. Le policier peut faire appel du jugement.

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