L’un des premiers articles hockey sur glace de la version francophone de Blick concernait le HC Ajoie et la difficulté de devenir professionnel en un été. Le défi proposé à Vincent Léchenne, directeur sportif d’alors, était de taille. Mais était-il réaliste? Après cinq mois de crash test, la réponse est négative. Non, ce n’était pas possible de devenir professionnel en un été. En l’état, ce HC Ajoie n’a rien à faire en première division. La déroute 11-0 était embarrassante non seulement pour le club, mais aussi - et peut-être surtout - pour une ligue qui se veut, elle, professionnelle.
En coulisses, certains dirigeants se pensaient capables d’atteindre la moyenne d’un point par match. Sevré de victoire depuis novembre, le HCA totalise 18 unités en 41 sorties: 0,439 point par match. La fin de cette histoire était écrite à l’été dernier déjà. Cette promotion empoisonnée a fait embarquer le club dans une immense galère.
Forcément, il faut trouver des coupables dans ces moments-là. Logiquement, le fusible devait s’appeler Gary Sheehan. On ne peut décemment pas blâmer les Arnaud Schnegg, Bastien Pouilly & Cie. Même après la récente rénovation, les murs de la Raiffeisen Arena continuent d’avoir des trous. Et par ceux-ci, une certitude transpirait depuis quelque temps déjà: Gary Sheehan ne serait pas là en septembre prochain. La quasi-totalité du vestiaire avait cessé d’écouter l’entraîneur.
Marge limitée
Si le HC Ajoie se trouve dans cette situation aujourd’hui, ce n’est pas la faute d’une seule personne. Ni même de deux. C’est simplement une réalité: on ne peut pas monter en National League si facilement. Le HCA est arrivé sur le marché très tardivement et avait une marge terriblement limitée pour se renforcer: les deux nouveaux étrangers. On est en droit de se demander si casser le contrat de Guillaume Asselin à Sierre était une bonne idée. A fortiori pour le faire parapher une entente pour deux ans. Idem pour Jérôme Leduc, lui aussi sous contrat pour l’an prochain.
Ces deux signatures diminuent forcément la marge de manœuvre de Julien Vauclair au moment de faire table rase du passé. Ajoie n’est pas en mesure de racheter des années de contrat à des joueurs. C’est donc avec un quatuor québécois que le HCA entamera sa deuxième saison dans l’élite. Le nouveau directeur sportif pourra engager un ou deux autres étrangers (selon la décision qui sera prise en fin de saison) pour mettre sa «patte».
Nouveau départ
Mais c’est aussi – surtout! – derrière le banc que Julien Vauclair a l’occasion de donner un nouveau souffle. Problème? Qui sera d’accord d’embarquer dans cette aventure bien mal emmanchée? Sans faire injure à qui que ce soit, est-ce que la réponse doit vraiment se trouver parmi les noms qui reviennent à chaque fois qu’un banc est disponible? Non! Bien sûr les Hans Kossmann, Larry Huras, Serge Pelletier & Cie offrent une garantie. Celle de connaître les ficelles. Mais c'est justement le fait de bricoler avec des bouts de ficelles qui fait tant de tort au HCA.
Au lieu de tenter de faire du neuf avec du vieux ne serait-il pas temps de voir ailleurs si la glace n’est pas plus blanche? Ou du moins si une autre approche pouvait amener des résultats différents. Un Eric Landry (Biasca) ne serait-il pas intéressant au moment de lancer une nouvelle dynamique? Selon nos informations, Patrick Emond, ancien coach de Genève-Servette, a été contacté. Sera-t-il tenté par cette aventure? Pas sûr.
Cela fait beaucoup de questions pour Julien Vauclair. Mais en montant à bord le 19 janvier dernier, il savait où il mettait les pieds. Et ce jour-là, il y a fort à parier qu’il était conscient que l’histoire entre le HC Ajoie et Gary Sheehan était déjà terminée.