Accord suisse avec Bruxelles
Les prévisions explosives de Peter Bodenmann, vétéran du PS, sur l'UE

Le nouvel accord avec l'UE ne devrait être soumis au peuple qu'en 2028 – cela en inquiète plus d'un. Ce n'est pas le cas de Peter Bodenmann, vétéran du PS, qui y voit une manœuvre intelligente. Selon lui, la Suisse reconnaîtra la nécessité de l'accord d'ici quatre ans.
Publié: 04.01.2025 à 18:28 heures
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Le vétéran du PS Peter Bodenmann ne voit aucun problème à ce que la Suisse ne vote probablement pas sur l'accord avec l'UE avant 2028 - bien au contraire.
Photo: Keystone
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Sven Altermatt

Les négociations sont terminées. Mais il faudra encore des années avant que la Suisse et l'UE ne mettent la dernière main à leurs nouveaux accords. Il y a d'abord des discussions difficiles sur les mesures de politique intérieure, où les syndicats menacent de bloquer le processus.

Le texte de l'accord est encore secret. Il ne sera publié pour consultation qu'en été, avant d'être soumis au Parlement en 2026. Le peuple devrait se prononcer en 2028 – après les élections de 2027. D'ici là, l'accord pourrait déjà avoir été discuté depuis longtemps, préviennent même les partisans. La Suisse est menacée par une campagne de votation qui durera des années.

«Une manœuvre géniale»

Mais quelqu'un qui y voit un avantage vient de s'exprimer: Peter Bodenmann, un vétéran du PS. L'ex-président des socialistes s'est fait connaître en tant qu'adversaire de Christoph Blocher, le grand-père de l'UDC.

Peter Bodenmann loue la décision de ne voter qu'en 2028 sur le nouveau traité européen comme étant tactiquement intelligente. «Une manœuvre à mon avis géniale des forces pro-européennes», écrit-il dans sa chronique du «Walliser Bote». «Pendant quatre ans, nos conteurs de la droite nationale et xénophobe ne pourront pas maintenir leurs histoires de fantômes en ébullition.»

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Car quatre ans, en ces temps mouvementés, c'est une éternité sur le plan politique
Peter Bodenmann, ex-président du Parti socialiste
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Trump serait plus dangereux pour la Suisse

D'ici 2028, la population suisse aura compris la nécessité d'un accord, selon le pronostic explosif de Peter Bodenmann. «Car quatre ans, en ces temps mouvementés, c'est une éternité sur le plan politique.» A ce moment-là, la plupart des gens seraient heureux que la Suisse ait un accord avec l'UE.

Peter Bodenmann énumère les risques d'ici 2028. A commencer par les barrières commerciales aux Etats-Unis: après quatre ans de Trump et quatre ans de droits de douane élevés, l'industrie suisse «pansera ses plaies».

L'ombre des juges étrangers

Le politicien UDC Oskar Freysinger, également antipode de longue date de Peter Bodenmann, met en revanche en garde contre les juges étrangers dans le «Walliser Bote». A l'avenir, des décisions populaires suisses déplaisantes pourraient être sanctionnées ou même annulées par des juges.

Peter Bodenmann prophétise en revanche: «Dans quatre ans, nous, les Suisses, aurons compris que nos juges étrangers injustes ne siègent pas à Bruxelles, mais à Washington.»

D'autres pays sont plus préoccupants

Par ailleurs, Peter Bodenmann est convaincu que dans quatre ans, les énergies solaire et éolienne supplanteront l'énergie nucléaire en Europe, car les énergies renouvelables sont de plus en plus avantageuses. Selon lui, la Suisse a besoin d'un accord sur l'électricité pour que ses barrages prennent de la valeur.

L'ancien conseiller d'Etat valaisan et conseiller national est également convaincu que la Suisse peut résoudre tous les problèmes avec l'UE grâce aux mesures d'accompagnement. «Ensemble avec les syndicats, et non pas contre eux.»

Le cas de l'immigration

Sur la question controversée de l'immigration, il propose de donner plus de poids aux cantons. Si un canton veut par exemple «réglementer le marché du travail au moyen de contingents ou de taxes de séjour, il doit le faire», selon Peter Bodenmann. «Et la Confédération doit prendre en charge les coûts d'éventuelles sanctions, qui doivent être proportionnées.»

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Comparés aux deux mauvais garçons Orban et Fico, les droits populaires suisses sont aussi longs que larges à Bruxelles
Peter Bodenmann, ex-président du Parti socialiste
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Peter Bodenmann fait référence aux chefs d'État de la Hongrie, Viktor Orban, et de la Slovaquie, Robert Fico, dont les pays, en tant que membres de l'UE, ont eu maille à partir avec Bruxelles et extorqué des concessions. Ils préoccupent davantage l'UE, écrit Peter Bodenmann.

«Comparés aux deux mauvais garçons Orban et Fico, les droits populaires suisses sont aussi longs que larges à Bruxelles.» C'est pourquoi on serait prêt à accorder à la Suisse une période de grâce de quatre ans.

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