Marco Chiesa est-il allé trop loin cette fois-ci? Il faut dire que le chef de l'UDC aime sortir l'artillerie lourde à l'occasion de la fête nationale. Muni de trois feux d'artifice, il a cette année encore tiré à boulets rouges sur ses adversaires politique dans un discours vidéo de deux minutes. Traditions obligent. «Aidez-nous», lance le Tessinois au public: «Faites sauter avec nous la politique néfaste des Verts et de la gauche.»
Nicoletta della Valle trouve que cela va trop loin. La directrice de l'Office fédéral de la police (Fedpol) a commenté l'article de Blick sur la prestation de Chiesa le soir même du 1er Août sur la plateforme professionnelle Linkedin par «#appel à la violence?» La juriste a cité à ce sujet l'article 259 du code pénal en question, qui stipule que «celui qui aura publiquement incité à commettre un crime sera puni d'une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d'une peine pécuniaire».
Conçu uniquement comme une «incitation à la réflexion»
La directrice de Fedpol accuse-t-elle le président de l'UDC d'un crime, qui plus est un délit poursuivi d'office? Elle ne veut pas aller jusque-là. Nicoletta della Valle ne veut pas que son commentaire soit considéré comme une accusation directe. Par l'intermédiaire d'un porte-parole de Fedpol, elle fait savoir à CH Media qu'elle voulait simplement «donner matière à réflexion» et contribuer à la «prévention contre les propos haineux» sur Internet. C'est pour cela qu'elle a mis des points d'interrogation. Entre-temps, le post semble avoir été supprimé.
Le porte-parole cite que le passé a montré que même les adeptes de la satire courent rapidement le risque de publier des informations relevant du droit pénal. Nicoletta della Valle a délibérément voulu contrecarrer cela – même si la mise en scène de Marco Chiesa était déjà «au moins ambiguë dans le contexte politique».
Marco Chiesa lui-même réagit calmement aux reproches de la policière fédérale en chef auprès de CH Media. Il n'en a pas pris connaissance et ne sait même pas à quelle vidéo elles peuvent se référer.
Un expert en droit pénal fait le point
Markus Mohler, ancien professeur de droit public, qualifie quant à lui le discours de Chiesa d'«irresponsable» pour un politicien, de par le choix des mots. Mais les déclarations ne sont «pas pertinentes du point de vue du droit pénal». L'article 259, paragraphe 3, du Code pénal punit celui qui incite publiquement à commettre un délit impliquant des actes de violence contre des personnes ou des biens.
«Or, ce que M. Chiesa veut faire exploser, ce ne sont pas des choses au sens de cette infraction, ni des personnes, mais des politiques ou des règles de comportement», selon Markus Mohler. L'image de fusées d'un feu d'artifice du 1er Août indique le caractère symbolique «et s'oppose à l'insistance requise par les faits». Le ministère public du canton du Tessin confirme également qu'il n'a pas ouvert de procédure contre Marco Chiesa.