Au départ, l'entretien avec Didier Tholot aurait dû porter principalement sur ce qui le fascine en Valais au point qu'il y travaille déjà pour la quatrième fois. Pourquoi il comprend Christian Constantin bien mieux que tous les autres entraîneurs avant lui. Pourquoi on l'a surnommé Mister Cup. Mais la conversation a pris une tournure inattendue dans la mini-salle de presse improvisée du FC Sion.
Retour au 22 novembre 2023, date à laquelle Didier Tholot a manqué l'entraînement pour la première fois de la saison. Il se disait qu'il était à l'hôpital. Le président Christian Constantin avait alors déclaré à Blick: «Didier avait des douleurs au dos qui lui semblaient suspectes. Il est donc allé voir le médecin, qui a demandé un examen cardiologique». Celui-ci consistait en une échocardiographie effectuée à l'hôpital, un type d'examen qui permet de détecter des dysfonctionnements des ventricules et des oreillettes. Didier Tholot a dû y passer la nuit. «Mais on n'a rien trouvé de suspect», poursuit CC. Quelques jours plus tard, Tholot a rejoint l'équipe. Mais la vérité était bien différente.
En marge de cet aveu, la conversation tourne autour du vin. Logique pour quelqu'un qui vit à Bordeaux, la métropole mondiale du vin, et qui travaille en Valais, le plus grand canton viticole suisse.
Quels sont vos vins préférés: ceux du Valais ou ceux de Bordeaux?
Didier Tholot: Malheureusement, je ne peux pas boire de vin blanc. J'ai vite fait d'attraper une tendinite. Je sais à quel point le blanc est bon ici. Mais il y a aussi de bons syrahs ici, ainsi que du merlot et du pinot noir. Je les aime tous. Mais le Valais et le Bordeaux ne sont pas comparables. Donc en France, ma préférence va au Saint-Emilion ou au Médoc. Et ici, au vin valaisan.
Est-ce que vous buvez un verre après les matches? Comme le font de nombreux grands entraîneurs?
J'aime bien boire un verre de vin. Et je profite de la vie. Il n'y a pas si longtemps, elle a failli se terminer de manière brutale.
Pardon?
Oui. Mon arrêt cardiaque en novembre.
Un arrêt cardiaque? On m'a dit que ce n'était pas dramatique. Des problèmes de dos. Et puis un examen de routine.
Au club, on ne voulait pas faire peur aux gens. On n'en a donc pas parlé publiquement. Et je ne voulais rien dire non plus, parce que ce sont des choses qui arrivent souvent. Ce n'est pas parce qu'on est médiatisé en tant qu'entraîneur de football qu'il faut le raconter partout. Mais j'étais à deux doigts de la mort. C'était une question de minutes.
Racontez...
C'est arrivé ici, dans mon bureau d'entraîneur. Tout à coup, j'ai ressenti une douleur incroyable ici (il montre sa poitrine). Plus tard, on m'a dit que l'artère principale, celle qui mène au cœur, était bouchée à 99,9%. Heureusement, mon assistant José Sinval est arrivé juste après. Il m'a immédiatement conduit chez un cardiologue. Nous sommes ensuite allés directement en salle d'opération.
Dans quelle mesure un tel incident change-t-il la façon de voir la vie?
Cela change beaucoup de choses! En particulier, je ne m'énerve plus autant pour des futilités.
Avez-vous cherché les raisons de cet arrêt cardiaque?
C'est probablement un mélange. Un peu de génétique. Mon père en avait déjà eu un. En plus, je fumais.
Beaucoup?
Beaucoup. J'ai arrêté le jour de l'opération d'urgence. Surtout à cause de la violence de la douleur, que je n'avais jamais ressentie auparavant. On a l'impression que la poitrine est enfermée dans un étau et qu'elle est comprimée des deux côtés.
Revenons au début de la conversation. Et à cet «amour fou», comme dit le Français, entre lui, Tholot, et Christian Constantin. Il semble y avoir un lien qui a quelque chose d'irrationnel. C'est Tholot qui, après le retour du Valaisan à la présidence du FC Sion en 2003, est devenu entraîneur-joueur en LNB, alors que le patron du club se battait juridiquement pour ne pas être relégué de force en première ligue. Au début, Tholot avait sept joueurs à l'entraînement à Martigny-Combe. Christian Constantin a gagné sa folle bataille - et Sion est entré dans le championnat fin octobre. Par la suite, Tholot a été deux autres fois entraîneur de Sion. Avec 604 jours consécutifs, il détient le record de longévité sous la présidence de Christian Constantin. L'été dernier, il est revenu pour la troisième fois en Valais.
Comment cela s'est-il passé fin juin?
J'ai toujours eu des contacts réguliers avec Christian. Il m'avait déjà demandé trois fois si je voulais revenir. À l'époque, ça ne collait pas. Là, c'était parfait. Au bout de trois minutes, j'ai accepté.
Quelle magie y a-t-il entre vous?
Nous sommes tous les deux des fils d'ouvriers. Nous avons beaucoup de respect l'un pour l'autre et des valeurs similaires pour le travail. Si ça marche, tant mieux. Si ça ne marche pas, on se sépare. C'est aussi simple que ça. Sans théâtre. Nous nous sommes toujours quittés en bons termes.
Et pourtant: aucun autre entraîneur n'a tenu 604 jours avec CC.
Nous nous parlons au moins trois fois par semaine. L'échange est régulier. Je lui dis quand un entraînement a été nul. De manière ouverte et honnête.
Didier Tholot est né le 2 avril 1964 à Feurs, dans la Loire, et a donc fêté son 60e anniversaire il y a moins de quatre semaines. L'attaquant, qui ne mesure que 1,72 m, a appris le football à l'académie nationale de Vichy, aujourd'hui dissoute. Il joue entre autres pour Reims, Saint-Etienne et Bordeaux (avec Zinédine Zidane) en Ligue 1, y dispute 235 matchs et marque 53 buts. En Suisse, il évolue pour Sion, le FC Bâle, YB et Vevey, où il occupe son premier poste d'entraîneur-joueur. En LNA, il marque 35 buts en 110 matchs. En 2003, il devient entraîneur-joueur du FC Sion en LNB. En France, il entraîne Reims, Châteauroux, Bastia, Nancy et Pau. Entre-temps, il dirige trois autres fois le FC Sion, avec lequel il remporte deux fois la Coupe. Il est marié pour la deuxième fois et a deux fils (âgés de 36 et 30 ans).
Didier Tholot est né le 2 avril 1964 à Feurs, dans la Loire, et a donc fêté son 60e anniversaire il y a moins de quatre semaines. L'attaquant, qui ne mesure que 1,72 m, a appris le football à l'académie nationale de Vichy, aujourd'hui dissoute. Il joue entre autres pour Reims, Saint-Etienne et Bordeaux (avec Zinédine Zidane) en Ligue 1, y dispute 235 matchs et marque 53 buts. En Suisse, il évolue pour Sion, le FC Bâle, YB et Vevey, où il occupe son premier poste d'entraîneur-joueur. En LNA, il marque 35 buts en 110 matchs. En 2003, il devient entraîneur-joueur du FC Sion en LNB. En France, il entraîne Reims, Châteauroux, Bastia, Nancy et Pau. Entre-temps, il dirige trois autres fois le FC Sion, avec lequel il remporte deux fois la Coupe. Il est marié pour la deuxième fois et a deux fils (âgés de 36 et 30 ans).
Mais en matière de tactique, il veut quand même avoir son mot à dire, non?
Non, jamais! De plus, c'est lui qui m'a proposé de devenir entraîneur. Et m'a ensuite offert cette opportunité. Je dois lui en être éternellement reconnaissant. La boucle est bouclée.
Quels paramètres devaient être remplis pour que vous acceptiez?
Je veux une carte blanche dans le domaine sportif. Cela a toujours été le cas. Christian le sait. Je n'ai même pas eu besoin de le dire. C'est pourquoi je n'avais qu'une seule condition.
Et c'était?
Je ne voulais pas de Mario Balotelli.
Pourquoi?
Je ne peux pas travailler avec un type qui s'entraîne une fois par semaine et qui ne prend pas son travail au sérieux.
Mario Balotelli a été l'une des principales raisons de la relégation de Sion.
Absolument. Un tel joueur entraîne avec lui une liste sans fin de problèmes. On ne peut pas laisser les clés de l'équipe entre les mains d'une personne qui ne respecte pas le groupe. Le football est un sport collectif. Mon équipe actuelle n'est pas la plus talentueuse. Mais notre état d'esprit est bon. La volonté collective est là.
Sera-t-elle suffisante pour battre Lugano après YB?
Ce sera très difficile. Lugano est dans une très bonne dynamique, contrairement à YB en quart de finale. On les a pris au bon moment, quand ils étaient en train de douter. Mais chaque équipe a ses faiblesses.
Cette fascination autour de la Coupe ici en Valais, l'avez-vous aussi vécue en France?
Pas du tout ! Je n'ai jamais été en finale en tant que joueur. La plus grande émotion était une demi-finale avec Saint-Etienne. C'est ici en Valais que j'ai découvert l'importance de la Coupe.
Et vous êtes tout simplement Monsieur Coupe de Suisse. Vous avez gagné 15 de vos 17 matches de Coupe avec le FC Sion. Contre qui étaient les deux défaites?
Je ne m'en souviens plus. Les défaites s'oublient... Je crois que c'était une demi-finale et une fois contre un club de ligue inférieure*.
(*Contre le FC Zurich en 2016 en demi-finale et Thoune en 2009 au deuxième tour).