Lorsque l'on parle à Vincent Kriechmayr de son triomphe au Lauberhorn l'année dernière, la réponse du skieur autrichien est surprenante. «C'était probablement ma victoire la plus triste. Le sentiment de bonheur que l'on éprouve normalement après un tel succès m'a été enlevé ce jour-là parce que les responsables de Swiss-Ski ont vraiment mis une mauvaise ambiance.»
Pour rappel, ce fils d'agriculteur de la région de Linz a été sifflé par un public d'habitude si fair-play — pendant la course et lors de la remise des prix. Il n'avait pu prendre le départ que grâce à une autorisation spéciale de la FIS.
«Grave et injuste!»
Vincent Kriechmayr n'était arrivé à Wengen qu'après les deux entraînements officiels, à la suite de son infection au Covid-19. Or, selon le règlement, un athlète n'est autorisé à prendre le départ d'une course que s'il a participé à au moins une manche d'entraînement. «Mais selon mes informations, aucun officiel suisse n'a protesté lors de la réunion des chefs d'équipe lorsque j'ai reçu cette autorisation spéciale de la direction de course de la FIS. Personne n'a rien dit non plus lorsque j'ai terminé douzième de la descente raccourcie. Mais ma victoire dans la 'vraie' descente a ensuite été qualifiée de l'un des plus grands scandales de l'histoire du ski. Cela m'a vraiment fait mal.»
L'Autrichien ne décolère pas: «Pour moi, un vrai scandale, c'est Silvano Beltrametti qui – en 2001 à Val d'Isère – s'est retrouvé en fauteuil roulant parce que le filet de sécurité ne l'a pas empêché de s'écraser dans la forêt. Vingt ans plus tard, ma compatriote Nicole Schmidhofer a de nouveau atterri dans la forêt, au même endroit. Que des incidents aussi tristes aient été mis sur le même plan que ma victoire, je trouve cela vraiment grave et injuste.»
«N'importe qui aurait skié»
L'entraîneur de Vincent Kriechmayr, Sepp Brunner, pense que l'ambiance déplorable à Wengen a été en partie responsable de sa contre-performance une semaine plus tard, dans son pays, avec deux 13e place. «Lors des courses de Kitzbühel, les incidents du Lauberhorn l'avaient en tout cas affecté.»
Le principal intéressé corrobore-t-il? «La préparation pour les courses de Kitzbühel n'était vraiment pas optimale à l'époque, car on me parlait sans cesse de Wengen. Mais à un moment donné, je me suis dit que je n'avais rien fait de mal. N'importe qui d'autre aurait skié dans ma situation s'il avait reçu cette autorisation.»
En pleine forme depuis des mois
Le champion du monde en titre de descente et de super-G a retrouvé sa force d'antan après les déceptions de Kitzbühel et des Jeux olympiques de Pékin (6e en super-G et 7e en descente).
A la fin de l'hiver dernier, Vincent Kriechmayr a triomphé en descente et en super-G à Courchevel. Et cette saison, le rival de Beat Feuz a gagné à Val Gardena et sur la descente de Bormio. Il serait donc tout sauf surprenant que Vincent Kriechmayr connaisse enfin le bonheur à Wengen ce week-end.