Il y avait un air de monde d’avant en Valais ce week-end. Pour la première fois depuis le début de la pandémie de Covid-19, une immense foule s’est réunie sur le Haut-Plateau. Et autant le samedi que le dimanche, elle avait fait le déplacement: les organisateurs ont annoncé plus de 15’000 personnes par jour (même si certains parlent plutôt de 13’000 spectateurs pour le dimanche).
C’est donc un Marius Robyr heureux que nous rencontrons quelques heures après que la dernière skieuse a franchi la ligne d’arrivée. «Le bilan est plus que positif», pour le président du comité d’organisation des épreuves de Coupe du monde. Outre les résultats sportifs – avec la victoire à la surprise générale de Priska Nufer –, le brigadier a parlé d’un «public comme on n’en a jamais vu». Il tient quand même à préciser que, même à huis clos, Crans-Montana «doit organiser des épreuves de qualité.»
Mais sans public, «l’ambiance n’est pas là et la motivation est moindre, déplore Marius Robyr, avant de s’exclamer que le public fait tout et c’est pour ça que je veux lui tirer mon chapeau.» Concernant la pandémie, le président du comité d’organisation préfère «ne pas trop réfléchir». Il espère simplement que tout se passe le mieux possible et précise que personne n’a pu s’approcher des athlètes.
Contraste avec les Jeux de Pékin
Des skieuses qui, de leur côté, étaient aux anges pour le retour du public. Après avoir passé deux semaines à Pékin sans aucune personne dans l’aire d’arrivée, le Cirque blanc a pu retrouver un semblant de normalité. «La Suisse romande profite et tout le monde est excité, racontait Michelle Gisin après la descente de samedi. C’est trop cool de retrouver cette ambiance.» Corinne Suter lui emboîte le pas: «Ça fait vraiment plaisir, après deux années spéciales.»
Et même les Italiennes ont su apprécier l’ambiance en Valais. «Quand on est arrivés et qu’on a vu les images de l’aire d’arrivée, on s’est dit que c’était magnifique, sourit Federica Brignone. En plus aux JO, il n’y avait personne, même pas un speaker. Ici, c’est vraiment beau, j’adore ça.»
Lors des deux descentes, le public est resté en place jusqu’aux derniers dossards. Pour le plus grand plaisir de Noémie Kolly. La Gruérienne est à chaque fois partie après la 30e concurrente. Samedi, elle a chuté. Dimanche, elle a pu rallier l’arrivée et entendre son nom scandé par le speaker. «Je trouve ça génial. Il y a tellement de monde qui me dit 'Je suis de Fribourg' mais que je ne connais même pas. C’est trop cool de voir autant de public, autant de monde qui est venu pour nous.»
«Ça fait du bien de vivre comme avant»
Fribourg, c’est justement de là que viennent Oriane et Kelly. Estavayer-le-Lac et Léchelles pour être plus précis. Les amies profitent de l’appartement des parents de la deuxième nommée situé non loin des pistes pour quitter leur Broye, le temps d’un week-end. «On vient voir le soleil et surtout soutenir les skieuses», sourit Oriane. Mais elles en profitent également pour (re)découvrir les after-ski de la station valaisanne. «Voir les beaux sourires, la joie de vivre des gens… On l’attendait tous», s’exclame Oriane. Et le Covid dans tout ça? Ça ne leur fait «pas du tout peur». «Ça fait du bien de décompresser et de vivre comme avant», conclue Kelly.
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Un sentiment que les deux Fribourgeoises partagent avec Pauline et Benoît. Eux aussi sont des habitués des épreuves de Coupe du monde à Crans-Montana. «J’ai fait pas mal de ski de compétition et j’ai toujours apprécié venir dans ces manifestations», nous explique Benoît. Celui qui dit être de Conthey (VS) – «Alors que ça fait quand même deux ans qu’il habite à Martigny», le coupe Pauline – adore l’ambiance sur le Haut-Plateau. «Le ski, c’est plutôt par lui que je m’y suis mis, confie la Martigneraine. Mais maintenant, j’aime bien regarder, c’est cool. Et surtout, tout le monde est content ici.»
Ils sont venus pour les avions
La dernière étape de notre aventure à travers la foule nous amène vers une famille broyarde, elle aussi. La raison de leur venue dans l’aire d’arrivée est bien différente: «Les avions nous ont motivés à venir», explique Jérémy, le papa. Avec sa femme Magali et leurs deux enfants, Arthur et Agathe, c’est la première fois qu’ils viennent à Crans-Montana. En temps normal, la petite famille habite à Domdidier.
«Hier (ndlr: samedi, pour la première descente) nous sommes allés skier, ajoute-t-il. Mais la Patrouille nous a fait nous déplacer.» Jérémy précise quand même que l’ambiance et la course ont également joué un facteur. «D’ailleurs, s’il y a de la bonne ambiance, on va rester.» Nul doute qu’avec la victoire de Priska Nufer, les Fribourgeois ont prolongé leur séjour au sein de la foule. Et ceci pour le plus grand plaisir d’Arthur, Agathe et leur futur petit frère ou petite sœur.