«Un travail? Non, je ne pense tout de même pas que l'on puisse utiliser ce terme.» Paul Odermatt rigole de la question. Oui, son skieur de neveu représente une grosse responsabilité. Mais le président du fanclub Marco Odermatt joue ce rôle avec entrain. «Donc si c'était vraiment du travail, je dirais que je le fais bien volontiers», sourit-il.
Il faut dire que ce rôle a pris une importance majeure ces dernières années à mesure que le Nidwaldien a gravi les échelons de la notoriété suisse, mais également internationale. «C'est sûr que la majorité des membres est originaire du pays. Mais il y en a de plus en plus qui viennent de toute l'Europe. C'est magnifique de voir toutes ces personnes qui sont unies autour de Marco. Il représente un trait d'union entre tellement de monde. Je suis content de pouvoir faire partie de cette aventure.»
Rupture de stock évitée
Parmi ses mandats, Paul Odermatt en a un particulièrement important: s'assurer que les si populaires écharpes et casquettes soient en tous temps disponibles. «Il ne faut pas faire partie du fan club pour s'en procurer, précise-t-il. La demande est très forte, notamment durant le mois de janvier avec les grandes classiques à Adelobden, Wengen ou Kitzbühel.» Lors de la saison dernière, il a même dû éconduire certains supporters. Rupture de stock. Une issue évitée cette année. «Il y a trois semaines, j'ai dû effectuer une nouvelle commande pour m'assurer que nous en ayons suffisamment jusqu'au terme de la présente saison. Je ne veux pas que des gens soient déçus.»
Et s'il est épaté - mais pas forcément étonné - par l'engouement en suisse allemande, Paul Odermatt remarque avec surprise que de l'autre côté du «Röstigraben», la hype prend bien. «Je sens une poussée de l'intérêt du côté francophone de la Suisse, apprécie-t-il. Les contacts en provenance du Tessin, également, sont plus nombreux. Mais avec les résultats réalisés par Marco, c'est finalement assez logique.»
Paul Odermatt vit la carrière de Marco Odermatt au plus près: «C'est extraordinaire, ce qui lui arrive.» Ce qu'il apprécie le plus chez son neveu? «Il est comme il est. Et il l'est resté, surtout. Il ne joue pas un rôle ou n'a pas besoin de devenir quelqu'un d'autre. Cela lui prendrait trop d'énergie s'il devait se mettre dans un autre personnage. Nous avons des Autrichiens dans le fan club de Marco. Lorsque l'on connaît la rivalité entre nos deux pays, c'est agréable de voir qu'il fédère au-delà des frontières.»
«On ne savait pas où était Marco»
Depuis qu'il est entré dans la cour des (très) grands, Marco Odermatt a droit à toutes sortes de comparaisons. La plus noble de toutes? Roger Federer. Pas de quoi faire frémir son parrain pour autant. «Ce sont les journalistes qui disent ça, rigole-t-il. Pour moi, c'est toujours Marco. Et c'est difficile de comparer deux sports aussi différents que le ski et le tennis. L'aura internationale de Roger Federer était probablement d'une autre dimension.»
Si Marco est aujourd'hui le meilleur skieur du monde, Paul Odermatt n'oublie pas une anecdote sur son protégé. «Après une course sur la montagne du Klewenalp, tous les adultes sont allés au restaurant. Marco, lui, voulait rester dehors pour continuer de skier. Au bout de quelques heures, nous nous demandions tous où il était jusqu'à ce qu'il entre dans la salle à manger en pleurant. Tout le monde avait peur que quelque chose de grave soit arrivé, mais il était juste triste, car il était 16h30 et les remontées mécaniques ont dû fermer. C'est comme si nous lui avions ôté son jouet préféré.»
Parole de Paul Odermatt, cette passion qui animait le petit champion à l'époque est toujours présente aujourd'hui.