La célébration qui a suivi son premier but avec la Nati ne correspond pas du tout à Dan Ndoye (23 ans). Après avoir marqué contre l'Allemagne (1-1), l'ailier sort les griffes et rugit en direction de la caméra. «Au Sénégal, on décrit souvent les gens comme des lions. Depuis que je suis petit, mes parents me décrivent comme un lion, donc c'est pour ça que c'est ma célébration ce soir», a expliqué après le match le fils d'une Suissesse, Virginie, et d'un Sénégalais, Saliou.
Dan Ndoye, un lion, vraiment? «Quand il était jeune, Dan a toujours été plutôt réservé et timide», explique son ancien entraîneur Sébastien Bichard, l'homme sans qui rien n'aurait été possible. «Pour Dan, il n'y avait toujours que le foot, le foot et encore le foot», se souvient l'actuel entraîneur de Clermont, qui a encadré le jeune Dan pendant des années au sein du centre de formation du Lausanne-Sport. «Sur le terrain, il n'a pas perdu son côté enfantin jusqu'à aujourd'hui. Pour lui, le football est avant tout un plaisir», estime Sébastien Bichard, que le père Saliou décrit aujourd'hui comme «un ami de la famille».
«Le départ à Nice est arrivé trop tôt»
Il n'est pas étonnant que Dan Ndoye cite Neymar, un Brésilien, comme son grand modèle. Mais sur le plan du caractère, l'ailier de la Nati ne semble pas imiter son idole. «Dan est toujours le même garçon qu'à l'époque», dit Sébastien Bichard. Le fait que d'anciens coéquipiers de sa jeunesse comme Andi Zeqiri ou Bryan Okoh comptent encore aujourd'hui parmi ses amis les plus proches va dans le même sens.
Sébastien Bichard n'est pas surpris de voir son ancien protégé prendre un tel envol à l'Euro. Quand Dan Ndoye ressent de la confiance, il la lui rend toujours. Le premier à avoir accordé sa confiance à Ndoye dans le football professionnel est Giorgio Contini. L'ailier a fait ses premières apparitions en Challenge League avec le Lausanne-Sport au printemps 2019 sous la direction de l'actuel assistant de l'équipe nationale. Et le jeune talent, rapide comme une flèche, a tellement convaincu qu'après sa première saison complète, il part déjà pour le club partenaire de Nice.
«Rétrospectivement, je pense que cette étape était trop précoce», explique Sébastien Bichard. Certes, Dan Ndoye est régulièrement aligné dans le sud de la France, mais presque jamais en tant que titulaire. Après le licenciement de Patrick Vieira, son temps de jeu diminue encore sous la direction de son successeur Adrian Ursea. Ainsi, au terme de la première saison, il joue certes 37 matches, mais compte seulement un peu plus de 1000 minutes de jeu.
De belles performances européennes avec le FC Bâle
C'est trop peu pour Dan Ndoye, qui décide de prendre une décision inhabituelle. A 20 ans, il retourne en Suisse. «Pour lui, il était extrêmement important de jouer d'entrée», explique Sébastien Bichard. Le transfert en Super League était donc la bonne décision. Au FC Bâle, Dan Ndoye est certes d'emblée titulaire, mais il ne parvient pas non plus à décoller. Beaucoup de vitesse, un physique impressionnant, mais aussi des problèmes récurrents dans la prise de décision. Il est alors plus un joueur de complément qu'un leader performant.
Mais cela va changer lors de sa deuxième saison au FC Bâle. Au niveau européen, il fait toujours des apparitions remarquées et joue un rôle déterminant dans l'élimination de son ancien club Nice en quart de finale de la Conference League par les Bâlois. Il se met à exploiter son potentiel d'un coup.
Même la presse italienne s'enthousiasme.
Ainsi, l'été dernier, de nombreux clubs de grands championnats frappent à sa porte. Le Vaudois de Saint-Prex décide de partir à Bologne, car il se sent en confiance dès le premier contact. Pendant deux mois, le club d'Emilie-Romagne s'efforce de le recruter. Et à la deuxième tentative, l'aventure à l'étranger se concrétise. A Bologne, le Suisse est titulaire dès le début, et même une blessure musculaire n'arrête pas son ascension.
Après une première saison exceptionnelle, Bologne couronne sa saison par une qualification sensationnelle pour la Ligue des champions, avec 32 matchs de Serie A à l'actif de son ailier suisse. Mais son plus grand moment en Italie jusqu'à présent, Dan Ndoye le vit en Coupe, où il marque en prolongation en huitième de finale pour une victoire 2-1 contre l'Inter Milan. «Une tornade, un diable, une lame», écrit la «Gazzetta dello Sport» quelques jours plus tard.
David Degen fait confiance à Dan Ndoye pour un transfert à l'Inter
C'est justement l'Inter qui serait très intéressé par l'engagement de Ndoye. Mais le transfert vers le champion d'Italie ne serait-il pas un peu prématuré? «S'il sent la confiance de l'entraîneur, il peut aussi s'imposer à l'Inter», est convaincu Sébastien Bichard. Un transfert ne devrait toutefois pas intervenir avant la fin de l'Euro. Car malgré son premier but en équipe nationale, Dan Ndoye lui-même n'est pas entièrement satisfait de ses performances jusqu'à présent. «Il est très critique envers lui-même et veut toujours s'améliorer», dit Sébastien Bichard.
Les déclarations de Dan Ndoye après le match contre l'Allemagne vont dans ce sens: «Je veux avant tout être performant et décisif pour l'équipe, même si je ne marque pas de but». Mais personne ne s'opposerait à un nouveau rugissement du lion contre l'Italie. Même si cette célébration ne correspond pas du tout à l'attitude réservée du Vaudois.