Taulant Xhaka se confie
«Le décès de ma grand-mère m'a tellement bouleversé»

Taulant Xhaka est à Bâle depuis toujours. Dans un entretien à Blick, il raconte pourquoi il n'est pas allé à la Fiorentina, ce qu'il pense de son nouvel entraîneur et à quel point le décès de sa grand-mère l'a affecté.
Publié: 18.04.2022 à 06:12 heures
Au bord du Rhin, Taulant Xhaka est chez lui.
Photo: Sven Thomann
Stefan Kreis (Interview) et Sven Thomann (Photos)

Blick: Taulant Xhaka, nous sommes à l’endroit où vous avez grandi. Quels sont les souvenirs qui vous reviennent?
Granit et moi jouions tous les jours au football ici, au St. Johanns-Park de Bâle. Et nous devions rentrer tôt à la maison parce que nos parents s’inquiétaient.

Pourquoi vos parents s’inquiétaient-ils?
Parce qu’à l’époque, c’était un quartier de criminels marqué par la drogue, la violence et les interventions de la police. Quand j’ai eu douze ans, nous avons déménagé à cause de cela. D’abord à Birsfelden, puis à Biel-Benken, puis à Binningen. Aujourd’hui, le quartier est méconnaissable.

Vous êtes resté fidèle à votre ville tout au long de votre carrière. Pourquoi n’avez-vous jamais quitté Bâle?
J’aurais pu partir à l’étranger. Lorsque Paulo Sousa a quitté le FC Bâle pour la Fiorentina, il m’a appelé trois ou quatre fois par jour parce qu’il voulait me prendre avec lui. Mais je lui ai dit directement que je resterais à Bâle. Et que je ne pouvais pas m’imaginer porter un autre maillot.

Taulant Xhaka et son frère Granit jouaient tout le temps au football au St. Johanns-Park de Bâle.
Photo: Sven Thomann

La Serie A ne vous aurait-elle pas attiré?
Bien sûr, la ligue m’aurait attiré sur le plan sportif, mais je me sens bien ici à Bâle, les fans me respectent, ma famille et mes amis sont ici. Qu’est-ce que je voudrais de plus?

Votre femme vient-elle aussi de Bâle?
Non, elle est zurichoise… mais elle a déjà adapté son dialecte (rires). Mais ne vous inquiétez pas, elle n’est pas fan du FC Zurich, elle ne s’intéresse pas vraiment au football en dehors du FC Bâle.

À quel point est-ce douloureux de voir le FCZ à la première place?
Très douloureux. Quand nous avons perdu le dernier match contre Zurich (4-2), j'en ai presque perdu la tête.

Vous n’étiez pourtant pas sur le terrain.
Non, mais j’étais terriblement énervé par la défaite.

Votre frère était lui aussi survolté et il s’en est pris à la direction du club sur Instagram.
Granit a réagi sous le coup de l’émotion. Il était en colère après le match. Il est bâlois et sait ce que signifient les matches entre Bâle et Zurich.

Granit a notamment écrit qu’il fallait faire jouer des joueurs qui savent ce qui est en jeu dans un match contre Zurich. De quoi voulait-il parler?
D’émotions, de la volonté de vouloir absolument gagner. De montrer à Zurich que nous sommes le FC Bâle. Mais c’était tout simplement trop peu de notre part. Trop peu d’agressivité, trop peu d’émotions, trop peu de passion.

Depuis le match contre le FCZ, vous avez retrouvé une place de titulaire. Simple coïncidence?
J’ai eu une très bonne discussion avec David Degen après le match à Zurich. Je me suis senti libéré après ça. Et je le ressens aussi sur le terrain et à l’entraînement. Mais c’est l’entraîneur qui fait la composition, pas David Degen.

Depuis, vous n’avez plus perdu. Qu’est-ce qui se passe différemment sous Guillermo Abascal que sous son prédécesseur Patrick Rahmen?
Chaque entraîneur est différent et je ne les compare jamais entre eux. Abascal est quelqu’un qui apporte beaucoup d’émotions, qui veut créer une mentalité de gagnant, à chaque entraînement. Il fait extrêmement attention aux détails, il a beaucoup d’entretiens individuels avec les joueurs.

Mérite-t-il une chance en tant qu’entraîneur principal?
Absolument. À cent pour cent. Il est plein d’élan. Si l’équipe reste plus ou moins la même, nous pourrons attaquer la saison prochaine.

Le fait qu’Abascal ne parle pas allemand ne pose-t-il pas de problème?
Ce n’est pas du tout un problème. Il parle très bien anglais, italien et espagnol. Au football, on n'a pas toujours besoin de beaucoup de mots pour se comprendre.

Mais les résultats ne parlent pas forcément en faveur d’Abascal. Neuf matches, trois victoires.
Nous aurions dû gagner les deux matches nuls contre YB et Saint-Gall. Mais dans le passé, nous perdions encore de telles rencontres.

Le milieu de terrain ne se voit pas porter un autre maillot que celui du FC Bâle.
Photo: Sven Thomann

Mais l’ADN rouge et bleu s’est un peu perdu dans cette équipe.
Avec Liam Chipperfield, nous avons quelqu’un qui vient de notre propre centre de formation, qui s’entraîne très bien, qui est ambitieux, qui pleure après un but marqué pour son FC Bâle. Tu as besoin de joueurs comme ça. L’identification est importante.

Vous avez vous-même assuré une relève potentielle en rouge et bleu il y a deux ans. Comment se passe votre vie de papa?
Depuis que mon fils est là, j’ai beaucoup plus de responsabilités. Tout ce que je fais, je le fais pour lui.

Quelle est l’importance de la famille?
C’est la chose la plus importante dans la vie. Sans mes parents, Granit et moi ne serions pas là où nous en sommes aujourd’hui. Ils nous ont toujours soutenus.

Vous avez perdu votre grand-mère la semaine dernière. Quelle importance avait-elle dans votre vie?
Une importance énorme. Nous étions encore au téléphone, elle allait bien, puis quelques heures plus tard, la nouvelle de son décès est tombée. Cela m’a énormément bouleversé. Il était évident que je devais aller à Pristina pour les funérailles. Granit est lui aussi venu immédiatement.

Deux jours plus tard seulement, vous étiez de nouveau sur le terrain contre Saint-Gall.
Je voulais gagner ce match pour ma grand-mère, car je sais qu’elle l’a regardé de là-haut. L’entraîneur a fait un discours avant le match pour dire que nous voulions gagner ce match pour moi et ma famille. Cela m’a beaucoup touché intérieurement, même si je ne l’ai pas montré. Malheureusement, ça n’a pas fonctionné.

La course au titre est-elle terminée?
Zurich joue encore contre nous ou contre Lugano. Ce sont des matches difficiles. Ce n’est pas fini tant que mathématiquement, ce n’est pas fini.

(Adaptation par Matthias Davet)

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