L’image est belle. Dans l’air d’arrivée, Michelle Gisin demande au public de Crans-Montana de faire plus de bruit pour la gagnante du jour, Priska Nufer. Le speaker s’élance: «Priska» et les fans répondent: «Nufer». C’est la joie en Valais.
Au lendemain de sa superbe quatrième place sur la piste du Mont Lachaux, l’Obwaldienne a encore fait mieux. La plus haute marche du podium, devant une Ester Ledecka déjà victorieuse la veille et une Sofia Goggia en tête du classement de la descente. Autant dire que la victoire de Priska Nufer n’est pas imméritée.
«Je n’arrive pas à décrire le sentiment qui m’habite, souffle la skieuse d’Alpnach. Les émotions sont incroyables. C’est beau de pouvoir pleurer de joie et pas toujours parce que ça ne fonctionne pas.»
Un mois de janvier compliqué
Car la Suissesse revient de loin. En janvier, elle a vécu un mois difficile. «En attrapant le Covid, j’ai vraiment manqué d’énergie, expliquait-elle à l’issue de la descente de samedi. C’était vraiment dur.»
Les Jeux olympiques de Pékin n’étaient pas non plus une partie de plaisir pour Priska Nufer. Non sélectionnée pour la descente, elle a dû se contenter du combiné et avait été éliminée lors de la manche de slalom. «Mais c’est dans des jours comme aujourd’hui (ndlr: dimanche) que je me dis que j’ai eu raison de toujours regarder vers l’avant.»
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La piste du Mont Lachaux, Priska Nufer l’apprécie particulièrement. En 2011, elle avait terminé 4e du super-G lors des championnats du monde junior à Crans-Montana. «J’aime cette piste et j’aime tellement skier ici, sourit la gagnante du jour. D’avoir pu réaliser ces performances, devant ma famille, c’est indescriptible.»
«Elle n’a pas été la plus chanceuse»
Et il n’y a pas que Priska Nufer qui était contente de sa victoire. Tout le clan suisse fêtait la reine du jour. «C’est encore plus beau quand on peut partager les joies d’une victoire avec les autres membres de l’équipe», souligne, modeste, l’Obwaldienne.
Autre Obwaldienne engagée pour la descente, Michelle Gisin portait un énorme sourire sur son visage en mentionnant son aînée: «C’est magnifique, je suis trop contente pour elle.» La relation entre les deux skieuses de Suisse centrale est particulière. «Priska est la fille que je connais le plus dans l’équipe, explique la championne olympique de combiné. On court l’une contre l’autre depuis qu’on a 8 ans. Elle est plus âgée d’un an et, je dois avouer, ça a toujours été mon idole.»
Michelle Gisin parle également des moments compliqués de la carrière de la gagnante sur le Haut-Plateau: «Elle n’a pas été la plus chanceuse dans sa carrière. Souvent, j’avais l’impression qu’un nuage apparaissait dans le ciel bleu au moment pile où Priska devait s’élancer. Je me disais 'Non mais tu rigoles'.»
«Pas une surprise» pour Lara Gut-Behrami
Un sentiment que partage Lara Gut-Behrami. Pour la Tessinoise, la victoire de Priska Nufer n’est pas une surprise, mais une superbe récompense. «Elle a toujours beaucoup travaillé. L’été elle était souvent très rapide. Et des quatrièmes ou cinquièmes places, ça fait plaisir mais gagner c’est différent. Je pense que c’est vraiment génial pour elle. Qu’elle savoure cette journée!»
Dans l’aire d’arrivée, la Fribourgeoise Noémie Kolly a sauté dans les bras de Priska Nufer au moment où elles se sont croisées. «Je suis tellement contente pour elle, elle le mérite. Elle a vraiment vécu un mois de janvier compliqué et je pense que c’était la meilleure réponse qu’elle pouvait apporter.»
Et même le public a su apprécier sa nouvelle championne. De longues minutes après la fin de la cérémonie protocolaire, Priska Nufer arpentait les gradins et saluait les supporters suisses. Le pays s’est trouvé une nouvelle reine en vitesse.