Pour la première fois depuis le début de la pandémie de Covid-19, Swiss fait à nouveau des bénéfices. Grâce à une forte augmentation de la demande et à des restructurations, la compagnie aérienne a pu dégager un bénéfice d'exploitation de 67 millions de francs au premier semestre, malgré la hausse du prix du kérosène.
En revanche, la situation du personnel devrait donner des maux de tête à la direction: il y a quelques jours, les pilotes ont rejeté la nouvelle convention collective de travail proposée par Swiss. Près de 80% des pilotes ont voté contre. La compagnie avait résilié la dernière CCT début 2021, car elle ne résistait pas à la crise, à ses yeux.
Depuis, on se bat pour une nouvelle convention collective - sans succès jusqu'à présent. Les pilotes sont sans contrat depuis des mois. D'abord, Swiss a bloqué les négociations, maintenant c'est au personnel de camper sur ses positions. Pas de CCT signifie aussi pas d'obligation de paix. Contrairement au personnel de Swissport, également mécontent, où la CCT est encore en vigueur jusqu'à la fin de l'année, les pilotes pourraient se mettre en grève à tout moment.
Les pilotes allemands montrent l'exemple
L'association professionnelle du personnel des cockpits, Aeropers, estime que le nouveau projet de convention est inadapté. «Il s'agissait manifestement pour la direction de dégrader durablement les conditions de travail des pilotes, même bien au-delà de la crise», reproche-t-elle. L'association critique entre autres le fait que la nouvelle CCT prévoit des participations aux bénéfices nettement plus faibles lors des bonnes années. De plus, l'embauche de free-lancers serait rendue possible.
«Le comité directeur et ses membres veulent reprendre rapidement les négociations avec la direction de Swiss et trouver bientôt une conclusion équilibrée et viable», explique Thomas Steffen d'Aeropers au Blick. Si la direction ne propose pas de solution «adéquate», les pilotes devront se montrer plus fermes.
En Allemagne, une écrasante majorité de 97,6% du personnel de cockpit de Lufthansa a déjà approuvé une grève. Le mandat est désormais confié à l'association Vereinigung Cockpit. La semaine dernière, le personnel au sol de Lufthansa avait déjà cessé le travail.
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Le dilemme du personnel de cockpit suisse
Mais contrairement à l'Allemagne, les grèves sont inhabituelles en Suisse. Aeropers se voit donc confronté à un dilemme. «D'une part, les pilotes doivent montrer encore plus clairement à la direction qu'ils sont mécontents, alors que d'autre part, ils ne veulent pas nuire à leur propre entreprise et à leur clientèle», explique Thomas Steffen. A l'heure actuelle, il ne veut pas encore entendre parler d'une menace concrète de grève: «C'est pour nous le tout dernier recours.»
Par analogie avec la procédure en Allemagne, Aeropers devrait d'abord consulter ses membres sur une éventuelle grève. Un sondage est actuellement en cours afin de mieux cerner l'état d'esprit ambiant.
Swiss évaluera dans les semaines à venir la manière de procéder. Elle est prête à discuter et se manifestera à nouveau auprès d'Aeropers. «Nous ne nous attendons pas à ce que le rejet de la CCT ait des répercussions sur la stabilité des opérations aériennes», a fait savoir Swiss à Blick. Si la stabilité demeure, le résultat annuel de Swiss devrait également être positif.
(Adaptation par Lliana Doudot)