Quinze malheureux petits jours et l'une de mes résolutions 2024 est déjà rangée aux vestiaires. Je m'étais promis d'essayer de ne plus (trop) m'énerver pour des choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. Et lundi soir, paf! Quelques heures avant la cérémonie des Oscars du foot suisse, la Swiss Football Night, je reçois un communiqué de presse m'annonçant les lauréats et lauréates. J'ai cru m'étouffer.
Passons sur les élections des joueurs «Super League» et «Challenge League» de l'année, qui nous condamnait, en tant que votants, à des choix par défaut. C'est ce qui arrive lorsqu'on ne doit se baser que sur les performances de l'année civile, ET choisir des joueurs évoluant toujours dans la ligue en question. Pour la deuxième division, aucun joueur d'Yverdon-Sport, champion de Challenge League, ou du Stade-Lausanne-Ouchy, ne pouvait ainsi être élu. Pareil pour la Super League et un Zeki Amdouni par exemple, parti l'été dernier mais qui a marqué plus de buts en une demi-saison que le lauréat, Meschack Elia, en une année complète. Ça paraît évident: lorsqu'on parle de championnats, ce sont les performances d'une saison qu'il faudrait consacrer. Même lorsqu'on organise sa grande soirée de gala en janvier.
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Mais il y a bien plus choquant: les choix incompréhensibles effectués par un jury «des entraîneurs des diverses équipes nationales de l'ASF» pour le titre de joueur et espoir suisse de l'année.
Pour commencer, il est indéfendable, en 2023, de ne pas honorer le premier joueur suisse de l'histoire à avoir, dans la peau d'un titulaire indiscutable, remporté cinq titres majeurs: Champions League, Premier League, Coupe d'Angleterre, Supercoupe UEFA et Coupe du Monde des clubs. Manuel Akanji, en regardant toutes ces médailles dans sa vitrine, se consolera certes rapidement d'avoir été snobé, mais il n'oubliera pas.
Une mauvaise foi crasse
Pour le trophée de l'espoir de l'année, le jury a réussi à faire encore plus fort. Il faut être d'une mauvaise foi crasse pour préférer Fabian Rieder, déjà sacré en 2022, à Zeki Amdouni. Cette année, le Genevois a inscrit sept buts en sept matches à élimination directe d'Europa Conference League, emmenant le FC Bâle aux portes de ce qui aurait été la première finale européenne de l'histoire d'un club suisse, tout en inscrivant dix buts en Super League et cinq lors de ses quatre premières sélections en équipe de Suisse A. Après son doublé contre la Roumanie au mois de juin, il a prolongé sa saison marathon en disputant l'Euro des moins de 21 ans, l'un de ses deux buts poussant l'Espagne, futur finaliste, aux prolongations lors des quarts de finale.
Comme Rieder, Amdouni est ensuite parti à l'étranger. À Burnley, dans le meilleur championnat du monde. Il y compte aujourd'hui vingt titularisations, contre deux pour Rennes à l'ancien Bernois. Cette année tout bonnement exceptionnelle lui a d'ailleurs valu d'être parmi les trois, avec Xhaka et Akanji donc, nommés au titre de joueur suisse de l'année. Pas suffisant en revanche pour être le meilleur espoir. Ne cherchez pas la logique, il n'y en a aucune.
Jamais rien n'a été offert à Amdouni
Ne soyons pas dupes: Comme lorsque Messi est élu «the Best» de l'année 2023 devant Erling Haaland, les votes des personnes appelées à donner leur avis ne sont pas uniquement sportifs. Lorsqu'on est «dans le milieu», on craint toujours que son vote ne soit pas vraiment secret. On fait donc le choix qui nous causera le moins de problèmes. Le capitaine de l'équipe nationale est un choix «safe», tout comme celui de Rieder. Voter Amdouni, c'est reconnaître qu'on n'a pas été capable, à l'ASF, de détecter son talent durant toutes ses années de formation. Le Genevois n'a débuté en équipe nationale qu'en M20. Le «petit prince» Rieder y est depuis les M15. Amdouni, le sait bien: jamais rien ne lui a été offert.
Nul doute que le Genevois regrette déjà les deux emojis clown publiés sur Instagram sous le coup de la déception. Et qu'il s'est rapidement concentré sur son quotidien: le terrain. Prouver, encore et toujours, et continuer à fermer des bouches. Comme lorsque, snobé par Servette, il est passé en quatre ans de la Première Ligue à la Premier League. Dans deux semaines, il affronte Manchester City et Akanji en championnat. Ils tiennent leur premier sujet de discussion.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |