Après ses critiques sur l'accord européen
Les représentants de l'économie incendient Pierre-Yves Maillard

Le chef des syndicats Pierre-Yves Maillard est sous le feu des critiques après avoir violemment attaqué l'accord européen et les employeurs. Son interview à Blick a déclenché de vives réactions. Les représentants de l'économie l'accusent de chantage politique.
Publié: 31.12.2024 à 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 31.12.2024 à 07:58 heures
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Peu avant Noël, la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à droite) s'est rendue à Berne pour sceller la fin des négociations avec la présidente de la Confédération Viola Amherd.
Photo: Keystone
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Sven Altermatt

Le patron des syndicats Pierre-Yves Maillard est sous le feu des critiques après son attaque frontale contre l'accord avec l'UE et les employeurs. Depuis plusieurs jours, l'interview du conseiller aux Etats socialiste dans Blick alimente les discussions. Les vives réactions émanent surtout du monde économique. On reproche à Pierre-Yves Maillard de faire du chantage politique, de déformer les faits et d'exagérer ses critiques.

Pierre-Yves Maillard n'est pas satisfait des valeurs de référence que le Conseil fédéral a négociées avec Bruxelles. Il a annoncé que l'accord avec l'UE serait combattu si la protection des salaires n'était pas améliorée en Suisse. «Le Conseil fédéral a sacrifié notre protection salariale!», a déclaré le chef de l'Union syndicale suisse. La plus grande charge, selon lui? «La réglementation des frais de l'UE que nous devons reprendre.»

Le syndicaliste domine le débat. Même en Allemagne, on prend note de ses déclarations: avec cette interview, il se profile «comme un critique déterminé du résultat des négociations», a fait remarquer le «Frankfurter Allgemeine Zeitung».

Les représentants de l'économie sont restés plutôt calmes avant Noël. Mais ils clament maintenant haut et fort leur désaccord avec Pierre-Yves Maillard. Blick a listé les déclarations les plus importantes.

Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem

La puissante association industrielle Swissmem est remontée. Le directeur Stefan Brupbacher a qualifié les exigences de Pierre-Yves Maillard de déconnectées de la réalité: «Monsieur Maillard pense qu'il peut nous faire chanter. C'est un rêveur.» Par l'intermédiaire de la «SonntagsZeitung», il a mis en garde le syndicaliste contre la grande dette qu'il contracterait s'il jouait trop gros: selon lui, le pari de Maillard engagerait «les emplois des Suissesses et des Suisses».

«Nous étions et sommes toujours prêts à trouver des solutions avec les syndicats, par exemple en ce qui concerne l'aménagement des contrôles salariaux, a déclaré Stefan Brupbacher. Mais Monsieur Maillard oublie les cadeaux politiques comme les salaires minimums généralisés ou une extension générale des conventions collectives de travail.»

En ce qui concerne la réglementation des frais, «nous sommes nous-mêmes critiques», a ajouté Stefan Brupbacher. Mais Pierre-Yves Maillard ferait «d'une mouche un éléphant». Seuls quelques branches et employés seraient concernés. De plus, selon le Conseil fédéral, cette règle n'est même pas appliquée dans l'UE. Le problème peut donc être résolu.

Le président des patrons, Severin Moser

Pierre-Yves Maillard ne veut-il pas secrètement d'un nouveau contrat? C'est l'hypothèse émise par Severin Moser, président de l'Union patronale suisse, dans une interview accordée au «Tages-Anzeiger». Soit il ne veut pas poursuivre les accords bilatéraux, soit il veut nous extorquer de grandes concessions, à nous les employeurs.» On ne sacrifiera cependant pas le marché du travail libéral en Suisse, appuie-t-il.

Severin Moser est d'accord avec les syndicats sur le fait qu'un salaire égal pour un travail égal au même endroit doit être appliqué. Mais cela pourrait être atteint par des réglementations suisses supplémentaires afin de mettre les entreprises nationales et étrangères sur un pied d'égalité.

Le président du PLR, Thierry Burkart

Le président du PLR, Thierry Burkart, est tranchant. Il accuse le patron de l'USS de mettre en jeu les intérêts du pays. «Pierre-Yves Maillard et son syndicat abusent du pouvoir de veto qu'ils ont sur les Bilatérales pour imposer de vieilles revendications syndicales de gauche qui sont hors sujet et sorties de la naphtaline, ainsi que pour torpiller le marché du travail libéral et le partenariat social», a déclaré le conseiller aux Etats dans une interview à la «Schweiz am Wochenende». Ce n'est pas dans l'intérêt du pays.»

Selon Thierry Burkart, Pierre-Yves Maillard s'est tellement engagé dans ses critiques contre l'accord de l'UE «qu'il ne peut presque plus revenir en arrière sans perdre la face».

Le président de l'UDC, Marcel Dettling

Ils sont tous deux sceptiques quant à l'accord avec l'UE. Mais les points communs s'arrêtent là: le président de l'UDC Marcel Dettling se méfie des syndicats et de Pierre-Yves Maillard. Il considère qu'ils ont été achetés pour qu'ils se tiennent tranquilles plus tard, a-t-il déclaré dans une interview à Blick. «Les syndicats jouent la comédie en sachant qu'ils obtiendront ensuite plus. Ils font monter les prix.»

Simon Michel, patron d'Ypsomed

Simon Michel, entrepreneur dans le domaine des technologies médicales, s'est montré un peu plus compréhensif. «Je comprends le mécontentement de Pierre-Yves Maillard, qui demande une garantie de protection des salaires. Les employeurs le veulent aussi», a-t-il déclaré à la «SonntagsZeitung«. La politique a ici un devoir à remplir, selon lui.

Le conseiller national PLR, qui siège au comité directeur d'Economiesuisse, ne veut toutefois pas accepter d'autres critiques. Les syndicats doivent faire attention à ne pas dépasser les bornes avec leur résistance, a mis en garde Simon Michel. «Ils mettent en jeu tous leurs acquis des 25 dernières années.»

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