«Lors de la remise des prix après la victoire d’Odermatt à Wengen, il y avait énormément de monde. Je n’avais jamais vu cela, même lorsque Beat Feuz a gagné.» L'observation vient de John Nicolet, «voix» du ski masculin pour la RTS et présent sur le cirque blanc depuis de nombreuses années. Depuis sa cabine de commentateur, le Fribourgeois a une position privilégiée pour observer le développement de cet Odi-phénomène.
«Ce qui me frappe le plus, c’est le nombre d’écharpes rouges au nom de Marco Odermatt, précise-t-il. À l’image de la fameuse casquette 'RF' de Roger Federer, les fans sont de plus en plus nombreux à l’arborer.» Le nom du Bâlois est lâché.
Comparaison inévitable
La comparaison avec l’ancien champion de tennis semble inévitable. Mais est-elle légitime? «Je dirais que l’on peut y voir une certaine similitude dans la temporalité de l’intérêt, poursuit le journaliste. Comme Roger Federer en Grand Chelem, Marco Odermatt génère une attention très importante lors des grandes classiques de janvier avec Wengen, Adelboden ou Kitzbühel. À l’instar d’un tournoi ATP 250 à Brisbane pour le Bâlois, je pense que les gens se passionneront moins en fin de saison lors des courses de Kvitfjell. Et c’est normal.»
Si les résultats sont forcément la base de cet engouement, le personnage de Marco Odermatt fédère, notamment par sa personnalité enjouée et souriante. «Il est vraiment comme ça, précise John Nicolet. Il a pris des cours de français pour s’exprimer dans notre langue avec ses coéquipiers romands, mais également pour les interviews. On voit qu’il a envie de parler au plus grand nombre. Si l’on compare avec Beat Feuz, par exemple, c’est le jour et la nuit. Le Bernois ne s'exprimait qu’en allemand lors des conférences de presse. Odermatt, lui, parle dans toutes les langues. Cela fait partie de sa stratégie, mais c’est aussi sa personnalité.» Une personnalité qui n’a pas fini de plaire en Suisse, mais probablement aussi à l’étranger.
Faut-il parier sur Odermatt?
Le ski suisse profite donc à fond de l’effet Odermatt. Mais John Nicolet aussi: «Les gens ne me reconnaissent pas forcément, mais ma voix est associée à ses succès et l’an passé lors des Championnats de Suisse, on m’a même demandé des selfies et un autographe (rires).»
Même dans son entourage, le journaliste ressent un intérêt plus marqué cette année que par le passé. «Ma grand-maman regardait de temps en temps des courses, mais maintenant elle n’en rate plus une», rigole-t-il. Et ces amis davantage footeux sont également tout le temps devant le poste. Il paraît même qu'il est toujours plus sollicité pour savoir s'il faut parier sur Marco Odermatt. La réponse est forcément souvent positive.