Sur la route entre Stans et Buochs, un rond-point est fièrement surplombé d'un Pilatus construit à deux pas de là. Cet avion porte le nom de la montagne surplombant le Lac des Quatre Cantons et fait la fierté de toute une région. Mais petit à petit, ce bout de terre coincé entre neige et eau voit un autre monument supplanter le vénérable Pilatus: Marco Odermatt. Il ne faut d'ailleurs que quelques hectomètres pour s'en rendre compte. Peu après le giratoire orné d'un avion, l'entrée du village adjacent donne le ton. Bienvenue à Buochs, village du champion olympique et champion du monde, Marco Odermatt.
Buochs est une commune du canton de Nidwald, située au bord du lac des Quatre-Cantons.
- Altitude: 435 m
- Superficie: 9,95 km
- Population: 5483 personnes
Buochs est une commune du canton de Nidwald, située au bord du lac des Quatre-Cantons.
- Altitude: 435 m
- Superficie: 9,95 km
- Population: 5483 personnes
Ici, tout le monde semble avoir une histoire le liant de près ou de loin avec le champion. «Quand il fait son jogging au bord du lac, il a toujours le sourire», apprécie un piéton accoudé à une barrière proche du débarcadère de Buochs. L'homme ne veut pas être pris en photo. «Ce n'est pas moi la star, mais Marco, rigole-t-il. Ici, tout le monde est fier de lui.» Mais rares sont les gens voulant voler la lumière à l'idole du coin.
Une star authentique
Au bord du lac, «Der Italiener» est, comme son nom l'indique, un restaurant transalpin. «Odermatt? C'est un peu le nouvel Alberto Tomba.» Francesco s'amuse de son trait d'humour. Serveur dans la pizzeria de Buochs, cet Italien se reprend vite fait. «Non, il est bien plus fort.» Ici, on ne rigole pas de Marco Odermatt, mais avec. «Il venait souvent manger chez nous, apprécie-t-il. C'est désormais un peu moins fréquent. Mais nous le côtoyons encore parfois. Et je peux vous dire qu'il n'a pas changé malgré le succès. Il est toujours aussi sympathique.»
Dans le jardin de la bâtisse, un drapeau a été hissé en l'honneur de Marco Odermatt. Auparavant, l'étoffe affichait fièrement une croix suisse. «C'est un moyen de montrer notre soutien à celui qui fait rayonner notre petit village, poursuit Francesco, qui n'est pas peu fier de l'installation. Cela fait quelques mois qu'il est là et cela nous permet d'avoir un sujet de dialogue avec nos clients. Depuis quelque temps, il est forcément au cœur des discussions.» Ce que les gens apprécient le plus? Sa proximité. Il a certes quitté son village natal, mais pas pour aller bien loin puisqu'il vit désormais à Beckenried, à un planter de bâton de Buochs.
S'il ne vient pas de Beckenried à proprement parler, le Nidwaldien n'en demeure pas moins «le gamin d'ici» pour ces habitués de la Stammtisch du Seerausch Hotel. Attablés au lendemain de sa démonstration lors du géant de Schladming – il est remonté de la 11e à la 1re place en seconde manche –, ces huit hommes refont bruyamment la course. Ici, point de débat. «Lorsque l'on parle politique, tout le monde n'est pas d'accord, rigole Simon, habitant de Beckenried et, forcément, fan de Marco Odermatt. Comment être en désaccord sur ce sujet? Il a du succès, il est sympa et en plus, il est d'ici.»
Des célébrations à Buochs
C'est sur les pentes de Klewenalp que Marco Odermatt a effectué ses premières descentes «sérieuses». C'est aussi ici que la Fédération nidwaldienne de ski alpin continue de chercher ses futures stars. «J'espère qu'on en trouvera encore un comme lui», rigole Rumo Lussi, premier coach professionnel de la pépite et aujourd'hui cantonné à un rôle dans les bureaux. Le technicien est étonné de voir à quel point la cote de popularité de son ancien protégé grandit, même en Suisse centrale.
«Sa première victoire au classement général a été célébrée à Buochs, précise-t-il. Pour la seconde, c'est sur la place du village Stans que cela s'est déroulé. Et même là, tout le monde avait peur que ce soit trop petit pour la foule escomptée.» Par «chance», la météo n'était pas radieuse, ce qui a retenu certaines personnes à la maison. «Pour cette année, je ne sais pas où cela se fera», rigole le dénicheur de talents.
Une chose est sûre, la «Odi-Mania» n'est pas près de s'arrêter. Surtout sur le bord d'un Lac des Quatre-Cantons tout acquis à sa cause. «Il était déjà terriblement apprécié avant de gagner, alors imaginez maintenant, rigole Francesco avant de repartir à son service. Au loin, il parle du drapeau de Marco Odermatt planté dans le jardin. Évidemment. Tout le monde ne semble parler que de lui entre Stans et Beckenried. Et probablement bien plus loin aussi.