Au centre d'Oberperfuss, les discussions sont animées au restaurant M1. Le fait que l'Autriche ait presque 1000 points de retard sur la Suisse au classement des nations blesse visiblement la fierté des trois hommes âgés assis autour d'une table. «Derrière Kriechmayr, il n'y a tout simplement pas de bons jeunes qui arrivent chez nous en ce moment, se plaint Peter. Et ça me rend fou quand les journalistes veulent nous vendre un Autrichien de 25 ans comme un futur talent.»
«Chez les Norvégiens et les Suisses, les vraies pépites ont tout au plus 20 ans», fulmine Fritz. C'est à ce moment qu'Ewald prend la parole. «Peut-être que notre Suisse préféré, Beat Feuz, s'occupera de notre relève après sa retraite?» À cette idée, les trois hommes lèvent leurs verres de bière. Car même si Beat a grandi dans le pays du rival, l'Emmentalois est pour les habitants d'Oberperfer «l'un des nôtres!».
En 2007, Beat Feuz a raflé deux médailles d'or et une de bronze lors des championnats du monde juniors à Altenmarkt-Zauchensee, mais aussi le cœur de Katrin Triendl, une skieuse d'Oberperfer. Il y a trois ans, le champion olympique a fait construire une maison dans cette commune de 3000 habitants, située à quinze kilomètres à l'ouest d'Innsbruck. «Je croise régulièrement Beat lorsqu'il se promène dans le village avec sa poussette. C'est quelqu'un de si gentil, qui ne fait aucunement sa star», s'enthousiasme Ewald.
Le mauvais souvenir d'un policier
Sur le terrain du club de tennis d'Oberperfuss, nous rencontrons cependant un de ses contemporains pour qui Beat Feuz n'est pas du tout synonyme de bons souvenirs. L'homme s'appelle David Zanon et est policier à plein temps dans une unité spéciale. Pendant son temps libre, le Tyrolien est un joueur de tennis passionné. Pendant des années, il a été le meilleur du TC Axams et était mieux classé que «Kugelblitz» dans le classement national, d'environ 2000 places.
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Pourtant, en 2016, il a essuyé la défaite la plus amère de sa carrière face au Bernois lors des interclubs du Tyrol. «Beat a vraiment renvoyé toutes les balles ce jour-là, alors que je n'ai pas pu faire appel à mes véritables capacités. Ce n'était vraiment pas facile pour moi. J'étais désespéré et j'ai prononcé beaucoup de mots qui ne doivent pas arriver à l'oreille des jeunes. Je suis resté dépité après ce match.»
David ne s'est senti mieux que lorsque Beat Feuz a entamé sa série de succès en 2017 – avec une médaille d'or aux championnats du monde à Saint-Moritz. «À partir de ce moment-là, je pouvais au moins dire que j'avais perdu contre un champion du monde», sourit le policier. Le même été, David a presque pu prendre une revanche: «Là, j'ai pu gagner contre Beat en double. Mais nous n'avons plus joué en simple jusqu'à aujourd'hui.»
«Kugelblitz» est aussi bon au poker
Beat Feuz s'est également fait un nom à Oberperfuss en tant que joueur de cartes. Il y a quelques années encore, Hannes Kleissel organisait régulièrement des tournois de poker dans son hôtel. «Beat nous a toujours montré son talent à cette occasion. Je suis convaincu qu'il aurait également eu du succès au poker», affirme l'hôtelier. En l'honneur du skieur suisse, Hannes Kleissel a proposé aux clients de son restaurant un «cordon-bleu Beat Feuz» avec, bien évidemment, de l'emmental. «Ce plat faisait fureur sur notre carte. Mais avec sa retraite, j'ai retiré le cordon-bleu Beat Feuz de la carte.»
Mais certaines choses ne changeront pas à Operperfuss, même après la fin de la carrière du roi de la descente suisse. Cet été, Beat Feuz participera au tournoi de football du village, comme les années précédentes, avec une équipe de son village natal de Schangnau (BE) et ils se feront appeler «les Emmentalois assoiffés».