Vous en avez peut-être déjà fait l'expérience lors de l'achat en ligne d’un forfait de ski: de plus en plus de grandes stations proposent un modèle de tarification dynamique. Le prix d'un billet varie ainsi selon les jours. A l'Aletsch Arena (VS), un forfait journalier coûte 54 francs pour le 18 décembre et 62 francs pour le 28 décembre.
Dans le cas de la destination valaisanne, les prix des forfaits de ski pour cette saison se situent dans une fourchette de 53 à 81 francs. Si cela ressemble de prime abord à des rabais alléchants, les dernières années montrent qu’un modèle de prix dynamique tend à augmenter le prix moyen pour les usagers.
Peut-être une mauvaise nouvelle
Mauvaise nouvelle pour le consommateur, bonne pour le prestataire. Les stations de ski peuvent ainsi maximiser leurs bénéfices. Pour Jürg Stettler, directeur de l'institut Tourisme et mobilité à la Haute école de Lucerne, cette pratique traduit une vision à trop court terme: «Les domaines skiables pourraient se nuire à eux-mêmes à long terme avec un modèle de prix dynamique», estime-t-il.
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Pour y voir plus clair, décomposons ce modèle de tarification. Dans les modèles de prix flexibles, la demande et la météo sont déterminantes pour l'ajustement des prix. Pour les forfaits de sports d’hiver, réserver tôt permet de bénéficier de tarifs plus avantageux, tandis qu’une réservation de dernière minute en haute saison se révèle bien plus coûteuse.
Se rendre sur les pistes à la dernière minute pendant la haute saison, coûterait beaucoup plus cher. Pour compenser le rabais accordé aux réservations anticipées, les stations de ski pénalisent les clients spontanés. L'hiver dernier, c'est le 30 décembre que St-Moritz a vendu le forfait journalier le plus cher pour les adultes. Il fallait alors débourser la coquette somme de 118,50 francs pour profiter de l'accès aux remontées mécaniques.
Une approche économique
Sur l'ensemble de la saison, les prix moyens augmentent. Et selon Jürg Stettler, cela pourrait se retourner contre les stations. «Je suppose qu'à long terme, les Suisses seront moins nombreux à aller skier», explique le directeur de l'institut. «C'est une simple considération économique. Si un service devient plus cher, la demande diminue.»
Dans la réalité du ski, ce n'est évidemment pas aussi simple. Mais Jürg Stettler étaie sa spéculation à l'aide d'un exemple: «Une famille se demande de plus en plus souvent si les sports d'hiver valent encore la peine à ce prix. Au début, il y a simplement moins de jours de ski par saison, puis un jour, on arrête complètement d'aller aux sports d'hiver.» A long terme, la demande diminue sensiblement.
Berno Stoffel n'est pas d'accord
Le directeur des remontées mécaniques suisses Berno Stoffel ne juge pas pertinentes les projections de Jürg Stettler. «Pendant les intersaisons et en cas de réservations anticipées, le client peut profiter de prix plus avantageux. Cela stimule la demande.»
Il appuie ses dires sur un travail récemment publié par la Haute école de Lucerne. «L'étude montre qu'aucune tendance uniforme ne peut être constatée dans l'évolution du nombre de journées de ski dans les régions où les prix sont dynamiques.» Certaines régions gagnent en fréquentation, d'autres en perdent. La thèse selon laquelle les prix dynamiques entraînent une baisse de la demande n'est donc pas évidente. Mais il est également difficile d'en évaluer les conséquences à long terme à l'heure actuelle.
Les journées de ski sont en baisse
Malgré tout, l'évolution du nombre de journées de ski en Suisse n'est pas très réjouissante. Au cours des dix dernières années, il s'est certes stabilisé à 23 millions de jours. Mais en hiver 2000 - 2001, la Suisse enregistrait encore plus de 30 millions de journées de skis.
Une comparaison avec l'Autriche montre par ailleurs que le nombre de journées de ski est resté constant ces dernières années. Toutefois, le nombre est passé de 45,6 millions au début du millénaire à 50,1 millions l'hiver dernier.
Avec l'évolution actuelle des prix, il est peu probable que ce nombre augmente encore à l'avenir. L'avenir nous dira si le modèle de prix dynamique aura un effet à long terme. Pour Berno Stoffel, il est clair que «les différents effets montrent qu'il faut faire preuve de beaucoup de prudence lors de la fixation des prix dynamiques».