Vincent Kompany, l'ancien défenseur de classe mondiale et actuel entraîneur de Burnley, est visiblement très énervé après la défaite à domicile contre Bournemouth (2-0). Lorsqu'on lui fait remarquer que le football est le sport le plus injuste du monde, le Belge se contente de secouer la tête. Il sait que cette défaite était évitable pour cette ville de 80'000 habitants du nord de l'Angleterre.
Burnley a clairement été la meilleure équipe pendant 90 minutes, a eu des chances de remporter la victoire, mais a manqué d'efficacité en attaque. Ce n'est pas la première fois cette saison. «Zek», comme Kompany appelle son attaquant suisse Zeki Amdouni, doit maintenant faire le nécessaire lors des prochains matches, selon l'entraîneur de Burnley. En guise d'adieu, le joueur de la Nati reçoit une tape d'encouragement sur l'épaule.
Kompany observe Amdouni depuis des années
L'attaquant de l'équipe de Suisse ne peut pas se racheter directement, mais il n'a pas fondu en larmes à cause de cette défaite imméritée. «Le football n'est pas toujours facile, mais dans des moments aussi difficiles, nous devons nous serrer les coudes.» Selon le Genevois, l'esprit dans le vestiaire est bon malgré 20 revers en 27 matches. Chacun des quelque 20'000 fans présents à Turf Moor, ce stade inauguré en 1883, sait néanmoins que le promu du comté de Lancashire se trouve sur la voie directe du retour en Championship, la deuxième division.
Malgré les soucis liés à la relégation, Amdouni ne regrette pas son changement. Parce qu'avec Kompany, c'est son grand promoteur qui est sur la ligne de touche. Un entraîneur qui mise sur lui sans condition. Amdouni a été titualirés lors de 25 des 26 matches de Premier League. Contre Bournemouth, il ne vient que comme remplaçant, car il a dû être remplacé une semaine plus tôt en raison d'une blessure.
«Nous observons l'évolution de Zeki depuis son passage à Lausanne, et il était déjà une option pour nous à l'époque», explique son entraîneur. Amdouni confirme que le premier contact a eu lieu il y a plus de deux ans, lorsque Kompany était encore entraîneur à Anderlecht. Mais un changement aurait été trop tôt à l'époque, selon le joueur: «Je voulais d'abord faire mes preuves en Super League. À mon âge, il est important de jouer le plus souvent possible.»
L'ascension fulgurante
Cela a plutôt bien fonctionné. Au lieu de partir à l'étranger, Amdouni a rejoint le FC Bâle et est devenu en l'espace d'une saison l'attaquant le plus chaud que le marché du football suisse ait à offrir. 27 buts en 52 matches, demi-finale de la Conference League, transfert vers le promu de la Premier League. Pour plus de 18 millions.
L'histoire extraordinaire d'un jeune homme mis à l'écart à 13 ans par Servette. Qui jouait encore en 1re ligue à l'été 2019 avec Étoile Carouge. Qui croyait toujours qu'il pouvait devenir joueur professionnel. Le dernier footballeur de rue de Suisse. «Il a une qualité incroyable, c'est un joueur presque complet. Il est bon des deux pieds, de la tête, c'est un bon passeur, un joueur d'équipe, à l'écoute, qui a envie d'apprendre», dit son entraîneur de l'époque à Carouge, Jean-Michel Aeby.
Pas de rancune envers Rieder
Des mots que Kompany rejoint également. Celui-ci estime que des joueurs comme Amdouni, qui ne sont pas issus d'une académie, ont souvent ce petit plus: «Parce qu'ils ont plus d'espace pour grandir.» Mais il ne veut pas faire l'éloge de son attaquant. Parce qu'il n'est pas quelqu'un qui veut mettre l'accent sur un joueur en particulier, explique l'ancien défenseur de Manchester City. Mais les distinctions individuelles font partie du football. Kompany lui-même a notamment été élu footballeur de l'année en Belgique et «Player of the year» en Premier League.
En revanche, Amdouni a été ignoré au début de l'année lorsqu'il s'agissait de récompenser le meilleur jeune joueur. Bien qu'Amdouni ait marqué six buts en onze matches internationaux, qu'il ait atteint les demi-finales de la Conference League avec le FCB et qu'il ait été transféré dans le meilleur championnat du monde, le prix a été attribué à l'ancien joueur de YB et actuel de Rennes Fabian Rieder. Comme cela ressemble à une mauvaise blague, Amdouni a confirmé le choix sur Twitter avec trois émojis clowns. C'est le contexte qui lui importait, explique Amdouni. Parce qu'il avait été nommé à la fois comme meilleur joueur de l'équipe nationale et comme meilleur jeune joueur, et qu'il n'a remporté aucune distinction. Selon le jeune homme de 23 ans, son tweet n'a jamais concerné Rieder. «J'aime bien qu'il ait ce prix.»
Il n'a pas de rancune. Il n'en a pas besoin. Après tout, il a donné sa réponse sur le terrain. Dans la meilleure ligue du monde. En tant que titulaire. Qui était son adversaire le plus coriace? «Declan Rice d'Arsenal, c'est un vrai costaud», sourit Amdouni. Il n'a pas réussi à marquer un but contre les Gunners, mais en a marqué quatre cette saison. Tandis que Burnley n'en a marqué que 25 en 27 matches.