Rétrospective 2023
Simona Halep, une histoire qui finit de toute façon mal

La tenniswoman roumaine vient de passer la pire année de son existence, elle qui est soupçonnée de dopage. Elle ne cesse de clamer son innocence et sera jugée définitivement en février. Son histoire a marqué l'année 2023, estime Tim Guillemin.
Publié: 30.12.2023 à 21:01 heures
Simona Halep est en train de livrer le match le plus important de sa vie.
Photo: DUKAS
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Personne ne connaît aujourd'hui le verdict que rendront les juges du Tribunal Arbitral du Sport en février. Simona Halep sera-t-elle reconnue coupable de dopage? Ou sera-t-elle blanchie? La réponse se trouve entre les murs du Palais de Beaulieu et la Roumaine compte les heures et les jours jusqu'au moment où elle saura, enfin.

Les faits: en octobre 2022, l'Agence d'intégrité du tennis annonce que Simona Halep est suspendue pour dopage à la suite d'un contrôle positif lors de l'US Open. Bien plus tard tombe la durée de sa suspension: quatre ans. La Roumaine et ses avocats saisissent alors le TAS, lequel rendra son verdict dans quelques semaines. En attendant, pas d'effet suspensif: la championne ne peut pas jouer. 

Comment rattraper le temps si elle est innocente?

Et se pose alors la question, pour moi, qui est revenue à mon esprit avec insistance lors de chaque tournoi du Grand Chelem en 2023, raison pour laquelle Simona Halep est «ma sportive internationale de l'année»: combien de tournois aurait-elle gagné si elle avait pu les jouer? Et, corollaire: que fait-on si elle est innocentée début février à Lausanne? Comment rattraper ces tournois qu'elle n'a pas pu disputer? Comment réparer l'injustice?

Je n'ai évidemment aucune sympathie pour les personnes dopées et mes souvenirs d'enfance me ramènent à Ben Johnson, dont le nom était synonyme d'infamie chez le jeune garçon que j'étais, tandis que celui de Carl Lewis est pour toujours associé, dans mes souvenirs toujours, à celui d'excellence sportive. En devenant adulte, j'ai cependant appris que les apparences étaient parfois trompeuses et que le noir et le blanc n'étaient pas une évidence. En fait, je suis profondément convaincu que la différence ne se fait pas entre «dopé, pas dopé», mais entre «chopé, pas chopé».

La Roumanie est fière d'elle

Voilà, Simona Halep s'est faite choper, ou en tout les cas elle est aujourd'hui «présumée chopée», ou autre chose, je ne suis pas juriste, mais j'ai eu l'occasion de voir et de ressentir le capital sympathie dont elle dispose en Roumanie, un pays avec une grande culture sportive et que j'avoue apprécier énormément, et, oui, je le confesse, je suis un peu triste que cette histoire se termine mal. Parce qu'elle ne peut que mal se terminer. Soit Simona Halep est innocente et elle aura perdu l'occasion de remporter un troisième Grand Chelem. Soit elle est coupable et les quatre ans de suspension mettront évidemment un terme à sa carrière, elle qui a 32 ans.

Pour l'heure, elle clame son innocence et son entraîneur Patrick Mouratoglou a admis publiquement qu'il avait une grande part de responsabilité dans ce contrôle positif, en ayant fait ingérer une substance interdite à sa joueuse. «Nous avons pu établir d’où vient la contamination. Nous lui avons proposé de prendre du collagène, qui était contaminé, il n’y avait aucun moyen de le savoir. Mais je me sens responsable de ce qui s'est passé parce que c'est mon équipe. C'est donc essentiellement moi qui lui ai apporté ce collagène», a exactement déclaré Patrick Mouratoglou voilà quelques semaines. 

Est-ce que ces déclarations sont crédibles? Simona Halep est-elle innocente? Coupable? Je n'en sais rien et je fais confiance aux juges du TAS pour trancher. Tout ce que je sais, c'est que cette histoire est triste, quelle qu'en soit la fin. Et que l'année sportive 2023 a été moins belle sans la championne de Constanta.

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