«Redde Caesari quae sunt Caesaris». Le message du Gradin Nord était clair: le football suisse devait rendre à César ce qui lui appartenait, César définissant ici non pas l'empereur du Valais, ce président du FC Sion qui n'est pas le meilleur ami des ultras valaisans, et inversement, mais bien le peuple valaisan, «propriétaire officiel» de la Coupe de Suisse.
On imaginait plutôt le FC Sion en village gaulois résistant à l'envahisseur (le reste du pays), mais soit, le message était clair: les joueurs du FC Sion sont priés d'aller jusqu'au bout, le 2 juin 2024, et de ramener la Coupe à la maison, c'est à dire sur la Planta.
Grasshopper est la première formation de Super League à tomber
Les ultras valaisans ont été jusqu'au bout de leur démarche, après leur tifo du début de match: ils ont donné de la voix avec une ferveur impressionnante, suivis parfois par les tribunes latérales, ce qui n'est jamais anodin, et Tourbillon a eu droit à une soirée de rêve, de celles qui peuvent lancer une saison.
De l'ambiance, 10'021 spectateurs annoncés (l'entrée était gratuite), des shows pyrotechniques du plus bel effet (tant pis pour les amendes, c'était beau à voir) et, surtout, une victoire valaisanne face à une formation de Super League, de quoi faire naître des ambitions déraisonnables partout ailleurs, mais parfaitement assumées en Valais. Oui, Sion veut aller en finale, et la gagner. En tout cas, ses supporters le veulent.
Le vendredi, c'est mieux que le dimanche
Quel stade helvétique, sincèrement, peut proposer une ambiance pareille pour un 16es de finale de Coupe de Suisse? Tourbillon a quelque chose d'unique quand il prend feu ainsi, et le public valaisan s'est déjà habitué à ces matches du vendredi soir, bien plus électriques pour l'atmosphère que ceux du dimanche après-midi. A la fin de la semaine de boulot, deux bières au bar, voire quatre ou dix, puis le stade, l'après-match et le week-end de libre derrière: que demander de mieux? Même le secteur visiteurs était bien rempli, la preuve que le vendredi, à l'autre bout du pays, c'est possible aussi.
GC, en tout cas, n'a pas attendu la 90e pour accepter son élimination: les Sauterelles ont abdiqué dans la tête dès l'heure de jeu, peu après le 2-0, de Dejan Sorgic, devenant la première équipe de Super League éliminée de cette édition de la Coupe de Suisse.
Le match a d'ailleurs été bien maîtrisé par le FC Sion, qui a laissé la possession de balle à Grasshopper en première période, sans trop trembler. Les Sauterelles n'ont en effet pas fait grand chose du ballon, seule une mésentente entre Joël Schmied et Timothy Fayulu ayant failli leur apporter une ouverture du score qui serait tombée de nulle part.
Le doublé opportuniste de Dejan Sorgic, buteur en panne de confiance jusque-là
Sion a bien réagi, se créant une première occasion par Dejan Sorgic (22e), avant que le même avant-centre ne frappe de chaque côté de la pause avec un opportunisme que ses coéquipiers ne lui connaissaient pas cette saison (45e 1-0, 56e 2-0). Un doublé pas forcément très esthétique, mais très efficace, et l'essentiel est bien là. Le penalty de Reto Ziegler, au bout des arrêts de jeu, est venu donner encore un peu plus d'allure à cette qualification impceccable.
Grasshopper? Quelques fulgurances de Theo Corbeanu, fin technicien, un peu d'impact grâce à Francis Momoh, mais peu, bien trop peu, pour espérer atteindre les 8es. Le FC Sion, au final, s'est qualifié tranquillement et logiquement et attend sereinement le tirage au sort.
Une chose semble d'ores et déjà claire: aucun club de Super League n'aura envie d'être désigné pour aller jouer à Tourbillon, ce qui est déjà un immense progrès en soi, puisque l'an dernier, chaque équipe de première division se réjouissait de son séjour en Valais où les trois points étaient assurés en étant un minimum sérieux, tant le FC Sion s'enfonçait un peu plus dans le ridicule à chaque rencontre. Cette année, les choses semblent avoir changé.