Bâle, quelques minutes avant le départ pour Florence. «Tenez, c'est pour vous, les journalistes», crie Michael Lang en tendant un paquet de chocolat. Le capitaine du FCB, Fabian Frei, jette un regard incrédule à son défenseur: «Après tout ce qu'ils ont écrit ces derniers jours, tu leur fais quand même des cadeaux?»
La phrase de l'international suisse est limpide: la couverture médiatique autour du match de Super League contre le FC Zurich n'a pas plu aux pensionnaires du Stade Saint-Jacques. Beaucoup d'encre a coulé après la fin de rencontre houleuse, achevée par trois cartons rouges pour les Rhénans et un incroyable craquage de Taulant Xhaka, qui lui vaut huit matches de chômage technique en championnat.
Voilà pourquoi le FC Bâle n'avait prévu ni interview, ni chocolat pour les journalistes. De toute façon, qu'aurait pu dire Taulant Xhaka de plus? Qu'il n'aurait pas dû agresser Antonio Marchesano au visage? Et éviter son coup de boule dans le buste de Nikola Katic? Le frère aîné de Granit le sait très bien: un joueur professionnel doit savoir garder ses nerfs.
Il aurait pu jouer pour... la Fiorentina!
Tout cela, le joueur de 32 ans l'a de toute façon déjà écrit sur Instagram, en précisant que sa famille avait été insultée. Or, chez les Xhaka, celle-ci passe avant tout. Le FC Bâle est aussi sa famille, à laquelle il est resté fidèle, hormis un bref passage à GC. «J'aurais pu partir à l'étranger, expliquait-il à Blick voici un an. Quand Paulo Sousa est allé à la Fiorentina, il m'a appelé trois ou quatre fois par jour pour m'emmener avec lui. Mais je lui ai directement annoncé que je resterais à Bâle. Je ne peux pas m'imaginer porter un autre maillot.»
C'est donc affublé de bleu et de rouge, et non du chandail violet des Toscans, que Taulant Xhaka va entrer sur la pelouse ce jeudi soir, pour la demi-finale aller de Conference League. Et Heiko Vogel s'en réjouit. «En dehors du terrain, il s'occupe des jeunes. Sur la pelouse, il est mon bras armé, mon prolongement. Il dirige, fait des remontrances, donne des félicitations», explique l'Allemand.
«Tout le monde fait des erreurs»
Et parfois, aussi, il perd son sang-froid. Comme dimanche contre le FC Zurich. «Tauli est un joueur fondamentalement émotionnel. J'ai discuté avec lui, je sais que si c'était à refaire, il agirait autrement, assure Heiko Vogel. Mais il faut être deux pour un débat et les joueurs du FCZ ne l'ont pas vraiment caressé dans le sens du poil. Ce qu'a fait Taulant est inexcusable, et il le sait, mais tout le monde fait des erreurs.»
Cette erreur-ci a des conséquences: huit matches de suspension en Super League, et donc une saison terminée prématurément alors que le FC Bâle lutte pour les places européennes. Y aura-t-il une amende à l'interne? «Nous devons en discuter, mais il est clair que nous ne pouvons pas tolérer de tels agissements», répond le coach du FCB.
En attendant, les Rhénans ont d'autres chats à fouetter: ils peuvent écrire l'une des plus belles pages du football suisse, ce jeudi soir au stade Artemio-Franchi, face à une Fiorentina habituellement maudite à ce stade des compétitions continentales, mais qui pourra compter sur le retour d'Arthur Cabral, ancien coéquipier de Xhaka au... FC Bâle.