Lynette et Robert Federer
«Nous n'avons jamais vu Roger comme une future star»

Joyeux anniversaire, Roger Federer! Ses parents, Lynette et Robert, parlent de l'enfant turbulent qu'il était, de leur vie de grands-parents et de leurs projets d'avenir.
Publié: 08.08.2021 à 05:59 heures
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Dernière mise à jour: 09.08.2021 à 09:17 heures
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Roger Federer fête aujourd'hui son 40e anniversaire. Ses parents, Lynette et Robert, sont très fiers de lui.
Photo: freshfocus
Cécile Klotzbach

Lynette et Robert Federer, qu’est-ce qui vous passe par la tête quand vous pensez que votre fils Roger va avoir 40 ans?
Lynette: Vous pensez juste: Wow, 40 ans!
Robert: Oui, l’autre jour, j’ai dit: «Rogi», j’ai presque deux fois ton âge!

Allons... Vous n’avez que 75 ans.
Robert: C’est vrai, au moins je n’aurai jamais vraiment le double de lui… Et heureusement que je n’ai que 75 ans. Il a déjà des enfants, ce qui nous donne la chance d'avoir des petits-enfants, cela rend la vie tellement agréable.

Reconnaissez-vous des caractéristiques de Roger chez vos petits-enfants?
Robert: Oui, un ou deux d’entre eux lui ressemblent. Vous pouvez reconnaître certains traits de caractère que «Rogi» avait aussi par le passé. Mais je ne veux pas entrer dans les détails et vous dire de quel petit-enfant il s’agit.

Comment était-il à l’époque?
Lynette: C’est à moi de répondre. «Robbie» n’était presque jamais à la maison, il était toujours en voyage d’affaires. Roger était amusant, actif, il avait toujours beaucoup d’amis. Avec lui, il se passait toujours quelque chose. On pouvait rapidement voir qu’il avait une grande envie de bouger. J’étais comme ça aussi, d’ailleurs. Peu importe que ce soit avec un skateboard, à vélo, à la table de ping-pong ou en jouant au squash avec Robbie. C’était agréable de le voir s’amuser. Cela se voyait que ce n’était pas une obligation. Il adorait ça. Dès qu’il a pu marcher, il devait toujours avoir un ballon avec lui et il jouait au football dès que possible.

Avez-vous pensé à l’époque qu’il irait si loin un jour?
Lynette: Les gens ont souvent dit à quel point son talent était exceptionnel ou à quel point il savait manier le ballon dès son plus jeune âge. Mais nous n’avions pas pu prévoir les succès incroyables qu’il a eus par la suite.
Robert: Nous ne l’avons jamais considéré comme une future star et n’avons donc pas vécu avec ceci en tête. Pendant longtemps, nous avons juste attendu de voir comment les choses allaient se passer.

Et pourtant, vous lui avez donné la chance de réaliser son rêve de devenir un athlète professionnel. À quel moment avez-vous vraiment cru en lui?
Robert: Lorsqu'il est devenu Numéro 1 mondial chez les junior à environ 17 ans.
Lynette: Et lorsqu'il a gagné le tournoi junior à Wimbledon la même année. C’est seulement à ce moment-là que nous avons eu le sentiment qu’il pouvait réaliser de grandes choses sur le circuit ATP.
Robert: À ce moment, nous nous sommes dit: Maintenant nous pouvons le laisser partir tranquillement…

Aujourd’hui, il compte 20 titres du Grand Chelem et est l’une des plus grandes stars au monde. Malgré son naturel terre à terre, cela change inévitablement une personne. Avez-vous remarqué un changement chez lui?
Robert: On ne peut pas le dire précisément. Un éventuel changement ne s’est certainement pas produit soudainement et d’un seul coup.

Quelles sont les caractéristiques qu’il a héritées de vous?
Robert: Il me ressemble beaucoup physiquement. Je crois qu’il a clairement reçu certains traits de moi. C’est difficile de dire le contraire.
Lynette: De ma part, il a très probablement reçu la discipline et l’envie de bouger. Peut-être également le talent avec la balle.

Êtes-vous également de bons joueurs de tennis?
Robert: J’ai dû travailler quand j’étais jeune et je n’ai pas eu l’occasion de jouer au tennis ou au football.
Lynette: Mais tu as joué en Interclubs…
Robert: Oui, mais je parle de mon adolescence. Quand on avait 15, 16, 17 ans, et que l’on grandissait à la campagne, on avait d’autres choses à faire. Ce n’est qu’à l’âge de 25 ans que j’ai joué au tennis pour la première fois.
Lynette: Je l’ai aussi appris tardivement. À 18 ans, quand j’ai rencontré Robbie. Et j’ai aussi été meilleure que Robbie assez rapidement.

En tant que père de quatre enfants, Roger transmet-il à ses enfants les mêmes valeurs que celles que vous lui avez transmises?
Lynette: Oui, je pense qu’il le fait. Notre éducation a déteint sur lui. Par exemple, il aime être en plein air avec ses enfants, aller à la montagne. Ce sont des activités que nous faisions souvent avec nos enfants. Nous faisions souvent des randonnées ou du vélo.
Robert: Sa volonté d’aider est aussi une des valeurs que nous espérons avoir pu lui transmettre. Il ne se préoccupe pas d’abord de lui-même. Au moment de cette pandémie, il a beaucoup aidé. Il a le souci de donner généreusement lui aussi.
Lynette: Et pourtant Mirka et Roger sont deux personnes différentes de ce que Robbie et moi étions à l’époque. Ils le font de la manière qu’ils pensent être la meilleure. Chaque couple doit trouver sa propre voie. Rien que les changements numériques font que les choses sont différentes aujourd’hui. Quand Roger est né, nous n’avions même pas d’e-mails.
Robert: En effet, nos enfants ne jouaient pas devant l’ordinateur.

Roger est-il devenu plus calme en tant que personne depuis qu’il est père?
Lynette: Je dirais qu’il est resté fidèle à lui-même. Tel qu’il est, il est toujours très drôle et aime jouer avec ses enfants. Mais en tant que père, il ne peut évidemment pas toujours être le père aimant. De temps en temps, il doit être strict et prendre des mesures. Et il le fait. Je pense qu’il a un très bon équilibre sur ce point.

Roger a maintenant 40 ans et joue toujours au tennis de manière professionnelle. Vous y attendiez-vous?
Lynette: Non, pas vraiment. Mais il suit certainement son instinct et son amour pour ce sport. En outre, son corps a relativement bien supporté la répétition des efforts au cours des 25 dernières années.

Êtes-vous heureux de pouvoir suivre sa carrière encore plus longtemps que prévu?
Robert: Il ne s’agit pas de nous. C’est génial qu’il vive encore pour le tennis. Et avez-vous vu qu’il a entrepris et tous les efforts qu'il a faits pour se reconstruire après sa blessure? C’est vraiment admirable. Roger vit son rêve. Nous l’acceptons et n’intervenons pas auprès de lui.

Vous consulte-t-il lorsqu’il s’agit de décisions comme la fin de sa carrière?
Lynette: Ce sont des choses personnelles, elles restent dans la famille.

Vous vous occupez de sa fondation, la Fondation Roger Federer. Votre fils envisage-t-il de s’en occuper lui-même à la fin de sa carrière?
Robert: Il en fera certainement plus. Mais attendons de voir quand il prendra sa retraite et ce qu’il voudra faire à ce moment-là. Nous ne savons pas non plus exactement.
Lynette: C’est déjà super ce qu’il fait pour sa fondation. Par exemple, nous avons été ravis que la vente aux enchères de ses souvenirs, ses objets personnels signés tels que des raquettes, des tenues de match et des chaussures, ait permis de récolter une telle somme d’argent pour de bonnes causes.

Roger n’a-t-il pas aussi éprouvé des regrets à l’idée de donner les nombreux objets personnels qui lui rappellent ses succès?
Robert: Qu'aurait-il dû en faire? Les laisser prendre la poussière dans les armoires? Vous ne pouvez pas tout garder – toutes les chaussures de Wimbledon, toutes les tenus –; vous devez vous limiter aux choses les plus importantes! C’est bien mieux si l’argent va à la fondation. Je pense que c’est génial de la part de Mirka et «Rogi».
Lynette: Environ deux millions d’enfants bénéficient de la Fondation, ce qui montre qu’elle est sur la bonne voie et que nous faisons du bon travail. Et ce malgré le fait que les temps ne sont pas faciles pour les athlètes ou pour la philanthropie. Nous faisons tout notre possible et sommes très actifs tout au long de l’année. D’ailleurs, si les objets de Roger sont restés intacts, c’est surtout grâce à Mirka.
Robert: Oui, l’action à la maison de vente aux enchères Christie’s était l’idée de Mirka. Ce qu’elle a fait là-bas est tout simplement génial. Nous n’aurions jamais pensé qu’il était possible de générer autant d’argent. Nous pensions que ce serait difficile en ces temps de coronavirus. Parce que nous ne savions pas à quoi nous attendre. Nous n’avons pas publié de calendrier Federer en 2020. Mais nous avons récemment décidé qu’il y en aurait un cette année encore.

Comment voyez-vous l’impact de la pandémie sur la carrière de Roger? Une bénédiction en raison de l’absence de blessure ou une malédiction parce qu’il a été privé de l’une des dernières années de sa carrière?
Robert: Je ne pense pas qu’on lui ait volé une année. Cela n’a rien à voir avec le coronavirus.

Avez-vous regretté qu’il ne puisse pas participer aux Jeux olympiques?
Robert: Nous sommes extrêmement heureux pour les deux Suissesses Bencic et Golubic qui ont eu tant de succès à Tokyo. C’était juste génial à regarder. Si «Rogi» avait participé au double mixte avec Belinda, qui sait ce qui aurait pu arriver! Ça aurait pu être quelque chose de génial, c’est sûr.
Lynette: Mais c’est aussi fantastique ce que les vététistes et tous les autres athlètes olympiques suisses ont accompli. Ils ont gagné tant de médailles, c’est génial! Cet été, nous avons également été enthousiasmés par l’équipe nationale suisse lors du dernier Euro de football. Nous vivons le sport en général de manière très intense et avec plaisir.

Que souhaitez-vous à Roger pour son anniversaire et pour son avenir?
Robert: Qu’il reste comme il est.
Lynette: Que lui et sa famille restent en bonne santé et que Roger continue à rayonner de tant de joie. Qu'il continue de suivre son cœur.

Pas qu’il gagne l’US Open?
Lynette: Nous ne pensons pas si loin. C’est ainsi que nous avons toujours procédé: étape par étape, sans jamais nous projeter.

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