213'000 francs annuels par employé!
En 10 ans, les salaires des employés de la Banque cantonale de Zurich ont explosé

En 2023, les employés de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) recevront 40'000 francs de plus par personne qu'en 2013. Une augmentation sans précédent, rendue possible par le contribuable.
Publié: 18.02.2024 à 17:32 heures
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Que faire de tout cet argent? Le PDG de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), Urs Baumann, a attribué 225 millions de francs aux «réserves pour risques bancaires généraux», réduisant ainsi le bénéfice officiel de son groupe.
Photo: keystone-sda.ch
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Thomas Schlittler

Ceux qui n'aiment pas les chiffres devraient s'arrêter là. Et les responsables de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) devraient se réjouir à chaque fois que quelqu'un ne poursuit pas sa lecture. Car le chiffre d'affaire de la ZKB donne l'image d'une banque qui – grâce à un soutien de l'État garanti – gagne tellement d'argent qu'elle doit minimiser ses profits. Image aussi d'une banque dont l'explosion des bénéfices ne peut même pas être freinée par une gigantesque augmentation de salaire.

Commençons par la partie réjouissante: la semaine dernière, la plus grande banque cantonale du pays a fait savoir qu'elle allait distribuer 528 millions de francs au canton de Zurich et à ses communes. «Ces fonds permettront de réaliser de nombreux projets sociaux, économiques et écologiques», a précisé la banque. En plus de ce «dividende record», la ZKB a annoncé la création d'une fondation philanthropique pour 25 millions de francs. Les frais de comptes et de cartes de débit ont en outre été supprimés.

Une telle générosité suscite pourtant de la méfiance: et si la ZKB n'était pas tout à fait à l'aise avec son propre succès? Le fait est que la banque a artificiellement réduit son bénéfice en 2023. Officiellement, elle a présenté un excédent de 1,238 milliard de francs. C'est 179 millions de plus qu'en 2022, lorsque la barre du milliard avait été franchie pour la première fois.

Encore plus de bénéfices

Mais en réalité, la ZKB a fait encore bien plus de bénéfices. 225 millions de francs supplémentaires ont été attribués aux «réserves pour risques bancaires généraux». Si cela n'avait pas été fait (comme les années précédentes), un bénéfice de près de 1,5 milliard de francs aurait été réalisé, ce qui aurait potentiellement suscité une discussion quant à l'origine de tels profits.

La réponse est pourtant évidente: la ZKB ne répercute qu'en partie la hausse des taux directeurs sur les épargnants. De plus, en ces temps de crise, elle profite tout particulièrement du fait que le canton se porte garant de tous les dépôts d'épargne en cas de besoin.

Une banque exonérée d'impôts

En 2023, la ZKB n'a dû payer que 30 millions de francs pour pouvoir jouir de cette garantie de l'État. Ce n'est pas une mauvaise affaire, d'autant plus que le groupe est exonéré d'impôts. Mais ce qui rend l'explosion des bénéfices de la banque publique encore plus remarquable, c'est qu'elle a eu lieu malgré des augmentations massives de salaire. Par rapport à l'année précédente, les charges de personnel par tête ont certes légèrement diminué, passant de 219'000 à 213'000 francs. Mais elles représentent toujours 40'000 francs de plus qu'il y a 10 ans. En 2013, un employé de la ZKB coûtait en effet 173'000 francs.

Un tel bond en avant est sans équivalent en Suisse. Chez PostFinance par exemple, les charges de personnel pour un poste à plein temps ont augmenté de 14% en dix ans et s'élevaient à 140'000 francs en 2022. Chez Raiffeisen, un employé coûte en moyenne 144'000 francs, soit 6% de plus qu'en 2013.

Ces comparaisons n'impressionnent guère les responsables de la ZKB: «Une analyse récente a confirmé que le modèle de rémunération de la ZKB est conforme au marché compte tenu de sa taille, de son positionnement et de la complexité de son modèle économique», écrit une porte-parole de la banque cantonale. Celle-ci ne veut toutefois pas révéler qui a effectué cette analyse. «Nous vous prions de comprendre que nous ne pouvons ni mettre l'analyse à disposition, ni communiquer d'informations sur les expertes et experts spécialisés impliqués.»

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