Impossible de laisser les émotions de côté en pénétrant dans le stade de Tourbillon en ce samedi soir de demi-finale de Coupe de Suisse: le FC Sion a eu droit à un accueil royal de la part de ses supporters, que ce soit avant le match sur le parvis, ou dans l'enceinte elle-même.
Il y a toujours une part d'irrationnel en Coupe, surtout quand il s'agit du FC Sion, et l'entame de match en a été une nouvelle preuve. Comment le onze de Didier Tholot, si inoffensif ici-même face à Nyon voilà dix jours, ou aussi fébrile à Thoune lundi dernier, allait-il pouvoir bousculer la meilleure équipe de Super League depuis le début de l'année? En mettant les ingrédients nécessaires à un exploit, ce qui a été le cas lors d'une entame de match aussi superbe que furieuse de la part de Reto Ziegler et de ses coéquipiers.
Une entame de match furieuse pour les Valaisans
Dejan Sorgic, après une action merveilleuse entre Cristian Souza et le toujours très fin Ali Kabacalman, aurait pu ouvrir le score, mais Amir Saipi a réalisé ce qui était, déjà, l'arrêt de la soirée et le tournant du match, après à peine deux minutes de jeu. Tourbillon grondait encore plus! L'exploit, déjà largement envisagé, devenait probable dans l'esprit de la majorité des spectateurs. Et si ce Lugano si solide en championnat s'écroulait sous la pression d'un stade? Un espoir s'emparait fou de l'enceinte sédunoise, renforcé par une frappe d'Ilyas Chouaref (7e), puis une action solitaire à la 24e du même milieu offensif français, lequel remarquera sans doute en regardant son solo en vidéo qu'il aurait pu (dû?) servir un coéquipier au cours de l'action.
Sion a logiquement baissé de rythme
Lugano ne faisait de loin pas le fier lors de cette entame de match, mais la vérité est que Sion ne pouvait pas tenir à ce rythme. Les Valaisans, après cette entame furieuse, ont reculé et laissé les Tessinois s'installer dans leur camp, pour mieux essayer de les frapper en contre. La partie se calmait, l'ambiance descendait d'un cran, et les hommes de Mattia Croci-Torti pouvaient respirer, enfin, eux qui étaient proches de l'asphyxie en début de match.
La volée sublime de Yanis Cimignani à la 45e
Mais comme toujours, ou presque, les Bianconeri ont puni ceux qui n'ont pas su les atteindre. La volée de Yanis Cimignani à la 45e était d'une pureté telle que le stade s'est tu et que même le très bruyant Gradin Nord, juste derrière Timothy Fayulu, s'en est retrouvé pétrifié l'espace de cinq secondes. Dans la foulée, Urs Schnyder sifflait la pause. Lugano, sans avoir rien fait pour, se retrouvait devant au score. Les Tessinois sont cliniques, cyniques, efficaces.
Didier Tholot décidait de ne rien changer pour attaquer la deuxième période, lui qui était privé de deux titulaires au coup d'envoi, à savoir Théo Bouchlarhem (remplacé numériquement par Cristian Souza) et Kevin Bua. Comme attendu, le FC Sion s'est aligné dans son traditionnel 4-2-3-1, avec un double pivot composé d'Ali Kabacalman et de Baltazar.
Un penalty controversé pour le deuxième but luganais
Le scénario semblait clair du côté du FC Lugano, qui voulait plus que tout ne pas encaisser l'ouverture du score et se retrouvait dans sa configuration préférée: celle de l'équipe qui peut attendre et contrer. Le suspense, d'ailleurs, n'a pas tenu plus de cinq minutes, le temps qu'il a fallu à Zan Celar pour doubler la mise sur un penalty accordé à Ousmane Doumbia pour une faute (très légère, pour rester extrêmement poli...) de Cristian Souza. La décision d'Urs Schnyder (qui n'avait pas la VAR, pour rappel) a rendu le banc valaisan, Barthélémy Constantin en premier lieu, fou de rage, et les tribunes de Tourbillon sont devenues encore plus incandescentes. Loin d'abattre les Valaisans, ce penalty les a révoltés et ils sont repartis à l'assaut de plus belle, ayant dès lors 40 minutes pour combler ce retard de deux buts.
Didier Tholot décidait d'opérer son premier changement à la 70e, faisant entrer son joker préféré Liam Chipperfield, l'homme qui est pour l'instant décisif seulement quand il entre en jeu, pour Cristian Souza. Sion, poussé par son formidable Gradin Nord, ne lâchait rien. Joël Schmied passait près de la réduction du score dans la continuité d'une balle arrêtée (72e), Dejan Sorgic butait à bout portant sur un grand Amir Saipi (73e) et Lugano passait alors un très sale moment, même avec deux buts d'avance.
Lugano, maître dans l'art de gérer les fins de match
Les dernières minutes ne donnaient quant à elles rien. Sion voulait, mais ne pouvait pas, et Lugano faisait ce qu'il adorait: gérer une fin de match en menant au score. Les Tessinois sont des maîtres dans cet exercice si particulier et les dix dernières minutes, plus les arrêts de jeu, ne leur ont servi qu'à démontrer une fois plus leurs talents artistiques dans ce domaine. Les voilà pour la troisième année consécutive en finale de la Coupe de Suisse! Tourbillon s'éteignait gentiment, sans avoir vécu une nouvelle soirée magique, mais avec le sentiment d'avoir tout donné. Joueurs comme supporters.