Si Crans-Montana s’était endormi dans une effervescence polie, mais limitée, vendredi soir, il en était évidemment tout autre ce samedi matin. Dès l’aube, un véritable ballet des bus a pu acheminer les visiteurs venus en nombre pour assister à la descente du jour. Les supporters étaient en effet invités par les organisateurs à laisser leur voiture à Sierre puis à monter en funiculaire afin de limiter les embouteillages dans la station.
Et il faut admettre que cela a fonctionné. En file indienne, on marche, au pas, drapeau suisse dans le sac et bonnet Ricola sur la tête, jusqu’à l’aire d’arrivée. Ah ça, il faut reconnaître qu'il n'y a que nous qui les avons inventés. Au total, 12’500 spectateurs ont été comptabilisés sur les différents sites de la manifestation sur la journée.
Alors que la tribune Crans-Montana se remplit doucement en bas de la piste Nationale, Blick repère un espace délimité en haut à gauche par des drapeaux valaisans. C’est le fan’s club d’Arnaud Boisset qui prend ses quartiers alors que le soleil laisse entrevoir timidement ses rayons sous le ciel nuageux du matin.
Les fans d'Arnaud Boisset quand même présents!
Une sacrée détermination, si l’on considère que le Martignerain a dû mettre un terme prématuré à sa saison après une nouvelle chute lors de l’entraînement de la veille. «C’était mieux comme ça», concède Sébastien. «C’est bien, mentalement, de faire une pause pour tout remettre à plat et revenir frais l’année prochaine.» Pas de quoi entraver la motivation de ses supporters à profiter du week-end? «Non, pas du tout. On avait les billets, de toute façon. Et puis, on tient pour les autres Suisses aussi!»
«On est plus de 500 personnes sur les deux jours», explique Perrine Boisset. La sœur du skieur valaisan est la présidente du fan’s club. «Nous n’avons pas organisé de bus, car de nombreuses personnes habitent déjà tout près. On se voit donc directement ici et on distribue les bracelets d’entrée puis des goodies pour ceux qui n’en ont pas encore récupéré.» Au loin, la nouvelle mascotte des Mondiaux 2027, Tsapé, fait déjà fureur auprès de spectateurs.
«Coup de blanc?»
Un parlant de distribution, une autre tournée se prépare: «Coup de blanc?», demande-t-on à Blick alors que l’horloge indique à peine neuf heures. «Non merci, je suis là toute la journée», répond l’auteur de ces lignes. «Nous aussi», fait-on remarquer en riant. Pas faux.
«Chololololololo Arnaud Boisset», s’exclame le speaker alors que le public prend place dans les tribunes. «Tu vois le DJ sur l’écran?», demande Sébastien. «Il a joué au HC Martigny. Bon, après il est parti à Sierre. Pas grave, ils se sont fait sortir hier soir.» Éclats de rire. Le monde est décidément petit en Valais et c’est dans cette ambiance bon enfant que la Patrouille de Suisse effectue ses premières acrobaties au-dessus de Crans-Montana. L’hymne national, le folklore, le fendant et le bonnet Ricola... tout y est alors qu’il reste près d’une heure à patienter.
Châtel-Saint-Denis dans la place
Quelques marches plus bas, la foule se fait de plus en plus compacte et un autre fan’s club prend ses aises. Mêlés aux supporters valaisans d’Arnaud Boisset, ce sont sans aucun doute les suiveurs fribourgeois d’Alexis Monney qui ont fait le déplacement en nombre. Quand Blick écrit «aucun doute», c’est parce que Xavier et Jacky viennent de prendre place un peu plus loin.
Le visage peinturluré tout en jaune, avec un aigle noir sur chaque joue, ce n’est pas en Simpson qu’ils sont déguisés, ni même en fans de Xherdan Shaqiri, mais en étendard de Châtel-Saint-Denis, la commune d’origine du skieur. «Je peux vous prendre en photo?», demande Blick à Xavier et Jacky. «Tu dois!», répondent-ils en chœur, visiblement sûrs de leur coup. Seule la fiole d’abricotine que Jacky tient à la main vient ajouter une touche valaisanne à ce tableau fribourgeois. «Tu bosses pour le Blickrrr?», demande-t-on à la cantonade. Oui, mais la version romande. «Ah, alors ça va.»
Accents émus
«Est-ce que tout le Valais est avec nous aujourd’hui?», s’écrie le speaker alors que le premier coureur doit s’élancer. Oh que oui. Et toute la Suisse même. Car si le constat a été maintes fois dressé, il fait toujours plaisir quand il saute aux yeux: rien ne ressemble autant à la Suisse que des supporters suisses qui viennent suivre une course de ski en Suisse.
Un peu plus tard, les supporters d’Arnaud Boisset allumeront même quelques fumigènes violets, à la couleur du fan's club. Jacky, Xavier et tous les suiveurs d’Alexis Monney auront même droit à une journée parfaite, puisque leur protégé terminera sur la troisième marche du podium. Au final, pas de déçus, puisque ce dernier sera complété par deux autres compatriotes, laissant tous ces cœurs pieux exprimer leurs accents émus.