Quelques minutes après la médaille de bronze de son ami Roman Mityukov, Jérémy Desplanches a nagé la dernière course en individuel de sa carrière. Extrêmement ému devant les caméras de la RTS, il a craqué devant la presse écrite, lâchant quelques larmes.
Le Genevois est un des plus grands nageurs de l'histoire de la natation suisse. Il a décroché une médaille de bronze aux Jeux de Tokyo et est l'un des (désormais) quatre nageurs à posséder une médaille olympique.
Forcément, c'est un géant de ce sport qui se retire. Mais pas tout de suite puisque samedi matin, il sera aligné sur le relais pour une dernière course (à moins d'atteindre la finale). Il est pourtant presque déjà l'heure de tirer le bilan, juste après son dernier 200 m 4 nages. Interview.
Jérémy, ça fait beaucoup là…
Oui, ça fait trop de choses. J'arrivais à garder mon calme là-bas (ndlr: à la télévision) mais là, je n'y parviens plus… Je ne suis pas déçu. C'est presque des larmes de joie. Ça fait beaucoup d'émotions. Quand tu es pour la dernière fois seul devant un truc de ouf comme ça… C'était 15 ans de ma vie, c'était incroyable. J'aime ça, je l'ai toujours aimé mais il est temps de passer à autre chose. C'est le moment de voir ce que la vie me réserve.
Car maintenant, tu raccroches.
Je m'étais imposé il y a quelques mois d'arrêter après les Jeux. Car si je m'écoute, je repars pour quatre ans. Mais ce n'est pas ce qu'il faut. Je dois passer à autre chose mais c'est dur quand je vois une équipe autant incroyable. Roman m'a fait pleurer tout à l'heure, j'ai perdu tout mon sang-froid alors que j'étais en train de m'échauffer. J'ai fait n'importe quoi.
Tu as vraiment songé à rempiler?
Je me connais. Après les Jeux de Tokyo, c'était incroyable et je suis reparti pour trois ans du tac-au-tac. Si je n'avais pas annoncé ma retraite il y a quelques mois, j'aurais été capable de le redire. Cette vie est incroyable. Elle est dure mais tous les pleurs ou les vomis de douleur valent mille fois la peine. Je me remercie il y a 15 ans de m'être lancé et de n'avoir jamais regardé en arrière. En me disant qu'à la fin, j'allais tirer le bilan… Mais il reste encore une course (ndlr: le relais samedi matin) donc je ne peux pas encore le faire. Mais c'était fou.
Pendant la course, tu as pensé à quoi?
Trop de choses. J'étais hyper concentré mais j'ai l'impression d'avoir passé cinq minutes dans l'eau. J'ai repensé à trop de choses. La finale était de toute façon inatteignable. Je n'ai aucun regret et je vais la regarder depuis les gradins. Il y a trois ans, c'était facile pour moi mais depuis ce moment, je suis passé dans un abysse d'émotions. J'ai vécu beaucoup de choses. Pendant huit ans, j'étais à un très bon niveau et j'ai kiffé ce que je faisais.
De quoi es-tu le plus fier?
Des gens que j'ai rencontrés, des liens que j'ai créés avec eux. Oui, les médailles sont chez moi, dans une boîte et c'étaient des moments géniaux. Mais quand je passe du temps avec les amis que j'ai rencontrés au bord du bassin – que ce soit lors des moments de victoire ou de défaite –, c'est incroyable. À mon mariage, j'ai vu une centaine de personnes que je considère comme des frères et sœurs. Quand on a un doute, il faut y aller les pieds joints et se donner les moyens. Et le travail paie toujours.