Toni Kroos n'aura pas profité de sa toute nouvelle retraite sportive très longtemps. Alors que le monde du football saluait unanimement la carrière du numéro huit du Real Madrid, ce dernier s'est retrouvé bien malgré lui au centre d'une polémique. Seulement deux jours après l'élimination de la Mannschaft en quarts de finale de l'Euro (défaite 2-1 face à l'Espagne), des comptes d'extrême droite ont repris des propos de Toni Kroos – invité il y a trois jours dans le podcast «Lanz & Precht» de la chaîne ZDF – en les déformant.
«Ce n’est peut-être plus l’Allemagne qu’elle était il y a dix ans (...) Je pense que nous avons tout simplement sous-estimé cette idée (ndlr: l'immigration) et, qu’en fin de compte, elle était tout simplement trop incontrôlée.» Ce sont ce genre d'extraits qui ont circulé sur les réseaux. Sélectionnés soigneusement ou parfois modifiés, ils ont été relayés par les cercles d'extrême droite. Toni Kroos évoque également son choix de vivre en Espagne plutôt qu'en Allemagne. Pourquoi? L'Allemagne serait devenue trop dangereuse – notamment pour sa jeune fille qu'il n'imagine pas marcher seule le soir dans la rue d'une grande ville.
Une campagne d'extrême droite
Des propos qui ont rapidement été repris dans la presse allemande et internationale. «Dérapage», «Toni Kroos s'en prend aux migrants», «Toni Kroos cible l'immigration», peut-on ainsi lire.
Problème: les citations sont pour la plupart partielles ou déformées, la faute notamment à une récupération fallacieuse de milieux d'extrême-droite allemands. En réalité, Toni Kroos a avoué penser que «l’Allemagne est un pays formidable, mais ce n’est peut-être plus l’Allemagne qu’elle était il y a dix ans.» L'ancien international s'est aussi dit heureux que l'Allemagne puisse «accueillir les gens à bras ouverts».
Sa réflexion est en réalité plus modérée que ce qui a été relayé: «On a sous-estimé le fait que tout le monde ne peut pas être bon pour nous, et que si l’on n’est pas capable de distinguer ceux qui sont bons pour nous de ceux qui ne le sont pas, cela finit par causer des problèmes qui conduisent les Allemands à être de plus en plus divisés. Même si l’idée que ces gens, dont nous avons évidemment besoin, puissent venir, est sensationnelle.»