Il y a quelques jours, une mère et sa fillette ont chuté mortellement sur une pente raide sur le chemin de randonnée partant d’Äscher, en Appenzell. Mais ce drame n’était malheureusement pas le premier à se produire à cet endroit-là. A la mi-juillet, il avait été le théâtre de deux chutes mortelles, survenues en l’espace d’une heure mais sans lien entre elles. Une Allemande de 66 ans, qui se trouvait avec son mari, a d’abord perdu la vie, avant d’être suivie par un Bernois de 58 ans. Un mois plus tôt, une Bernoise de 75 ans était également tombée mortellement d’une paroi rocheuse dans les environs.
Mais malgré cette série de décès près de l'auberge de montagne mythique, le député au Grand Conseil du canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures et responsable des chemins de randonnée dans la région, Sepp Manser, ne voit pas la nécessité d’agir. «Les chemins correspondent aux directives et sont régulièrement contrôlés», répond-il à Blick.
Il estime que bloquer certains endroits ou interdire les tongs serait une bêtise. Pour lui, il ne s’agit que d’une accumulation tragique d’accidents mortels: les chemins ne seraient pas en cause. Certains se surestiment et sous-estiment la voie, assène le député. Le Conseil de district se réunira pourtant le 18 août pour discuter précisément de cela.
Il faut faire quelque chose
Pour Ruedi Spiess, expert en sentiers pédestres de Berne, c’est clair: il faut absolument faire quelque chose. Avant le double décès de ce lundi, il avait examiné l’itinéraire à la loupe pour CH Media. «Si des accidents se produisent aussi souvent, les randonneurs ne peuvent pas en être les seuls responsables. Il doit y avoir autre chose derrière», avait-il déclaré au quotidien suisse alémanique «St. Galler Tagblatt».
Et en effet, quelques sections doivent être réparées d’urgence, d'après son analyse. «L’usure du temps a nettement endommagé les constructions. En particulier sur un tronçon près d’un endroit où il y a une centaine de mètres de profondeur. Cela me fait froid dans le dos.» Auprès de Blick, l’expert réitère son appel. «Ces mesures peuvent sauver des gens», tonne-t-il. Le chemin en lui-même devrait être remis en état et sécurisé. En revanche, il ne pense pas qu’il soit judicieux d’interdire les tongs ou de bloquer des tronçons.
Des panneaux plus grands et de meilleure qualité
C’est également l’avis du guide de montagne Guido Rempfler. Celui-ci parcourt l’Alpstein depuis des décennies et est guide de montagne depuis près de 50 ans. «Ce ne sont pas les quelques excursionnistes en tongs qui posent problème. La plupart d’entre eux sont bien équipés», explique-t-il à Blick.
Mais les randonneurs sous-estiment toujours la difficulté du sentier. Des panneaux d’avertissement plus nombreux et plus clairs, comme pour le ski, pourraient les aider. Le guide explique à Blick: «Il y a aussi des pistes noires sur lesquelles tout le monde ne s’aventure pas. Quelque chose de similaire serait une idée pour l’Äscher. Noir uniquement pour les personnes expérimentées, rouge pour les pistes faciles.»
Il y a certes des panneaux, mais peu de gens les respectent, affirme-t-il: «C’est justement le week-end que des foules se promènent le long de l’Äscher sans faire attention aux panneaux indicateurs. Des marquages plus grands et plus clairs pourraient aider.» Guido Rempfler estime lui aussi qu’une fermeture serait une erreur. «On ne ferme pas non plus une piste noire de ski si quelqu’un y a un accident», appuie-t-il.
Possible aux USA, pas au pays de la responsabilité individuelle
Même si cinq personnes ont perdu la vie en peu de temps sur l’Äscher, la piste restera pour l’instant telle quelle, précise Bruno Huber, responsable du district de Schwende-Rüte. «Il n’est pas possible de prendre des mesures immédiates avec l’état actuel des connaissances, car les causes de l’accident sont jusqu’à présent inconnues», explique-t-il à Blick.
Selon lui, la multiplication des cas est exceptionnelle. «Les tronçons des chemins de randonnée de montagne n’ont pas changé par rapport aux années précédentes et sont facilement praticables pour les montagnards expérimentés, justifie-t-il. Le conseil de district examinera la situation et intégrera également les résultats de l’enquête du Parquet dans ses réflexions.»
Il estime que l’idée de placer une sorte de guetteur sur les lieux des accidents mortels n’est pas réalisable: «De telles solutions sont sans doute plus envisageables aux États-Unis. En Suisse, nous vivons la tradition de la liberté et de la responsabilité individuelle.»