Non, plus rien ne peut l’ébranler. Paolo Tramezzani a déjà vécu trop de choses dans sa vie pour cela. Il est rapidement devenu une star et a joué plus de 100 matches en Serie A, dont 34 pour l’Inter Milan. Le pire qu’il lui est arrivé dans sa carrière de joueur, ce sont deux ans à Tottenham, période durant laquelle il a joué six petits matches avec les Spurs.
Un bon verre de vin
En tant qu’entraîneur, par contre, l’Italien passe d’un extrême à l’autre. Le point culminant de sa carrière: son dernier emploi en Arabie Saoudite, dans le club d’Al-Faisaly. Il se situe dans la ville d’Harma, au milieu du désert, à deux heures en voiture de la capitale Riyad. «Ce n’était pas toujours facile, se souvient Paolo Tramezzani. Pour moi, mais surtout pour ma famille.» Les femmes sont toujours considérées comme des personnes de seconde zone en Arabie Saoudite.
Paolo Tramezzani cite des exemples: «Harma est une ville d’un autre temps. Il était préférable que ma femme et ma fille vivent dans la métropole moderne de Riyad. Être séparé n’était pas facile en soi. Et ce n’était pas mieux quand on était ensemble. Lorsque je suis allé chercher Lisa (ndlr: sa femme) à l’aéroport, je n’ai pas été autorisé à l’embrasser car c’était contraire à la coutume. Nous devions entrer dans des restaurants par des entrées séparées. Et il n’y avait pas d’alcool. Combien de fois nous sommes-nous regardés dans les yeux et avons pensé: Ce que ce serait bien de profiter d’un bon verre de vin en ce moment… Bien sûr, il y a le marché noir, mais c’est un risque élevé.»
La ghettoïsation des femmes
Lisa Tramezzani a également dû endurer beaucoup de choses dans le stade. «Depuis quelques années, les femmes sont tolérées. Mais elles sont toutes entassées dans un coin. Littéralement ghettoïsé. Et elles ne sont pas autorisées à quitter ce secteur non plus.»
Les problèmes de Paolo Tramezzani étaient un peu moins graves: «Je devais porter des pantalons longs et des chemises à manches longues même lorsqu’il fait plus de quarante degrés. C’était infernal!» Il y avait également les règles de la prière: «Lorsque le muezzin de la mosquée lançait l’appel à la prière à quatre heures et demie ou à six heures et quart, tout s’arrêtait. Même au milieu d’un entraînement. En tout, les musulmans prient sept fois par jour.»
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En tant qu’entraîneur en Arabie saoudite, l’Italien a dû être extrêmement flexible. Néanmoins, il s’agit d’une expérience merveilleuse que Paolo Tramezzani ne changerait pour rien au monde. «Une telle expérience vous rend plus riche, plus grand, vous vous sentez mieux. Sans y avoir vécu, vous ne pouvez pas savoir à quel point la réalité y est complètement différente. Et qui sait, peut-être qu’un jour je reviendrai. Et si Sion n’avait pas appelé, je serais probablement encore à Harma.»
Première expérience: le cancer de sa femme
Son «amour fou» pour le Valais commence à se développer lors de sa première pige à Sion, après une saison très réussie avec Lugano. Mais cela ne commence pas bien. «C’était le moment le plus difficile de ma vie. On a diagnostiqué un cancer à Lisa. Christian Constantin m’a énormément soutenu. Il a personnellement veillé à ce que Lisa se rende chez les meilleurs spécialistes à Berne afin de se faire opérer. Cela m’a rapproché encore plus des gens d’ici.» Dieu merci, Lisa va bien maintenant, souffle Paolo Tramezzani. Les contrôles récents n’ont rien montré d’anormal. «Nous sommes très confiants.» Lisa vient de rentrer d’Arabie Saoudite. «Car Emily (ndlr: sa fille) devait terminer son trimestre scolaire. Et parce que Lisa est responsable des déménagements. Elle a tout organisé et s’est assurée que les chiens et les chats arrivent en toute sécurité.»
Après seulement quatre mois et seize matches, Tramezzani est remercié par le FC Sion. L’homme de 51 ans met alors le cap sur l’Apoel Nicosie. À Chypre, les entraîneurs ont une espérance de vie encore plus courte qu’à Sion. Lorsqu’il perd le premier match de sa seconde saison à Nicosie, cela lui coûte son emploi. Au total, cinq entraîneurs se sont succédé sur le banc de de l’Apoel cette saison-là.
Deuxième expérience: il n’aurait pas dû partir
Son engagement avec Livourne est également une mission suicide, qui a pris fin après sept matches sans victoire. C’est alors que Paolo Tramezzani fait son premier retour à Tourbillon. L’équipe valaisanne est en danger de relégation, comme toujours ces dernières années. Il réussit son sauvetage. Treize rencontres pour rester dans l’élite in extremis, avec un déplacement décisif à Genève. Et la suite? Un clap de fin inattendu. «Le club m’a fait une offre que je n’ai pas acceptée. C’était une erreur, reconnaît-il. À l’époque, je n’avais pas suffisamment réfléchi à la situation globale du club face à la pandémie. Le fait que l’on en soit arrivé à une séparation est entièrement de ma faute.»
Désormais, il est de retour à Sion pour la troisième fois. Pourquoi? «Parce que Christian Constantin m’a appelé, c’est tout. Et je vais vous avouer quelque chose: j’aurais refusé tous les autres clubs. Lorsque les médias italiens ont considéré mon retour à Sion comme une fuite de l’Arabie saoudite, ce n’est pas tout à fait vrai. J’aurais pu continuer là-bas, et j’aurais voulu. Mais quand Sion appelle…»
Tramezzani aime le Valais
C’est un peu fou. En Suisse, il y a des dizaines d’entraîneurs qui ont juré de ne jamais travailler sous les ordres de CC. Pourtant, l’Italien est totalement amoureux de…? «Sion, c’est un endroit spécial. C’est une obsession pour moi. J’adore le club. J’aime la ville. J’aime être ici. Je ne me suis jamais senti aussi à l’aise ailleurs dans le monde.»
Un amour qui lui permettra de battre le record de Didier Tholot, à la tête du club sédunois pendant 603 jours? «Bien sûr, ce serait super pour moi de rester ici pendant aussi longtemps, de pouvoir dire en mai prochain qu’après six saisons compliquées, Sion a enfin connu un exercice de qualité. Sans être en danger de relégation. Même si ça s'annonce difficile compte tenu des équipes qui évoluent en Super League cette année.»
Après les cent jours les plus fous de sa vie en Arabie Saoudite, il débarque à Sion. Pas commode ce Paolo Tramezzani.