Le récit de la soirée exceptionnelle que Blick a passée en compagnie de PP Clément, candidat fribourgeois de la 15e saison de Top Chef, doit commencer par un spoiler. Non mais un spoiler mignon, pas le truc vache: j'ai mangé le meilleur dessert de ma vie. Sans rire. Cette place était précédemment occupée par le champignon-chocolat d'Olivier Jean, à L'Atelier Robuchon de Genève. Mais Pierre-Pascal Clément a fait voler ce souvenir en éclat.
Le jeune homme est talentueux. Et très bien entouré. Pour «marquer le coup», comme il dit, il a invité famille et amis à déguster les plats qu'il a créés pour ce premier épisode de l'émission phare de M6, diffusé le 13 mars. Avec mes collègues Fabien et Marie, on y était, au cœur de cette réunion de famille. Ça aurait pu être un peu étrange («c'est qui, eux?»), mais on a été super bien accueillis. On y a commenté ce premier chapitre en direct, en faisant LE truc dont rêvent les fans: manger les plats qu'on voit à l'écran.
L'œuf ou la poule
La soirée a démarré fort puisqu'avec l'éminent critique gastronomique Fabien Goubet, nous avons pris l'ascenseur avec les parents de Pierre-Pascal. «Attention, il faut nous laisser passer» annonce le père, Dominique. Son air sérieux nous inquiète: qu'avons-nous encore fait? «C'est nous qui amenons l'apéro», poursuit-il. Ouf. Le ton est donné.
Dans la cuisine de l'agence de communication fribourgeoise Up to you, le fameux œuf rôti embaume l'air. On le dégustera plus tard, mais je vous en parle maintenant (cet article est construit comme le film «Memento», chef-d'œuvre). C'est délicieux, mais «plus réconfortant», selon les mots de PP, ce qui veut dire «plus simple» pour nous.
Le blanc de l'œuf est cuit, mais le jaune coulant, le tout enrobé de chaire (fondante) et peau (croustillante) de poulet, accompagnée d'une sauce aux herbes qui casse le gras du jaune et de la peau. On ne voit vraiment pas ce que les chefs peuvent reprocher à ce plat, réalisé pour le thème de (tenez-vous bien): l'œuf.
Bœuf, betterave, c'est kif-kif
Retour en arrière. Tandis que les proches prennent l'apéro, la copine de PP, Anne, amène les amuse-bouches. Un pain soufflé fourré à la crème d'ail des ours (délicieux, mais qui fait sentir l'ail), d'abord. Puis une tartelette assez dingue, sur laquelle repose de la betterave rôtie assaisonnée comme un tartare classique: câpres, sauce Worcestershire, «etc», développe PP, mystérieux.
J'aime autant la betterave que marcher sur des clous. Mais évidemment, cuisinée par un chef talentueux, c'était délicieux. Une bouchée très Top Chef: l'ensemble avait exactement le goût d'une morce de tartare sur un toast beurré, accompagné d'une pomme allumette. À l'exception du bœuf, du toast, du beurre et de la frite, tout y était. Bluffant, comme dit le jury de l'émission.
Que cuisine le «vrai» PP?
À table, Anne nous fait quelques confidences sur les plats que cuisine PP à la maison. «Il fait des légumes rôtis avec du houmous, on mange très souvent végétarien.» Ayant personnellement développé une addiction à la betterave depuis ce soir, je soutiens.
«Quand il n'est pas là, je mange des yaourts ou parfois des plats tout faits», ajoute Anne en chuchotant presque. Moins de soutien du côté du yaourt pour le dîner, en effet. Le dimanche, PP se transforme en chef spécial pancakes.
Bon plan citron confit
La marraine de Pierre consacre le fait que le candidat est entouré de bons vivants. Son oncle, chez qui il a fait son apprentissage, a été chef d'une véritable institution glânoise pendant des décennies. Le mari de sa marraine est un passionné. Sa femme nous glisse d'ailleurs un truc pour faire des citrons confits (qui terminent leur course dans un risotto). Je ne vous la donnerai pas, elle est pour moi.
Les parents de PP n'ont pourtant rien à voir avec la cuisine. Sa maman, Josiane, me dit que son fils a développé son amour pour le métier en faisant son apprentissage.
C'est toujours un peu grâce à sa maman
Nous débarrassons les verres vides ensemble, quand elle suggère une piste: quand PP et son frère étaient petits, Josiane voulait «leur donner envie de manger». Les fruits coupés pour le goûter prenaient des formes de clowns ou de souris. «C'est peut-être de là que vient son goût pour les présentations, les beaux visuels?» esquisse-t-elle.
Et c'est vrai que les plats de Pierre-Pascal sont beaux. Alors que l'émission commence, commentée par les amis, nous pensons encore à ce rouget. Le plat qui lui permet (SPOILER!) de se qualifier pour l'épisode 2. Pleins de textures, de tout petits éléments colorés à mélanger, genre pêche au crabe, mais à la cuillère (et à Villars-sur-Glâne).
M6, tu exagères!
Vers 22h30, dans la salle, les convives sont comme le reste de l'humanité: fatigués par des heures et des heures d'émission. J'ai beau adorer ce programme de tout mon cœur, je n'ai pas forcément envie de rester debout toute la nuit à écouter la musique de «Pirates des Caraïbes» parce que quelqu'un doit faire souffler des rattes.
Les amis des parents ne comprennent pas tellement le concept. «J'ai un ami qui regarde depuis que PP s'y est intéressé, dit l'un d'eux, parlant d'un proche, absent lundi soir. Il dit que c'est très franco-français et qu'il n'y comprend rien, alors que c'est un scientifique très réfléchi.» C'est pour un ami, mmh, on connaît.
Amour, gloire et rouget
N'empêche. À Fribourg, ils boudent Dominique Crenn, cheffe bretonne installée à San Francisco et nouvellement membre du jury, quand elle critique le plat de PP. Et puis sont «de nouveaux copains avec elle», dès qu'elle complimente les rougets. Et c'est ça l'ambiance de la soirée: soutenir PP Clément. Nous, on ne fait pas de favoritisme, et Fabien a adoré rencontrer l'autre Romand, Thibault, malheureusement éliminé.
En revanche, quelle chance d'être admis dans le petit cercle d'un des candidats, de pouvoir discuter du potager de sa marraine, ou des fruit-clowns de sa maman. Qu'il aille loin ou pas, PP Clément va marquer les esprits. Il est de chez nous, il est sympa, et il n'est pas vilain.
Trop facile de juger la personnalité de quelqu'un depuis son canap'. Maintenant, je sais que c'est un beau joueur, un «bon suisse» comme il dit, à l'aise devant la caméra, mais encore plus derrière les fourneaux. Et je sais que si on laisse des citrons dans un bocal rempli de gros se... Non! Je ne dirai rien.