Le week-end prochain, la saison d'hiver débutera dans de multiples stations de ski suisses. Ces ouvertures correspondent aux prévisions météorologiques qui promettent des chutes de neige jusqu'en basse altitude. De quoi donner envie de pratiquer les sports d'hiver en tout genre!
Une envie qui dépend de plus en plus d'un soutien technique à la nature. Le climatologue Reto Knutti de l'EPFZ l'a constaté dans une fiche d'information sur les scénarios climatiques présentée lundi: «La progression du changement climatique pose des défis accrus, en particulier aux destinations de basse et moyenne altitude.» Et la garantie d'enneigement naturel diminue. «Cela devient difficile pour les domaines skiables situés en dessous de 1500 mètres.»
L'enneigement artificiel est impératif et coûteux
Une enquête de Remontées Mécaniques Suisses auprès de plus de 100 membres, également présentée lundi, montre que 95% d'entre eux s'attendent à une nouvelle diminution de la sécurité d'enneigement au cours des 20 prochaines années.
Au premier rang des mesures stratégiques prévues pour assurer l'exploitation des remontées mécaniques: l'enneigement artificiel. Un tel système ne comprend pas seulement quelques canons à neige. Mais tout un système qui nécessite des bassins de stockage, des conduites d'eau, des pompes, des compresseurs d'air, des générateurs de neige ainsi que des systèmes de contrôle avec gestion de l'eau et de l'électricité.
Tout ce système coûte cher. Stefan Mumenthaler, du fabricant d'installations d'enneigement Technoalpin à Schattdorf UR, déclare à Blick: «La règle générale est de 1 million de francs par kilomètre de piste, si aucune infrastructure n'est encore en place.» Ou 3,5 à 5 francs par mètre cube de neige.
Mais la technique seule ne suffit pas. «Même avec l'enneigement artificiel, la température et l'humidité de l'air doivent remplir les conditions nécessaires», ajoute Stefan Mumenthaler. Si l'humidité de l'air est très faible, il est possible de produire de la neige technique juste au point de congélation.
Elm mise sur l'enneigement artificiel, d'autres y renoncent
En Suisse, avec ses domaines skiables situés plutôt en altitude, à peine 50% de toutes les pistes de ski sont actuellement enneigées artificiellement. À titre de comparaison, ce chiffre est de 92% dans le Tyrol du Sud et de 75% en Autriche. Selon Stefan Mumenthaler, la construction de nouvelles installations d'enneigement est devenue plus difficile. Les stations de sports d'hiver suisses investissent néanmoins chaque année des millions dans ce type d'enneigement: «La plupart du temps pour l'extension ou la modernisation des installations.»
Elm GL commencera la construction d'une installation d'enneigement au printemps 2025. Stefan Elmer, directeur des Sportbahnen Elm, explique: «L'enneigement est essentiel à notre survie.» Selon lui, les besoins en eau pour l'enneigement sont assurés, tout comme l'investissement de 20 millions de francs auquel contribuent le canton et la commune. Un quart du chiffre d'affaires annuel serait réalisé entre la mi-décembre et la mi-janvier. Pour cela, il faut néanmoins suffisamment de neige.
D'autres domaines skiables misent sur des offres alternatives. «Les dépenses liées à l'enneigement technique seraient trop élevées pour notre domaine», explique Patrick Arnet, chef des remontées mécaniques Coire-Dreibündenstein. Celles-ci desservent la montagne locale de Coire, Brambrüesch, et ont dû arrêter prématurément le ski l'année dernière en raison du manque de neige. Patrick Arnet compte sur les activités estivales, qui génèrent déjà plus de 50% du chiffre d'affaires.
C'est également le cas du domaine skiable de Gruyères-Moléson (FR): «Nous avons décidé de concentrer les investissements sur l'été et de maintenir une offre de ski avec un enneigement naturel», explique le directeur Antoine Micheloud. Selon lui, le chiffre d'affaires hivernal est en moyenne similaire à celui d'il y a 20 ans, alors que les recettes estivales ont été multipliées par trois.
L'hiver plus lucratif que l'été
Il est toutefois hasardeux de se focaliser sur l'été. La création de valeur est bien plus importante avec les touristes de sports d'hiver qu'avec les touristes journaliers randonneurs. Viktor Prinz, directeur de Bergbahnen Samnaun AG, explique: «Dans la Silvretta Arena Samnaun/Ischgl, trois bons jours d'hiver génèrent le même chiffre d'affaires qu'une saison d'été moyenne.»
Avec de la neige purement naturelle, le tourisme d'hiver moderne n'est plus possible, «même à 2000 mètres d'altitude», conclut Stefan Mumenthaler.