«Don’t touch the ref'» ou «On ne touche pas à l’arbitre», comme on dit chez nous. C’est cette injonction qu’a enfreint Marc-Antoine Pouliot mercredi dernier. Ce mantra a été traduit en langage juridique aux articles 38 et 39 du règlement de la Ligue suisse de hockey sur glace. Pour s’être rendu coupable d’une collision avec l’arbitre Micha Hebeisen, le Genevois a été mis hors course pour six matches.
La question – en ces lieux – n’est finalement pas de savoir si le joueur fraîchement naturalisé suisse a été trop sévèrement puni ou non. Les joueurs diront plutôt que oui et les arbitres plutôt que non (selon un sondage absolument pas représentatif réalisé par mes soins). Suivant de quel côté de la Versoix on se trouve, les avis peuvent également diverger.
Troisième cas aussi grave
Non, la question est plutôt de savoir pourquoi il y a une si grande différence de traitement entre une agression sur un joueur et une collision avec un arbitre. À compter de la saison 2015-2016 – date depuis laquelle le site www.nlicedata.com collecte les données –, il s’agit de la neuvième suspension pour six matches ou plus sur près de 400 procédures répertoriées. Sauf recours genevois, Pouliot serait le troisième cas de «Abuse of Official» résultant d’une si lourde suspension.
Est-ce à dire que ces actions sont plus graves qu’une charge à la tête? Non mais pourtant, ces cas semblent être jugés bien plus sévèrement. Rappelons que Jonathan Mercier (Genève-Servette) avait récemment écopé de sept matches de suspension avant de voir sa peine être réduite à trois. Comme s’il fallait à chaque fois faire un exemple.
Peu importe le côté du sifflet
Pourquoi les joueurs, eux, ne sont pas protégés de la même manière? Il ne faut pas se pencher trop longtemps dans les livres d’histoire pour trouver des cas. Grâce au dangereux Fabrice Herzog, les occurrences sont nombreuses. Quelques mois après avoir mis un terme à la carrière d’Eric Blum, le Zougois a envoyé Mauro Dufner à l’hôpital. Multirécidiviste, l’ailier international – qui n’aurait jamais dû être sélectionné pour les JO où il aura l'honneur de représenter le hockey suisse – s’en est sorti avec cinq matches de suspension. Pour rappel, le buteur du EVZ en était à son huitième (!) passage devant le juge.
Si Marc-Antoine Pouliot mérite six matches de suspension – et peut-être qu’il les mérite –, alors un énergumène tel que Fabrice Herzog n’aurait jamais dû s’en sortir à si bon compte. Aujourd’hui, les joueurs ne sont pas protégés. Ne «gueulons» pas si les arbitres le sont. C’est une bonne chose. Mais il serait bon d’avoir une échelle semblable peu importe de quel côté du sifflet se trouve une victime.
Et puis une question plus formelle demeure: si, comme l’a déterminé le Juge unique, cette action est à ce point «inexcusable et inacceptable», pourquoi a-t-il attendu trois jours avant d’ouvrir une enquête contre Marc-Antoine Pouliot? Mais ça, c’est une autre histoire.