C’est l’épisode le plus dramatique de la vie de Roger Federer: le 1er août 2002, son ex-entraîneur Peter Carter est victime d’un accident mortel dans le parc national Kruger en Afrique du Sud pendant son voyage de noces. Le véhicule dans lequel circule l'Australien de 37 ans fait une embardée et s’écrase un bas d’un pont. Le jeune Roger perd alors non seulement son entraîneur le plus influent, mais aussi un ami à la figure paternelle.
Dans sa nouvelle biographie dédiée à Federer, «The Master», le journaliste Christopher Clarey décrit l’état émotionnel du joueur de tennis suite à la mort accidentelle de Peter Carter: il aurait été en proie non seulement à une immense tristesse mais également à un sentiment de culpabilité. Car, et c'est peu connu du grand public, la famille Federer a joué un rôle non négligeable dans la planification du voyage fatidique. «C’est ce qui l’a le plus blessé», souligne Sven Groeneveld, l’entraîneur principal de la Fédération suisse de tennis de l’époque.
Dans son livre, Christopher Clarey détaille: «Lynette, la mère de Federer, avait aidé à organiser le voyage. Roger lui-même avait souvent recommandé à Peter Carter et à Silvia, sa femme suisse, de s’envoler pour l’Afrique du Sud, son pays natal.»
Une annonce difficile
Lorsque l’accident se produit, Federer participe à un tournoi à Toronto avec son entraîneur Peter Lundgren. Le Suédois, qui avait remplacé Peter Carter deux ans auparavant, a la difficile tâche d’annoncer la mauvaise nouvelle à son protégé. Il laisse des messages sur le téléphone portable de l’athlète alors que celui-ci était de sortie. Le jeune accourt alors à l’hôtel en pleurant. Peter Lundgren se souvient de cette nuit dans la ville de Toronto: «Roger s’est approché de moi dans la chambre d’hôtel et m’a regardé. J’étais vide. C’était si dur pour Roger et moi.»
«Roger était complètement dévasté»
Deux semaines après l’accident, Roger retourne en Suisse pour faire ses adieux à son défunt ami. Yves Allegro, partenaire en double de longue date de Federer en Coupe Davis, se souvient: «Roger était complètement abattu. Il ne pouvait pas s’arrêter de pleurer. C’était difficile de voir un tel chagrin. Mais je pense qu’au moment de la mort de Peter Carter, Roger est devenu un homme. C’était en quelque sorte la première fois qu’il devait faire face à quelque chose de grave. Avant cela, tout semblait lui réussir: il avait atteint rapidement le top 100 et gagnait bien sa vie. Sa famille était en bonne santé. Ses parents étaient ensemble. Et il avait déjà une relation heureuse avec Mirka. Tout se passait bien. Et puis il a perdu l’une des personnes les plus importantes de sa vie.»
L’auteur de la biographie estime que la mort de Peter Carter marque un tournant dans la carrière de Federer: «De nombreux facteurs expliquent le développement du talent de l’un des plus grands joueurs de tous les temps. Mais la mort de Carter est peut-être le plus décisif. Federer a compris que son succès donnait un sens à la vie bien trop courte de Peter Carter.»