Cela fait un an que Google a annoncé la suppression de 12'000 postes dans le monde entier. La Suisse est également concernée: 300 des quelque 5000 emplois du site Google de Zurich ont été supprimés.
Aujourd'hui, une nouvelle vague de suppressions d'emplois se profile. L'enquête de Blick démontre que 160 postes des sites zurichois Hürlimann-Areal et Europaallee, où l'on travaille sur des services comme Google Maps, Search et Youtube, sont sur la liste des suppressions. Une procédure de consultation est déjà en cours, qui s'applique aux licenciements collectifs. C'est ce que confirme une porte-parole de Google, sans entrer dans les détails de l'ampleur exacte des suppressions d'emplois. Son commentaire: le site suisse pourrait être «touché dans une certaine mesure».
Blick s'est renseigné auprès des représentants des travailleurs. Syndicom reste également discret sur le nombre de personnes concernées, mais laisse entrevoir la fin de la procédure de consultation pour la mi-février déjà. «Il est incompréhensible que Google licencie à nouveau de nombreux collaborateurs alors que le groupe continue d'enregistrer des bénéfices très élevés», déclare la secrétaire centrale de Syndicom, Miriam Berger.
Pourquoi cette nouvelle vague de licenciements?
Armin S.*, 40 ans, travaille chez Google à Zurich. Par peur d'être licencié, il souhaite garder l'anonymat. Selon lui, Google envoie actuellement «des signaux aux collaborateurs et aux actionnaires selon lesquels les emplois ne sont plus garantis et que l'entreprise procède à des investissements sur de nouveaux marchés». Aux yeux du grand public, le géant américain de la technologie a pris du retard sur le sujet de l'intelligence artificielle générative, qui peut créer de nouveaux textes, images, clips vidéo ou audio. L'entreprise doit désormais se mettre à jour.
La porte-parole de Google s'est enfermée dans un jargon de relations publiques: le groupe «investit dans de plus grandes priorités», raison pour laquelle «les ressources sont orientées vers les principales priorités de produits». De ce fait, «certains rôles disparaissent».
Armin S.* déplore le manque de communication interne: «Cela peut arriver à tout le monde, l'incertitude est grande.» La direction suisse de Google ne serait pas à blâmer dans cette débâcle. En effet, «les grandes décisions sont prises au siège principal à Mountain View en Californie». Il semblerait que certains départements de recherche soient centralisés à certains endroits. Certains emplois de Google en Suisse seront apparemment transférés en Pologne, comme le confirme également l'employé à Blick.
«Une incompréhension générale autour des mesures actuelles»
Armin S. s'insurge en outre contre le changement de culture au sein de l'entreprise: on attendait toujours du personnel de Google une bonne formation et une capacité de changement. Les employés étaient donc flexibles face aux nombreuses avancées dans le monde de la technologie. Aujourd'hui, lors de restructurations, cela va à l'encontre de ce principe. «Il y a une incompréhension générale autour des mesures actuelles», ajoute-t-il. D'autant plus que, selon ses observations, le site suisse est plus touché que d'autres.
Et tout cela, justement en 2024, année du jubilé: il y a 20 ans, Google ouvrait sa filiale à Zurich. Le site suisse est rapidement devenu le plus grand centre de recherche de Google en dehors des Etats-Unis. Les vagues et les mesures de démantèlement égratignent l'image de la symbiose idéale entre Google et Zurich. Parallèlement, un immeuble de bureaux de la Müllerstrasse à Zurich est transformé en un troisième site Google.
Est-ce encore nécessaire? «Dans ce contexte, il n'y a pas de changement dans le portefeuille immobilier de Google à Zurich», répond la porte-parole. Aujourd'hui, on ne ressent plus, chez Google Suisse, la fierté d'être le principal bureau extérieur du géant américain de la technologie.
*Nom connu de la rédaction