9e mois consécutif
Février bat aussi un record de chaleur

Le mois de février 2024 a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde, a annoncé jeudi Copernicus. Il s'inscrit dans une série de neuf records mensuels consécutifs, avec des températures très au-dessus des normales en Europe.
Publié: 07.03.2024 à 06:39 heures
Sur les 12 derniers mois, le monde a connu une température 1,56 degré plus élevée que le climat moyen du XIXe siècle, un nouveau record (archives).
Photo: MOHAMED MESSARA

Le mois de février 2024 a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde, a annoncé jeudi Copernicus. Il s'inscrit dans une série de neuf records mensuels consécutifs, avec des températures très au-dessus des normales en Europe.

Les trois derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés dans le monde, sous l'effet de la poursuite des émissions de gaz à effet de serre et du phénomène climatique El Niño, selon le dernier bulletin mensuel de l'observatoire européen.

Avec une température de l'air de 13,54 degré celsius en moyenne, le mois passé s'est inscrit 1,77 degré au-dessus d'un février moyen sur la période 1850-1900. C'est aussi 0,12 degré de plus que le record précédent pour un mois de février, qui remontait à 2016.

Sur quatre journées, du 8 au 11 février, les températures ont même été supérieures de 2 degrés à l'ère pré-industrielle, ce qui ne signifie toutefois pas pour autant que la limite haute de l'accord de Paris, qui s'exprime en moyenne sur plusieurs décennies, a été atteinte.

Sur les 12 derniers mois, le monde a connu une température 1,56 degré plus élevée que le climat moyen du XIXe siècle, un nouveau record.

L'Europe se distingue

Février 2024 représente ainsi le neuvième record mensuel consécutif battu, souligne Copernicus. L'hiver météorologique dans l'hémisphère nord (décembre à février) est donc le plus chaud dans le monde, succédant aux trois mois d'automne et d'été les plus chauds.

Des chaleurs remarquables ont été relevées à travers le monde, de l'Amérique du Nord au Vietnam en passant par le Maroc et la majorité de l'Amérique du Sud. Mais l'Europe s'est distinguée.

Le continent a connu cet hiver une chaleur exceptionnelle avec des températures 3,3 degrés au-dessus des normales (1991-2020). La situation est encore plus anormale en Europe centrale et orientale.

La température moyenne des océans, qui recouvrent 70% de la Terre, a atteint un nouveau record absolu, tous les mois confondus, avec 21,06 degrés enregistrés en février à la surface des mers (hors zones proches des pôles).

Ce réchauffement menace directement la vie marine et peut réduire les capacités d'absorption de nos émissions de gaz à effet de serre dans les mers, puits de carbone qui absorbent 90% de l'excès d'énergie de l'activité humaine.

El Niño et La Niña

Les mois passés ont subi l'effet du phénomène climatique naturel El Niño, synonyme de températures plus chaudes. Selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), il a atteint son pic en décembre, mais doit encore se traduire par des températures au-dessus de la normale jusqu'en mai sur la terre ferme.

L'OMM indique qu'il y a des chances que La Niña – qui, à l'inverse d'El Niño, fait baisser les températures mondiales – se développe «plus tard cette année» après des conditions neutres (ni l'un ni l'autre) entre avril et juin.

«2024 était en bonne voie pour être une autre année très chaude, potentiellement une année record, mais les chances que cela se produise pourraient diminuer si on se dirige très rapidement vers un phénomène La Niña», a souligné Carlo Buontempo, directeur du service sur le changement climatique de Copernicus (C3S).

Mais, dans tous les cas, ces phénomènes cycliques s'ajoutent à une tendance de long terme, qui ne marque pas d'inflexion: le réchauffement sous l'effet de l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, liée essentiellement à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) par l'humanité.

«Niveau record»

A moins que nous ne parvenions à «stabiliser» ces concentrations, «nous ferons inévitablement face à de nouveaux records mondiaux de température et à leurs conséquences», souligne Carlo Buontempo.

Les émissions de gaz à effet de serre doivent chuter de 43% d'ici à 2030 par rapport à 2019 pour espérer tenir la limite de 1,5 degré fixée par l'accord de Paris, selon le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Ces émissions mondiales doivent aussi atteindre un pic d'ici à 2025.

Mais cela n'en prend pas encore le chemin: selon les dernières données de l'agence internationale de l'énergie (AIE), les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie ont progressé de 1,1% en 2023 pour atteindre un niveau record.

Les pays du monde entier ont encore un an pour rehausser leurs engagements climatiques internationaux, qui seront discutés lors de la COP29 de Bakou en fin d'année.

(ATS)

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