Une ascension fulgurante, des chutes violentes et une transformation sensationnelle - la biographie de Cyprien Sarrazin fait penser à un scénario hollywoodien. Avant cette saison, presque personne ne parlait du Français de 29 ans. Mais aujourd'hui, il est sur toutes les lèvres. Et ce n'est pas près de s'arrêter, puisqu'il vient de remporter la première descente de la mythique Streif.
L'homme au surnom évocateur de «Psycho» avait fait parler de lui pour la première fois dans le monde du ski en décembre 2016, lorsqu'il avait battu Carlo Janka lors du slalom parallèle d'Alta Badia. Après cette victoire sensationnelle, Sarrazin ne s'était pas classé dans le top 10 une seule fois pendant trois ans, jusqu'à ce qu'il fasse à nouveau sensation à Alta Badia. Sur la Gran Risa, le fonceur du sud-est de la France avait pris la deuxième place du slalom géant derrière Henrik Kristoffersen.
Ensuite, durant des années, rien ou presque n'a plus fonctionné chez Cyprien Sarrazin. «Le gros problème de Cyprien à cette époque, c'est qu'il se faisait mal une course sur trois parce qu'il prenait beaucoup trop de risques», se souvient le Tessinois Angelo Maina, qui était alors le chef de course du Français chez Rossignol.
Du scepticisme à l'enthousiasme
Jusqu'en 2021, le skieur fantasque s'est focalisé exclusivement sur le géant, jusqu'à ce qu'il prenne pour la première fois le départ d'un super-G à Garmisch. Son résultat n'a alors surpris personne: le Français a chuté pour sa course inaugurale. On comprend aisément pourquoi les entraîneurs français se sont fait du souci lorsque Cyprien Sarrazin s'est essayé pour la première fois à la descente pendant un camp d'entraînement au Chili à la fin de l'été 2022.
Mais le scepticisme s'est rapidement transformé en enthousiasme. Le « skieur fou» a littéralement déclassé ses coéquipiers lors des entraînements de descente, terminant même avec une avance de plus de trois secondes sur Johan Clarey, médaillé d'argent aux Jeux olympiques de 2022.
Cyprien Sarrazin a pu concrétiser ses impressionnants résultats à l'entraînement lors de sa troisième descente de Coupe du monde à Val Gardena, où il s'est classé sixième avec le dossard No... 61.
Depuis cet hiver, le Français est tout simplement en feu. Lors de la descente à Bormio et du super-G à Wengen, il a relégué Marco Odermatt à la deuxième place. Lors des deux descentes du Lauberhorn, seul le Nidwaldien a été plus rapide que lui. Ce vendredi, il a encore passé un cap en remportant la première descente de la mythique Streif. Des performances qui s'expliquent selon lui par «un travail intensif avec le préparateur mental».
Plusieurs frayeurs avant sa descente victorieuse de Kitzbühel
Avant le départ de la première descente à Kitzbühel, le champion olympique Beat Feuz était certain qu'Odermatt et Sarrazin termineraient aux deux premières places. «Sur des descentes aussi difficiles techniquement qu'ici, je ne vois actuellement aucun autre athlète capable de rivaliser avec eux.» Le Bernois n'aura eu que partiellement raison, puisque le Nidwaldien n'a pu faire mieux qu'une troisième place ce vendredi.
Le triomphe de Cyprien Sarrazin est donc total. Angelo Maina n'en reste pas moins inquiet pour son ancien protégé : «Personne d'autre ne prend plus de risques que Cyprien dans les courses. C'est pourquoi je crains que ce ne soit qu'une question de temps avant qu'il ne finisse dans les filets de sécurité.»
Lors de la course d'entraînement de mercredi, le skieur français avait évité de justesse une lourde chute à la sortie du Steilhang grâce à un sauvetage acrobatique. Vendredi en revanche, il a réussi la course parfaite.