Le compteur devrait finalement rester bloqué à 1446. Mille quatre cent quarante-six jours sans avoir de skieur romand au départ d’une descente de Coupe du monde. Six ans et 8 mois après la der’ de Didier Défago, ils seront même deux skieurs francophones à s’élancer ce samedi sur la piste de Lake Louise. Si les fortes chutes de neige ont empêché la tenue de la première épreuve dans l’Alberta, la météo ne devrait cette fois pas freiner Yannick Chabloz et Justin Murisier. «Je dois dire que je ne m’en n’étais pas du tout rendu compte», avoue le Vaudois (qui a grandi à Nidwald).
«Je n’ai sincèrement pas d’explication», ajoute Justin Murisier, qui a débuté sa carrière en tant que slalomeur avant de bifurquer vers le géant puis désormais la vitesse. «A l’époque, les jeunes ont su se motiver en technique, à l’image des Yule et Aerni. Il y avait peut-être plus d’opportunités dans ces disciplines, poursuit le Bagnard. En descente, il n’y avait plus de Romand. C’est plus difficile de faire passer le message que le haut niveau reste accessible.»
Un Röstigraben
La barrière de la langue n’est jamais simple à gérer dans le giron de Swiss-Ski. D’ailleurs, c’est souvent l’allemand qui l’emporte dans les groupes. «Ce n’est pas le cas pour moi, précise Yannick Chabloz, mais c’est sûr que d’avoir un groupe francophone ça aide. Là, avec Arnaud (ndlr: Boisset) et Alexis (Monney, qui frappent tous deux à la porte de la Coupe du monde également), on est un bon groupe, on s’entend super bien.» Et de ce trio, le Vaudois Gaël Zulauf n’est pas bien loin. «L’ambiance est au beau fixe dans toute l’équipe de Suisse. Les anciens nous tirent vers le haut et les jeunes poussent derrière», se réjouit celui qui partira avec le dossard 47 ce samedi.
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Consciente de la problématique, Swiss-Ski a notamment créé un groupe d’entraînement à Zinal. Sous la houlette de l’ancien champion Franz Heinzer, Arnaud Boisset et Cie doivent toutefois composer avec une féroce concurrence alémanique en Coupe du monde. Avant de marcher dans les pas de Didier Cuche et Défago, ils devront passer devant des skieurs qui performent sur le Cirque blanc. A Lake Louise, ils profitent des absences du duo Kryenbühl-Weber (non-vaccinés), de Carlo Janka (blessé) et de Mauro Caviezel (suite de commotion).
Didier Défago a attendu 31 ans
Du haut de ses 29 ans, l’amoureux de la vitesse Justin Murisier a lui suivi un autre chemin. «Avec mes blessures, je n’ai pas eu l’occasion de m’y imposer plus tôt, mais j’espère faire ma place en descente, oui», ajoute le Valaisan, qui n’hésite pas à donner quelques conseils à Alexis Monney. «Je n’ai rien à leur apprendre sur la manière de skier en vitesse, ajoute-t-il. Mais je suis à disposition pour partager mon expérience.»
Et lorsque l’on sait que Didier Défago n’est monté sur son premier podium en Coupe du monde de descente à 31 ans, la route reste dégagée pour la génération dorée à venir.