Cette salle de restaurant regorge de contrastes. Dans le Start Bar du Lauberhorn, des touristes sont assis à la même table que les meilleurs skieurs du monde et leurs entraîneurs cette semaine. Sur le mur en bois, un ski de course signé par l'Américain Bode Miller attire l'attention. Et sur la tête d'un chamois sculptée est accrochée une combinaison de course du Canadien Manuel Osborne Paradis.
«J'ai une relation très spéciale avec ces légendes de la descente», souligne Beni Scheiber, qui a ouvert ce restaurant il y a 20 ans. Celui-ci se situe juste derrière le portillon de départ de la descente du Lauberhorn. Et c'est pour cela que la plupart des skieurs connaissent Beni.
L'homme originaire de Bâle-Campagne a surtout des souvenirs particuliers avec Bode Miller. «C'était vraiment un rockeur parmi les skieurs. Il restait parfois au bar jusqu'à 4 heures du matin la nuit précédant une course», se souvient Beni Scheiber, qui poursuit en souriant: «Une fois, dans l'aire de départ, Bode Miller, marqué par la vie nocturne, s'est penché sur ses bâtons de ski et s'est presque endormi. Il est alors venu me voir au bar et, contrairement à ses autres habitudes de consommation, il a commandé un thé à la menthe. Après cela, il était à nouveau en pleine forme.»
«Herminator» voulait du AC/DC
La légende autrichienne Hermann Maier a toujours demandé au Start Bar un son particulier au petit-déjeuner, pour atteindre sa température idéale. «Le matin, avant d'aller voir le parcours, mon bar diffusait de la musique folklorique – mais 'Herminator' a demandé du AC/DC. Comme j'aime moi-même le hard rock, j'ai bien sûr volontiers accordé ce souhait.»
Comme Beni Scheiber a le bon feeling pour s'occuper de ces casse-cou intransigeants de la descente, beaucoup reviennent dans le bistrot de Beni, même après la fin de leur carrière. C'est le cas du champion du monde de descente 1997, Bruno Kernen. «Bruno me rend parfois visite en été. Et j'ai vécu avec lui une histoire particulièrement pétillante en 2003.»
Un verre de champagne pour Bruno Kernen
Que s'est-il passé? «Comme une descente a dû être annulée cet hiver-là à Val-d'Isère, deux descentes ont été organisées à Wengen. Avant la première course, j'ai offert à Bruno une coupe de champagne pour lui donner des forces. Il a refusé et s'est ensuite classé troisième. Le lendemain, j'ai à nouveau proposé à Bruno un verre avant le départ de la 'vraie' descente. Cette fois, il a accepté, a bu le verre et a remporté la course.»
Il y a quatre ans, l'ancien patrouilleur a toutefois failli perdre son bar, car une violente tempête de foehn a causé de graves dommages. «70% de l'habitation avait alors subi des dommages, le toit avait été complètement arraché. J'étais sur le point de tout abandonner ici.» Finalement, l'homme de 53 ans a changé d'avis. A la grande joie de nombreuses stars du ski, des entraîneurs et des pisteurs.