La pandémie n'est pas terminée
La finale de l'Euro de football sous l'ombre du variant Delta

La progression du variant Delta du coronavirus, extrêmement contagieux, fait craindre que les festivités de la finale de l'Euro 2020 de football, qui s'est disputée dimanche soir en Angleterre, n'amplifie la dissémination du Covid-19.
Publié: 12.07.2021 à 06:43 heures
Les festivités de la finale de l'Euro, ici un groupe de supporters réunis près de Trafalgar Square à Londres, font craindre une amplification de la dissémination du Covid-19.
Photo: Peter Morrison

Alors que le Royaume-Uni fait face à une flambée de cas liés au variant Delta, dominant dans le pays, plus de 60'000 spectateurs ont assisté au choc Italie-Angleterre, remporté finalement par l'Italie, au stade de Wembley près de Londres.

La jauge y avait été portée à 75% pour l'occasion et où «un petit nombre de personnes» sans billet ont réussi à entrer, selon la police londonienne et un porte-parole du stade. Des milliers d'autres supporters anglais s'étaient rassemblés dès le matin autour de l'enceinte pour participer à la fête, émaillée par quelques incidents.

Impossible de respecter la distanciation

«Des gens sont inquiets car certains d'entre eux ne portent pas de masque», s'est inquiétée Yvette Reinfor, une institutrice de 49 ans habitant près du stade de Wembley. «C'est gênant mais il y a aussi une belle ambiance».

De fait, quasiment aucun masque de protection n'était visible aux alentours et il était impossible de respecter la distanciation dans un espace aussi réduit, au sol couvert de gobelets, cannettes et bouteilles d'alcool vides.

D'autres fans s'étaient réunis ailleurs en Angleterre, chantant et brandissant drapeaux et banderoles, notamment à Newcastle (nord-est), Liverpool (nord-ouest), Norwich (est) et Leicester (centre).

À Rome, le port du masque plus obligatoire en plein air

En Italie, dès le coup de sifflet final, des foules de supporters ont fêté le sacre des «Azzurri». A Rome, les fans de football ont célébré leur deuxième étoile européenne par un concert de klaxons et de cornes de brume, dans un nuage de fumigènes; des milliers de tifosi drapés dans les flammes tricolores vert-blanc-rouge quittant les fan-zones pour converger sur la Piazza Venezia. Rares étaient ceux qui, dans la foule, portaient des masques, dont le port n'est plus obligatoire en plein air depuis la fin juin.

Les rassemblements engendrés par cette grande fête du football, surtout ceux en intérieur, inquiètent les spécialistes, en particulier au Royaume-Uni où presque toutes les restrictions ont été levées et où 30'000 nouveaux cas quotidiens ont été enregistrés sur la semaine écoulée.

«Il est possible, probable même, que des régions très peu touchées par l'épidémie au Royaume-Uni se retrouvent ensemencées par des supporters revenant de Londres», prévient Antoine Flahault, le directeur de l'Institut de santé globale à l'université de Genève. «Le variant Delta arrive sur le continent européen. Il semble difficile à contrer tellement il est transmissible. L'Euro n'arrange rien».

Le variant menace aussi la reprise

La propagation de nouveaux variants du coronavirus fait aussi peser des risques sur l'économie mondiale, ont averti les Etats-Unis et l'ensemble du G20. Une mise en garde identique avait été lancée la veille par les ministres des Finances du groupe.

«Nous sommes très inquiets concernant le variant Delta et d'autres variants qui pourraient émerger et menacer la reprise», a déclaré dimanche à Venise (Italie) la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen. «Nous sommes dans une économie mondiale connectée, ce qui se passe dans n'importe quelle partie du monde affecte tous les autres pays».

Pour tenter de contrer cette propagation, les dirigeants des 20 nations les plus riches du monde ont appelé à accélérer la vaccination, s'engageant à faire davantage pour soutenir en ce sens les pays en développement. Alors que 70% de la population est vaccinée dans certains Etats développés, ce chiffre est de moins de 1% pour les pays les plus pauvres, a souligné le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Réintroduction des restrictions sanitaires

De nombreux pays, comme l'Espagne, les Pays-Bas ou la Thaïlande, ont déjà décidé de réintroduire des restrictions sanitaires. Et lundi, à Séoul, les restrictions les plus draconiennes que la capitale de la Corée du Sud ait connues depuis le début de la pandémie entrent en vigueur pour deux semaines. Il sera notamment interdit de se rassembler à plus de deux après 18h00 et les écoles seront fermées, de même que les bars et les discothèques. Mercredi, Malte deviendra le premier pays européen à fermer ses frontières aux voyageurs non vaccinés.

En France, le président Emmanuel Macron pourrait annoncer lundi de nouvelles mesures face aux assauts du variant Delta, en passe d'y être majoritaire, tandis que l'Argentine a prolongé les siennes jusqu'à début août et que le Pérou l'a fait pour l'état d'urgence, qui restera en vigueur un mois de plus, jusqu'à fin août.

(ATS)

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