Que le football est beau, et comme il peut être cruel aussi, suivant la perspective que l'on prend et le côté où l'on se place. Meilleure équipe depuis le début de l'Euro, l'Espagne l'a emporté au bout du suspense ce vendredi à Stuttgart face à l'Allemagne et disputera sa demi-finale face à la France ou au Portugal mardi à Munich.
Un but de Mikel Merino à la 119e est venu pétrifier 90% des 52'000 spectateurs du stade de Stuttgart, tout en envoyant une légende du jeu, Toni Kroos, à la retraite. L'Allemagne, choquée, n'arrivait pas à croire à ce scénario dans son Euro et n'avait plus que les yeux pour pleurer. Le speaker est même sorti du protocole officiel, ce qui lui vaudra peut-être une remontrance, pour faire acclamer celui qui entre aujourd'hui déjà dans l'histoire du jeu comme l'un des meilleurs joueurs allemands de tous les temps. Le public de Stuttgart ne s'est pas fait prier, mais Toni Kroos n'avait pas le coeur à fêter ou à leur répondre, lui qui a toujours placé le collectif avant tout, jusqu'au tout dernier moment.
Huit cartons jaunes de chaque côté!
Ce duel a été âpre, indécis, furieux parfois, et s'est conclu avec un bilan de huit cartons jaunes pour l'Allemagne (dont un pour chacun des cinq joueurs entrés en jeu!) et huit pour l'Espagne, avec un carton rouge à Dani Carvajal à la 120e, ce qui en dit long sur le niveau d'engagement et de tension! L'arbitre Anthony Taylor n'a d'ailleurs pas été très inspiré dans cette rencontre et, s'il est le meilleur Anglais du week-end, alors l'équipe de Suisse n'a pas grand chose à craindre samedi à Düsseldorf.
L'Allemagne, qui a tout donné pour espérer revenir dans les tout derniers instants, n'y est pas parvenue et a donc manqué son pari un peu fou, celui de remporter son Euro. Cette équipe revient de trop loin, elle qui, il y a une année encore, accumulait les résultats négatifs et, si elle a montré de belles choses depuis le 14 juin, elle avait aussi trop de lacunes et trop peu de certitudes pour aller au bout, sans doute.
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Le match? D'entrée, Toni Kroos a voulu montrer qu'il ferait tout pour que Stuttgart ne soit pas le lieu du dernier match de sa carrière: le milieu de terrain a mis deux sévères boîtes à Yamine Lamal et à Pedri, le deuxième nommé devant d'ailleurs sortir après quelques minutes à peine. La sanction pour l'Allemand? Aucune! Pas un carton jaune, à peine une remontrance d'Anthony Taylor, lequel aurait probablement été plus sévère avec un autre joueur. Clairement, le numéro 8 de la Mannschaft s'en sortait trop bien sur ce coup.
Une première mi-temps un peu fade
Les Allemands, d'ailleurs, ont voulu en imposer de manière globale aux Espagnols, mais n'ont pas réussi à trouver la faille. Jamal Musiala était trés (trop) discret à la création et, malgré le soutien constant d'un public très enthousiaste et très bruyant, la Mannschaft ne parvenait pas à emballer la rencontre. L'Espagne, elle, restait tranquille, tout en maîtrise, sans en faire trop malgré quelques escarmouches de l'excellent Nico Williams et la pause était atteinte sur le score, logique, de 0-0.
Dani Olmo ouvre la marque dès le début de la deuxième mi-temps
La Roja a fait une première différence dès le retour des vestiaires, à la 51e, une passe précise de Yamine Lamal trouvant Dani Olmo, seul face à Manuel Neuer. La reprise du milieu offensif, qui avait remplacé Pedri dès le début du match, était parfaite et l'Espagne menait 1-0.
La Mannschaft, consciente de l'urgence, a alors mis le turbo et Julian Nagelsmann n'a pas attendu pour faire entrer Niclas Füllkrug, l'homme qui avait sauvé un point face à la Suisse dans les arrêts de jeu en phase de groupe. Une bonne idée, visiblement, puisque l'Allemagne a mis soudain beaucoup plus de pression sur le but espagnol et s'est créée plusieurs belles occasions. La rencontre s'enfllammait enfin et Robert Andrich, lui aussi entré en jeu et bien servi en retrait par Niclas Füllkrug, voyait son bon tir de la 70e être sauvé par Unai Simon.
La Mannschaft a mis une pression folle
L'Espagne, fidèle à sa réputation, cherchait à cacher le ballon, mais la pression mise par l'Allemagne l'empêchait d'y arriver. Niclas Füllkrug a touché le poteau sur un centre de Florian Wirtz (76e), un lob de Kai Havertz est passé de très peu au dessus du but déserté par Unai Simon (82e) et l'Espagne commençait vraiment à se dire que les minutes passaient lentement.
Florian Wirtz fait exploser le stade
L'égalisation, mille fois méritée, est tombée à la 89e grâce au pied droit de Florian Wirtz après une remise de la tête de Joshua Kimmich. Le stade de Stuttgart entrait alors en fusion, le banc allemand, remplaçants et staff compris, pénétrant de vingt mètres dans le terrain pour fêter cette égalisation et l'on se demandait alors ce qui pourrait bien se passer de plus fort si d'aventure l'Allemagne venait à gagner cet Euro. 1-1 et place aux prolongations, malgré deux nouvelles possibilités pour la Mannschaft dans les arrêts de jeu.
L'Espagne, littéralement assommée pendant les vingt dernières minutes du temps réglementaire, a profité des quelques instants de répit avant les prolongations pour reprendre ses esprits et tenter de remettre son jeu en place. Cela a été le cas, la Roja parvenant enfin à reposer le pied sur le ballon et les débats s'équilibrant dès le début des deux fois quinze minutes supplémentaires. Mikel Oyarzabal envoyait une belle frappe, vicieuse, pas loin du poteau de Manuel Neuer (103e) pour la première belle occasion des prolongations, Florian Wirtz lui répondait dans la foulée (104e) avec le même genre de tir, mais le score en restait à 1-1 après 105 minutes.
Niclas Füllkrug a eu la balle de match à la 117e
La deuxième mi-temps des prolongations a elle été dominée par l'Espagne face à une Allemagne visiblement fatiguée, avec un Toni Kroos au bord des crampes. La Roja monopolisait le ballon, sans se créer de grande occasion. C'est même l'Allemagne, par l'intermédiaire d'une tête de Niclas Füllkrug, qui s'offrait la balle de match à la 117e, mais Unai Simon a pu dévier l'envoi de l'Allemand. Et, deux minutes plus tard, alors que tout le stade de Stuttgart se préparait pour une séance de tirs au but terrible, Mikel Merino, entré en jeu à la 80e à la place de Nico Williams, venait glacer tout le monde, en inscrivant le 2-1, d'une tête parfaite, devant les 5000 spectateurs espagnols aux anges. Quel scénario, quelle cruauté, quelle beauté!