Un match nul au Danemark (0-0), une victoire en Irlande (1-0): en deux matches, l'équipe de Suisse n'a pas pris le moindre but et s'est rassurée défensivement. Murat Yakin le sait: le chantier est énorme en attaque, où son équipe peine à se créer des occasions et a dû s'en remettre à un coup de patte magique de Xherdan Shaqiri pour marquer à Dublin. Au-delà de ces constats évidents, plusieurs hommes ont marqué des points ces derniers jours. D'autres, par contre, en ont perdu.
Les gagnants
Fabian Schär a un nouveau statut
Titulaire tant à Copenhague qu'à Dublin à droite de la défense à trois de Murat Yakin, le défenseur de Newcastle a été tout simplement brillant. Il avait pourtant deux partenaires différents à chaque fois, mais il a été constant et aussi fort défensivement qu'inspiré à la relance. La Nati a eu droit au défenseur de Newcastle et celui-ci a assumé ses propos, lui qui réclamait de la confiance. Il a répondu présent et tout fait pour gagner sa place de titulaire à l'Euro, même si rien n'est acquis pour lui. Murat Yakin peut très bien imaginer démarrer avec Ricardo Rodriguez, Manuel Akanji et Nico Elvedi, mais, au moins, Fabian Schär a prouvé qu'il était prêt à être sur le terrain et performant, avec le bon état d'esprit. Il est le plus grand gagnant de ce rassemblement.
Xherdan Shaqiri, décisif et indispensable
La Nati a marqué un but en 180 minutes, grâce à Xherdan Shaqiri bien sûr. On peut tout dire, tout écrire, et tout est vrai: il n'a plus le coffre pour jouer sur un côté, il ne tient même plus 90 minutes en MLS, il n'est plus aussi explosif, il n'est pas fit... Toutes ces phrases sont correctes. Et pourtant, il est encore décisif. Et il est l'arme offensive la plus sûre de l'équipe de Suisse encore aujourd'hui.
Yvon Mvogo, fiable et concentré
Son entrée à Copenhague n'avait rien d'évident à assumer. En dix minutes, il a dû se préparer et entrer face à un adversaire de valeur, ce qu'il a parfaitement fait. Il a également gardé sa cage inviolée en Irlande et, même s'il n'a pas eu d'arrêt très compliqué à faire, il s'est montré très autoritaire dans les airs et très concentré pour diriger sa défense. De plus, son importance dans le groupe est louée par ses coéquipiers et par le staff. Le duel est acharné entre Gregor Kobel et Yann Sommer, le deuxième étant le titulaire indiscutable dans l'esprit de Murat Yakin. Sans prendre parti, en restant à sa place, le Fribourgeois contribue à apaiser les esprits et prouve sur le terrain qu'il est un recours fiable. Murat Yakin a de quoi être tranquille.
Vincent Sierro a pu montrer qui il était
Sans surjouer, sans en faire trop, Vincent Sierro a réussi une bonne partie face à l'Irlande. Il s'est montré serein, calme, et a pris ses responsabilités balle au pied, mais aussi dans le replacement défensif. Murat Yakin a aimé ce qu'il a vu de la part du Valaisan et il l'a dit. Il n'y a aucune raison qu'il ne soit pas pris à l'Euro. S'il ne l'est pas, c'est parce que ses concurrents auront élevé leur niveau en club en cette fin de saison à venir. Lui, en tout cas, n'aura rien à se reprocher: le boulot, il l'a fait.
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Les perdants
Noah Okafor, encore
Titulaire au Danemark, il a traversé la partie comme une ombre. En Irlande, entré en cours de match, il a sabordé deux possibilités de contre et effectué une entrée globalement très insuffisante dans l'intelligence de jeu. Etait-ce lui que Murat Yakin a fustigé après la rencontre en disant que certains joueurs l'avaient déçu? Sans doute. En tout cas, le sélectionneur a parlé ouvertement de Haris Seferovic et de Joël Monteiro en conférence de presse, ce qui n'est pas anodin. Murat Yakin a parlé juste: la Nati a un problème en attaque, symbolisé par les deux prestations indigentes de l'attaquant de l'AC Milan.
Eray Cömert a perdu du crédit
Si la Suisse part à l'Euro dans l'idée de jouer en 3-5-2, ce qui sera le cas, alors il faudra six défenseurs centraux. Manuel Akanji, Nico Elvedi, Ricardo Rodriguez et Fabian Schär ont leur billet assuré. Et les deux autres? Becir Omeragic est une option intéressante, mais il y en a d'autres. Eray Cömert a eu sa chance de prouver sa valeur ce mardi à Dublin, mais il est passé à côté de son sujet. Il n'a pas marqué des points. Paradoxalement, Becir Omeragic, en ne jouant que dix minutes, en a peut-être marqué plus par défaut...
Les détracteurs de Murat Yakin
Evidemment, l'équipe de Suisse n'a pas été flamboyante durant ces deux matches, mais il ne faut pas oublier d'où elle revient! L'amélioration est réelle, tant dans la solidité défensive que dans l'état d'esprit et Murat Yakin semble avoir appris de ses erreurs et compris que les errements de l'automne étaient aussi les siens. Sa liste était cohérente, bien construite et équilibrée, faisant la part belle au mérite. Ses compositions d'équipe l'étaient tout autant et ses leaders, Granit Xhaka en tête, ont prouvé ne pas l'avoir lâché. L'équipe de Suisse est meilleure en ce mois de mars qu'elle ne l'était à l'automne dernier. Encore heureux, diront certains, et ils ont raison. Mais le risque était grand de voir cette équipe se déliter après cette campagne de qualifications insuffisante. Cela n'a pas été le cas et c'est déjà une victoire.