Grégory BeaudJournaliste Blick

Dans le port d’Helsinki, il n’y a pas de marins qui chantent. Ni même au large d’ailleurs. Mais en fronçant un peu les sourcils et avec un peu d’imagination, on peut apercevoir la Russie. La frontière est à moins de 200 kilomètres par la route. Moins à vol de mouettes. Alors forcément, les discussions et la tension relatives à l’adhésion du pays nordique à l’OTAN sont bien présentes.

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«Lorsque tu viens en Finlande et que tu reçois des alertes sur les menaces russes contre ce pays, cela te fait tout de même te poser des questions, souffle ce supporter lucernois de la «Nati» avec un maillot rouge à croix blanche. Et en même temps, je me voyais mal tout annuler au dernier moment, non?» Rencontré lors du match Suisse – Danemark de dimanche, il a débarqué sur les bords de la Mer du Nord le vendredi et a prévu de rester six jours.

Tournoi perturbé

Il faut dire qu’il y a eu passablement de changement dans ce mondial 2022 en Finlande depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Tout d’abord la Russie et la Biélorussie ont été exclues de la compétition. Ensuite la manifestation a été «délocalisée». De la Hartwall Arena d’Helsinki, les matches du Groupe B ont été déplacés dans le Ice Hall de la même ville. Une enceinte moins fastueuse mais qui possède l’avantage de ne pas être détenue par des oligarques russes.

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C’est dans ce contexte que le championnat du monde s’est préparé depuis plusieurs mois. Et puis, très récemment, il y a eu la volonté de la Finlande de rejoindre l’OTAN couplée à une réponse menaçante de Vladimir Poutine. Ce mercredi, des réservistes finlandais se sont même mobilisés à l’est du pays puisque le pays nordique partage tout de même 1800 kilomètres de frontières communes avec la Russie.

«On en a vu d’autres»

Devant la patinoire, un groupe de supporters romands prend des photos. Tous sont affublés d’un chapeau suisse. Les huit amis avaient prévu ce voyage de longue date. Il faut dire que Baptiste et ses amis sont des habitués de la manifestation, comme en témoignent les habits «commémoratifs» avec les différentes villes visitées. «Nous avions réservé il y a de nombreux mois, précise l’organisateur de la virée finlandaise. Nous n’avons pas vraiment pensé à cette situation au moment de venir. Et on en a vu d’autres.» Parmi les exploits à leur palmarès, une sortie houleuse de Biélorussie sans visa et un interrogatoire par les douaniers locaux. Les huit amis sont restés durant tout le premier week-end de la manifestation et sont, aujourd’hui, déjà rentrés sans encombre au pays.

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Dans les coursives de la patinoire d’Helsinki, les Suisses sont nombreux. Ils représentent même une cohorte vociférante et bariolée. Toujours au pays, ce supporter fribourgeois est en plein préparatifs de ses bagages. L’arrivée est prévue ce jeudi soir. Décollage à 19h de Genève. C’est d’ailleurs ce week-end qu’est attendue la majorité des supporters suisses pour les matches de samedi et dimanche contre le Canada et la France. «Cette situation ne change en rien le fait que je me réjouis de pouvoir à nouveau assister à un Mondial pour la première fois depuis 2019», précise celui qui était présent tant à Copenhague qu’à Bratislava, les deux dernières éditions du tournoi avant la pandémie.

Ce supporter de Gottéron va plus loin. «Cela ne m’inquiète pas, bien au contraire cette adhésion je la vois même d’un bon œil sachant que la Finlande possède beaucoup de frontières communes avec la Russie. Et puis n’oublions pas que la Finlande reste un pays sûr et très stable politiquement.» Un avis qui fait manifestement l’unanimité à un jet de pierre de la Russie.